Tout d’abord, notons que la profession de juriste d’entreprise affiche une grande satisfaction professionnelle : "90% des directeurs juridiques manifestent un vif intérêt pour leur poste et 95 % valorisent leur autonomie et les responsabilités qui leur sont confiées. Ce goût pour l’autonomie et la responsabilité est partagé par les responsables juridiques (92 %) et les juristes (84 %)". Cet état de confiance professionnelle s’entend notamment par la conscience qu’ils ont de leur position dans l’entreprise. Ce que Laure Lavorel, présidente du Cercle Montesquieu, confirme : « leur vision holistique des problématiques leur permet souvent d’adresser une question sous tous ses angles. Il est fréquent que nos juristes soient choisis comme chef de projet des projets transverses ».
La population des juristes d’entreprise vieillit avec un âge médian dorénavant de 40 ans. 53% d’entre eux ont plus de 40 ans. Mais compte tenu du fait qu’ils inscrivent leurs carrières sur la durée, la répartition est équilibrée selon les tranches d’âges.
De même, elle se féminise toujours plus car les femmes représentent 68% des juristes d’entreprise en 2019, contre 56% en 2009. Dans la tranche de moins de 30 ans, elles sont même plus de 81% contre 71% en 2008. Chez les plus de 55 ans, cela baisse à 53%.
Concernant le cursus, il s’avère que la durée des études s’allonge, rendant le Master 2 très majoritaire à 76%. Notons que les profils de doctorants et docteurs représentent encore seulement 1%, sans changement depuis 2015. Enfin, les profils avec doubles formations sont de plus en plus courants : 37% des juristes déclarent posséder un diplôme dans des domaines tels que l’économie, la gestion, l’histoire, la sociologie, etc.
La passerelle entre les professions d’avocat et de juriste d’entreprise est de plus en plus empruntée : + 5 points en 5 ans pour s’établir à 24% en 2019. « Cette capacité à exercer la profession d’avocat est perçue par leurs titulaires comme un degré supplémentaire dans le cursus des juristes d’entreprise. » La plupart fait la traversée après 3 à 8 ans d’expérience, et ce sont davantage des femmes. L’étude pointe un « phénomène générationnel » car après 45 ans, le diplôme du CAPA est moins présent, tout comme chez les juristes de moins de 30 ans.
En ce qui concerne leur positionnement dans la direction juridique, les "juristes-avocats" se retrouvent surtout dans les fonctions de directeur/directrice juridique et responsable juridique (31% et 28%) contre seulement 18% chez les juristes. L’étude donne ainsi un poids certain au cumul des années d’expérience en tant qu’avocat, au moment du recrutement. Par ailleurs, la taille de la structure a son importance car « pour les entreprises totalisant plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, la proportion d’avocats est de 28% » tandis qu’ils ne sont que 17% quand l’entreprise totalise entre 1 et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Également, la reconversion est plus facile dans les entreprises cotées (28% d’avocats) que dans les non cotées (21%).
Dans ce contexte de grève, il est intéressant d’observer que la pratique du télé travail est nuancée chez les juristes : 31% des professionnels en poste la pratiquent, mais généralement pour un jour par semaine. 33% des femmes y ont recours, soit 6 points de plus que les hommes. Et selon la taille de l’entreprise, les résultats varient aussi avec 38% de juristes qui font du télé travail quand le chiffre d’affaires est à plus de 10 milliards d’euros contre 25% quand le chiffre d’affaires est entre 1 et 10 millions d’euros.
Les juristes spécialistes ont le vent en poupe : + 3% en 4 ans, même si les généralistes restent majoritaires à 53%. La spécialité la plus courante est le droit des contrats à 13% tandis que dans le bas du classement, on note la présente de la conformité, une place qui peut surprendre étant donnée l’importance qu’elle prend de plus en plus.
- Évolution du salaire moyen par fonction (2015 et 2019)
Les salaires des juristes sont en croissance avec une augmentation médiane comprise en 2% et 3% en 2018-2019. La part des juristes n’ayant pas remarqué d’augmentation sur les douze derniers mois baisse quant à elle, passant de 26% à 22%, « ce qui reflète une meilleure gratification de la profession du droit en entreprise ».
Pour calculer l’augmentation, plusieurs indicateurs différents sont utilisés, mais la performance individuelle reste le critère clef pour 25% des juristes. Les fluctuations dans le processus d’évaluation sont principalement corrélées à la taille de des entreprises : pour les plus petites, l’augmentation se fait à la discrétion de l’employeur à 37%, tandis que la même proportion de juristes dans les grandes entreprises est évaluée sur leurs performances.
Enfin, concernant les différences de rémunérations Femme/Homme, si elles demeurent (écart entre 10% et 14%), on note une amélioration grâce notamment aux chartes de responsabilité sociale et aux réglementations successives. Cette évolution est plus particulièrement visible concernant les nouveaux juristes "en 2019, pour un premier emploi, avec expérience de moins d’1 an, le salaire moyen annuel pour une femme juriste est de 36.630 euros contre 36.100 euros pour un homme". Néanmoins, l’étude nuance les résultats car on remarque que l’âge avançant, les moyennes des salaires par genre s’éloignent et fluctuent beaucoup. La convergence des salaires bénéficie ainsi aux plus jeunes.
Source et images : AFJE.