En effet, inspirée par l’étude de Framingham, qui dure depuis 1948 aux Etats-Unis et a pour objet de collecter des données sur les maladies cardiaques, la société Google a pris l’initiative de lancer sa première étude à long terme dans le but de mesurer l’équilibre vie professionnelle-vie privée de ses salariés.
L’objectif a court terme semble être celui de former de meilleurs « leaders », de garder les employés productifs pendant une plus longue période et de mesurer comment le travail impacte la vie privée et à l’inverse, comment cette dernière a une influence sur la vie professionnelle.
Ainsi, 4.000 salariés de Google ont été choisis au hasard, leur participation étant optionnelle et les résultats anonymisés. L’étude menée par Brian Welle et Jennifer Kurkoski consiste donc en deux enquêtes annuelles menées auprès de ces salariés et portant sur des éléments de leur personnalité, l’évolution de leur attitude respective, leurs projets, les relations entretenues avec leurs collègues et la délimitation effectuée entre la sphère privée et la sphère professionnelle.
Si la société Google souhaite poursuivre son étude pendant un siècle – et ceci n’est pas une façon de parler – des résultats apparaissent déjà après deux années écoulées.
Il ressort que deux « populations » distinctes de salariés se démarquent : les « segmentateurs », seulement 31% des participants, tirent facilement un trait sur le travail une fois rentrés chez eux et les « intégrateurs », à savoir 69% des personnes, ne parviennent pas à séparer leur vie privée et professionnelle, ce qui nuirait à leur bonheur et ipso facto à leur productivité.
Face à ces résultats inquiétants, beaucoup espèrent que Google pourra créer un environnement qui permettra à ses employés de se déconnecter plus facilement du travail.
C’est d’ailleurs dans cette perspective que le géant de l’internet a initié une expérience à Dublin, lieu de son siège social européen, appelée « Dublin goes dark ». Le programme propose aux employés de la société de laisser leurs tablettes et smartphones professionnels à l’accueil avant de rentrer chez eux le soir.
Les témoignages semblent édifiants. La plupart des personnes interrogées par la suite admettent avoir passé une soirée dépourvue de stress et plus agréables que d’ordinaire.
Ce premier essai positif qui a pour effet direct de donner une meilleure image de Google dans ses relations avec ses employés ne peut pourtant pas suffire à faire passer cette société pour l’entreprise idéale.
Sa volonté d’accroître le sentiment de bonheur de ses employés n’est probablement qu’une manœuvre pour augmenter leur productivité et rendement. En effet, cette attitude cache un management fondé sur la performance, où tout est rationalisé et analysé dans des tableaux.
Tenter d’influer sur le bonheur (et donc la productivité) des salariés en se fondant sur des croisements de données participe encore à cette théorie. Reste alors à attendre les prochains résultats de cette étude pour savoir si les efforts de la société Google se révèlent utiles… et selon quel point de vue !
Discussion en cours :
À diffuser trés certainement à grande échelle auprès de toutes les entreprises, â des niveaux hièrarchiques les plus variês et surtout le management des ressources humaines.
Nous sommes revenus à l’époque des Temps Modernes, tel qu’il illustré par Charlie Chaplin, seul l’ outil ayant changé....
merci Alexandra pour cet article trés édifiant quant à notre addiction grandissante et plus ou moins forcée.
Kristina, juriste d’ entreprise.