Juristes junior : mettez en avant votre bagage académique.
Le juriste junior [1] a par définition peu d’expérience. Il faut donc mettre en avant sa formation et ses acquis, en le plaçant au début de son CV. « Il faut mettre en avant le potentiel immédiat du candidat et son bagage académique, avec le niveau de son établissement, un éventuel parcours à l’international, son niveau de spécialisation, nous explique Sophie Hauret, manager chez le cabinet de recrutement Robert Half. Et puis bien évidemment, préciser la première ‘école entreprise’ ».
L’entreprise où le juriste a effectué ses premières armes a évidemment du poids, démontrant les conditions dans lesquelles le juriste a appliqué la théorie acquise durant ses études. « Le premier employeur est très important. Il faut donc préciser le service dans lequel on a travaillé et le niveau de rattachement à la hiérarchie. Cela permet de démontrer à l’employeur potentiel que le candidat a été très vite sur les rails, en étant bien entouré, et qu’il a pris très de bonnes habitudes ». L’alternance représente d’ailleurs un atout sur le CV d’un juriste qui débute.
Grosse ou petite structure, il faut savoir mettre en avant ses connaissances pour démontrer que sa formation est adaptée au poste. « Un candidat junior qui a une expérience plus axée sur le terrain ne prétendra pas aux mêmes types de fonction qu’un autre candidat junior qui aurait fait ses premiers pas dans une très grande entreprise ».
L’avantage d’un junior ? Sa capacité d’adaptabilité au poste. Il n’est pas encore "façonné", déterminé à une fonction ou à un environnement. Son handicap ? Le manque d’expérience. Un cercle sans fin puisqu’il ne peut pas acquérir d’expérience s’il n’en a pas l’occasion. Il faut donc être stratégique dans les dépôts de candidature. « Le junior doit s’attacher à démarcher des employeurs qui ont envie de miser sur des jeunes collaborateurs et qui ont les moyens de les former. Dans ce cadre-là, l’embauche d’un junior est un rapide retour sur investissement : il n’est pas encore très gourmand en matière de rémunération, très vite opérationnel et il peut être formaté à un modèle d’organisation ».
Juristes expérimentés : mettez en avant la progression de votre carrière.
Du côté des juristes plus expérimentés [2], ce qui compte, en plus de l’expérience, c’est la progression de carrière. « Lorsque le candidat a deux ou trois expériences à son actif, il doit impérativement démontrer qu’il a évolué dans sa carrière professionnelle, et très vite » précise Sophie Hauret. Le poste auquel il postule doit d’ailleurs constituer une nouvelle étape dans sa carrière. « La lecture du CV doit permettre de projeter le candidat vers un type de poste, dans un type d’environnement. Pas forcément dans le même secteur d’activité, mais dans une même typologie d’environnement : un environnement à très forte croissance, très industriel, ou très international. Il faut qu’il y ait une évolution du rayonnement dans son domaine de compétence et qu’on le voit progresser par rapport à ce pan de spécialisation ».
Et ces éléments doivent immédiatement apparaître sur le CV : tout doit tenir en une page. « Montrer la progression ne signifie pas faire un listing de ses tâches quotidiennes. On organise, on hiérarchise, et surtout on ne dit pas tout. On évite toutes les informations qui n’ont pas de valeur ajoutée. Un CV est un résumé des moments forts d’une carrière ». Le candidat doit démontrer son niveau de performance et de réussite dans ses précédents postes, « avec des données et des résultats chiffrés ». Et toujours, mettre en avant les atouts qui vont différencier sa candidature des autres, notamment sur les soft skills : « Il faut valoriser ses compétences à travers d’autres éléments : le leadership, le niveau des interlocuteurs, la gestion de projet, … Démontrer que l’on est capable de communiquer sur ses compétences au delà de sa cellule juridique ».
Coût versus expérience : la rivalité entre junior et senior.
En principe les juristes juniors et les plus expérimentés ne se rencontrent pas puisqu’ils ne candidatent pas aux mêmes postes. Mais pourtant, une certaine rivalité peut naitre, selon la politique qui est menée par l’employeur. Car si le juriste est expérimenté, il est aussi plus cher. Certaines sociétés peuvent donc privilégier le coût à l’expérience. « Dans un contexte économique un peu tendu, les employeurs regardent beaucoup le prix, confirme Sophie Hauret. Par rapport à une personne qui a déjà un peu d’expérience, si l’entreprise n’a pas de budget, elle peut préférer recruter quelqu’un qui en a un peu moins, pour éviter aussi de frustrer la personne au niveau de la proposition financière ». Avec le risque qu’une fois en poste, le nouvel employé se retrouve rapidement submergé.
Risque encouru également par le juriste expérimenté, car l’employeur s’attend à ce qu’il soit immédiatement opérationnel. « Le juriste doit alors être dans une logique de responsable, même si ce n’est pas dans l’intitulé de son poste. Il doit être légitime et pouvoir être une autorité de compétence dans ses fonctions. Et si ce n’est pas directement pour manager d’autres juristes, c’est pour porter des messages auprès des opérationnels, développer sa clientèle en interne et le faire avec beaucoup d’autonomie ». L’employeur estime qu’un juriste expérimenté n’a pas besoin d’être formé à son nouveau poste, ce qui est une erreur. « On investit peu sur la période d’intégration, sous prétexte que la personne est déjà expérimentée, et parfois on va droit dans le mur ».
L’erreur à ne pas commettre : oublier de modifier le titre de son CV.
Un détail à ne pas négliger, que l’on soit juriste junior ou expérimenté : faire attention au titre de votre CV. Reprendre le titre de l’annonce n’est pas une bonne solution s’il ne correspond pas à votre profil ou à votre niveau de compétence, comme le souligne Sophie Hauret : « Il faut savoir quel est son niveau de compétence, quelle est sa valeur ajoutée. Et s’il y a un décalage entre ce que l’on est et ce que l’on prétend vouloir devenir, il faut l’assumer ».