Ce colloque a eu lieu dans le cadre d’une recherche financée par la mission Droit et justice du ministère de la Justice, recherche sur les pratiques innovantes de formation professionnelle du droit, ou "comment se diriger vers un nouveau modèle". Et c’est justement le sujet que nous vous présentons ici.
Nous avons choisi de vous présenter deux interventions en vidéo, dont voici la seconde [2], celle d’Émilie Rebourg, Avocat collaborateur au sein du Cabinet d’avocats Mauduit Lopasso Goirand & Associés (barreau de Toulon), docteur en droit, chercheur FMSH.
Retour d’expérience sur les outils de l’avocat connecté...
Village de la Justice : Pour vous Avocate, les technologies améliorent-elle "simplement" votre quotidien, ou cela va-t-il plus loin en vous permettant un "nouveau quotidien" plus inspiré ?
- Emilie Rebourg en pleine conférence mixte sur place et à distance, détaillant les technologies du quotidien pour l’avocat.
Émilie Rebourg : "Ces nouvelles technologies améliorent effectivement mon quotidien d’avocat ! Internet est un outil capable de faciliter ce que j’ai appelé les activités d’administration, de conseil et de contentieux. C’est un gain de temps et d’argent incontestable.
C’est aussi une économie d’espace évidente. La dématérialisation des procédures, la gestion électronique des documents ou encore la gestion collaborative des dossiers sont nécessairement importants en terme d’efficacité du cabinet, notamment en matière d’urbanisme ou de construction par exemple, où les documents sont particulièrement volumineux (Plans locaux d’urbanisme, Schéma de cohérence territoriale, Permis de construire et d’aménager, plans divers….).
C’est enfin un grain d’efficacité avec les recherches en ligne, l’écriture d’acte collaborative, la dématérialisation des procédures. Je constate dans mon travail au jour le jour à quel point Richard Susskind dans son livre "The End of Lawyers ? : Rethinking the Nature of Legal Services", publié aux Oxford University presse en 2008 avait raison : "Autant que les IT sont concernées, dans une certaine mesure, beaucoup ou tout de ce que les avocats font peut être entrepris plus rapidement, moins cher, plus commodément et d’une façon moins rébarbative par ces systèmes que par le travail conventionnel" [3] .
Bref, les nouvelles technologies amènent une plus grande efficacité dans ma pratique professionnelle qui veut dire aussi un meilleur service pour mes clients et pour le service public de la justice.
Et ces nouvelles technologies me permettent aussi de transformer mon quotidien d’avocat ! Les nouvelles technologies permettent de modifier l’exercice quotidien de la profession d’avocat pour l’adapter aux évolutions sociales et économiques. Richard Susskind annonçait dans son livre au titre provocateur "La fin des avocats". De fait, de nouveaux acteurs concurrents émergent et le marché du droit se libéralise. Experts comptables, notaires, startup du droit, plateformes en ligne de résolution des litiges... bouleversent le "marché" de l’avocat.
Sans faire de scénario catastrophe, je pense que la réflexion autour de l’avenir de la profession d’avocat doit être faite par chaque avocat ! "
Village de la Justice : Est-ce seulement une affaire de technologies ?
Émilie Rebourg : "En réalité Susskind invitait les avocats a utiliser les nouvelles technologies en affirmant "le futur des avocats pourra être prospère ou désastreux". Premier exemple, celui de la démarche marketing et commerciale des avocats : plus de 9 millions de recherches sont effectuées chaque année sur le site pagesjaunes.fr pour trouver un avocat. Le chiffre seul est convainquant de la nécessité pour un avocat d’être présent sur le net.
En outre, je vous rappelle que la loi Hamon du 17 mars 2014 a autorisé la sollicitation personnalisée. Le Conseil d’Etat dans un arrêt du 9 novembre 2015 a annulé l’interdiction faite à l’avocat de faire sa publicité par « voie de tracts, affiches, films cinématographiques, émissions radiophoniques ou télévisées ».
Second exemple, celui des nouveaux services offerts par les avocats à leurs clients grace aux nouvelles technologies. Je mène actuellement une réflexion afin de proposer aux entreprises notamment de nouveaux rapports de travail.
Bref, plus d’avocat sans nouvelles technologies ! "
Regardons maintenant avec grand plaisir l’intervention d’Émilie Rebourg sur les outils qu’elle utilise au quotidien...
Première partie sur la prise en compte du quotidien des professionnels dans la formation, seconde partie (4ème minute) sur l’ensemble des outils du quotidien de l’avocat :
Discussions en cours :
J’ai écouté avec grand intérêt l’intervention de notre confrère, Maître REBOURG et reste, finalement, extrêmement déçu.
Je n’ai strictement rien appris sinon que les avocats pouvaient utiliser un logiciel métier ! Avec cette précision qu’aurait dû apporter notre confrère tenant au fait que, d’après la littérature, ces logiciels métiers ne sont utilisés qu’à 10 % environ de leur capacité pour voir leur utilisation cantonnée bien souvent au simple traitement de texte.
Rien n’est dit sur le traitement des statistiques, pourtant, aujourd’hui, essentiel tant au niveau de la productivité et donc de la rentabilité (temps passé), de la clientèle (nombre de dossiers enregistrés et comparatifs N -1 et N -2 ; nature et composition de cette dernière) de la comptabilité (facturations, règlements, encours), de la prospective etc....
Pas plus d’ailleurs que sur le problème majeur auquel nous somment tous confrontés : la gestion du temps… alors que les statistiques démontrent que sur 2300 heures annuelles travaillées effectivement par l’avocat, n’en sont facturables qu’un millier:or, l’outil informatique peut nous aider dans d’énormes proportions à gérer ce temps si précieux
Une intervention donc dans l’ensemble extrêmement décevante et superficielle alors pourtant qu’il y a tant à dire sur l’intrusion des nouvelles technologies dans l’exercice quotidien de notre métier !
Intrusion généralement très bénéfique à condition de savoir la gérer intelligemment
.À la décharge de notre confrère..... erreur de casting : il est précisé dans la présentation de ce colloque que notre confrère est collaboratrice au sein d’un cabinet.Elle n’est donc évidemment pas la mieux placée pour apprécier l’importance des nouvelles technologies dans l’exercice quotidien du métier d’avocat, surtout s’il s’agit d’une structure d’une certaine importance !
Bonjour,
Ne soyez pas si dur(e) Camille, il s’agit d’un colloque de quelques minutes de présentation ; qui peut prétendre tout montrer / tout dire en si peu de temps sur un sujet ?
Il y a encore beaucoup de choses à dire, et il y en aura toujours ; nous vous invitons donc à partager votre expérience en écrivant vous aussi sur Le Village.
Dernier point que nous aimerions souligner : tout le monde n’a pas le même usage / expérience avec l’informatique, certains ne savent pas encore utiliser tout ce qui est présenté ici, loin de là... D’autres sont plus avancés en expérience, mais il y a quand même plus de 60.000 avocats, et des nouveaux chaque année, n’oublions personne en route ;-)
En résumé : nous sommes impatients de vous lire sur les sujets que vous abordez (traités de-ci de-là sur Le Village, mais toujours à approfondir), en effet importants.
Je souhaite réagir sur l’article d’Emilie Rebourg concernant les outils connectés des avocats.
Contrairement au commentaire posté par Camille, je trouve au contraire que cette intervention était intéressante et que cela décrit très bien la solitude de certains avocats (et de bien d’autres métiers) face à l’évolution si rapide des nouvelles technologies...
Je rejoins cette idée d’intégrer des notions de gestion et de technologies dans les programmes de formation métier, malgré le fait que nous n’aurons plus de travail !
En effet, nous sommes une société de conseils et de services informatiques qui accompagne de nombreux cabinets d’avocats depuis plus de 10 ans. Nous rejoignons cette idée que trop de chefs d’entreprise perçoivent encore les nouvelles technologies comme un frein et non comme un accélérateur de productivité... A suivre !