Village de la justice : Stefen Simon, dans la dernière étude de rémunération Hays, des termes "très actifs" sont employés pour décrire le métier de juriste en 2015 : Il s’agit de "sécuriser le business", "d’anticiper les risques...".
Est-ce à dire que le juriste est désormais pleinement reconnu comme un vrai manager de l’entreprise, et plus seulement comme une fonction support ?
Stefen Simon : Complètement. Nous sommes dans un cycle qui positionne clairement le juriste en amont, en comparaison avec les cabinets d’avocats prestataires de l’entreprise, qui arrivent eux "en aval" le plus souvent. Le juriste "anticipe, participe", il est au coeur de l’action de l’entreprise, et plus seulement en bout de chaîne.
Le rôle de Manager du juriste est réel, mais il faut distinguer le Manager d’équipe et le Manager de projet, cas le plus courant chez les juristes. En effet les équipes juridiques sont souvent réduites en effectifs, il y a donc dans ce métier davantage de management de projet.
Ce qui en découle en terme de recrutement, c’est la recherche de compétences comportementales, pour avoir un discours clair et précis qui permet d’échanger avec les opérationnels qui participent aux projets. Grâce à sa connaissance de l’entreprise de l’intérieur, le juriste doit être pertinent plus en amont qu’auparavant (avant les problèmes à résoudre). Ce qui est une différence forte avec les avocats externes.
VJ : Justement, on a l’impression dans les annonces publiées chaque jour sur le Village que les profils d’avocats sont plus demandés dans les recrutements en entreprises qu’auparavant, voire qu’ils prennent la place des juristes sans le CAPA. Que reste-t-il aux juristes de formation classique ?
- Stefen Simon, Manager RH et Juridique chez Hays
Stefen Simon : C’est en effet fréquent. La Direction juridique qui recrute ainsi se rassure sur les compétences techniques du candidat recruté en s’appuyant sur la formation complétée de stages opérationnels en cabinets.
La formation d’avocat permet d’avoir une vison technique éprouvée car elle est variée et complète, c’est donc un vrai fondement.
Mais le recrutement dépend beaucoup de qui recrute et pourquoi. Il y aussi la demande inverse, de ne pas recruter d’avocats, par peur de mauvaises intégrations ou de non proximité avec les équipes internes dans d’autres directions.
Les deux formations ont leurs atouts !
VJ : Quel est votre avis sur les perspectives du recrutement juridique à 12 mois ?
Stefen Simon : La tendance est toujours d’avoir deux à trois ans d’expérience, par stages ou courtes expériences, avant d’envisager un recrutement à long terme. L’accès au premier emploi est donc encore difficile en "niveau junior".
Plus globalement, nous sommes dans une "tendance raisonnée" : les fonctions RH et juridiques ont la particularité d’être des marchés peu "élastiques" par rapport à l’activité économique, c’est-à-dire sans extrêmes à la hausse ou à la baisse, et aujourd’hui nous sommes dans une légère reprise.
A court terme, la plus forte demande est dans les services réduits de 1 à 3 juristes (ETI, entre 300 et 3000 personnes). La tendance y est positive, avec une recherche de profils de juristes polyvalents, prêts à se saisir de tous dossiers.
Les grands groupes recrutent très peu actuellement en juridique, à part des juristes contrats internationaux qui ont le vent en poupe.
VJ : Quels sont les canaux de recrutement aujourd’hui ?
Stefen Simon : Pour le principal, par annonces pour les postes nécessitant 3 à 8 ans d’expérience. Au-delà c’est du "marché caché" : évolutions internes, chasse de tête ou réseaux. Les réseaux sociaux sont aussi utilisés pour des recherches ciblées.