Finalement, la seule chose qu’a changé cette réforme, c’est l’intensification des appels des régies publicitaires de la presse grand public pour inciter les avocats à prendre des insertions publicitaires à des prix parfaitement démesurés pour la plupart des cabinets de taille moyenne et mal adaptées aux besoins des cabinets d’affaires financièrement plus solides.
Pas de révolution en vue, donc. Seules nouveautés notables : l’élargissement du recours à la publicité, qui devient autorisé de principe, et la possibilité désormais ouverte aux avocats de faire de la sollicitation personnalisée. La réforme s’attache surtout à sécuriser le champ d’intervention des avocats en retravaillant les sanctions autour du démarchage juridique qui reste prohibé. Mais si cette réforme peut apparaître comme mesurée voire manquant d’ambition, c’est parce qu’elle est issue d’un compromis, représentant tous les types de cabinets et tendances de barreaux, des plus frileux aux plus innovants. Un compromis un peu tiède, peut-être salvateur pour la profession.
Dignité, loyauté, discrétion et délicatesse restent la pierre angulaire de toute action, conduite par les avocats, qu’elle soit à visée de communication ou non. Ces principes continueront à être de mise, quels que soient les nouveaux outils mis à leur disposition. Et les ordres exerceront toujours un pouvoir de contrôle a posteriori sur ce point.
Certaines dérives, déjà connues outre-Atlantique (sollicitation téléphonique tout azimut, publicité destinée au grand public et mal ciblée…) ne feraient qu’écorner l’image de la profession.
Il est important que la profession d’avocats s’arme et affronte la concurrence féroce qui fait rage sur le marché du droit, que les institutions représentatives se décident à parler d’une même voix ferme et claire pour défendre les intérêts de la profession, néanmoins il n’est pas indispensable que chaque avocat se lance dans sa propre promotion bas de gamme, qui pourrait nuire à tous.
Une réforme timide et raisonnable, mais qui a pour vertu d’avoir remis la communication des avocats au centre des débats.
La communication des avocats se doit de rester mesurée, au regard des textes mais surtout au regard de ce qu’est le métier. La matière première des avocats reste leur matière grise. Ils proposent un service intellectuel à forte valeur ajoutée. Ce service, comme souvent dans les métiers de conseil, ne peut pas se vendre comme n’importe quel produit. C’est l’expertise qui doit être valorisée et non un produit brut, avec comme axe majeur des actions de relations publics (événements et conférences, media et nouveaux media, publications, formations…) valorisant davantage le contenu, plus que de simples investissements, petits ou exhorbitants, dans des insertions publicitaires. La communication de masse, au delà de son coût, pourrait être dangereuse pour le cabinet qui y recourt mais aussi écorner l’image de l’ensemble de la profession.
Mais « pas de communication de masse » ne signifie pas « pas de communication du tout ». Et c’est en cela que la réforme, même timide, a été bien construite.
Bien utilisée avec des stratégies affutées et des outils bien pensés, la communication peut être une arme redoutable et même indispensable pour assurer à son cabinet une belle visibilité, une image cohérente et un développement régulier.
Une arme dont aucun cabinet ne peut réellement se passer.