Un certain « Vous avez dit Bond, James Bond ? » lancé au micro telle une balle à tête chercheuse par un homme au pistolet d’or, contradicteur émérite de son état, résonne encore dans nos méninges et nous rappelle à l’envi que tuer n’est pas jouer.
L’ironie du commentaire ne faisait pas que poindre, elle était pleinement assumée face à l’entourloupe fantasmée de l’animateur rhabillé, pour l’occasion, d’un costume de bonimenteur.
La réponse polie, rien que pour vos yeux, consista à minimiser nos propos, mal exprimés ou mal compris, en remémorant au quidam ayant tenté l’opération tonnerre la spécificité du métier puisée dans son caractère multidisciplinaire et dont la première conséquence est le positionnement omniprésent du professionnel.
Pas d’omnipotence ni d’omniscience en revanche puisque, si les spécialités du Contract Manager sont diversifiées (c’est là sa force et son originalité), la profondeur de son expertise pour chaque domaine gravé dans le marbre de sa fiche de mission est nécessairement limitée.
Et la présence sur le terrain permet à tout un chacun de mesurer lesdites limites au plus tôt dans l’avancement d’un cycle contractuel.
Intervenir partout, tout le temps, sur chaque front, en sécurisant tout en optimisant, en chargeant tout en facilitant : Oui !
Penser savoir-faire « à la place de » sous prétexte d’une vision certes transversale et globale du cycle au point d’en oublier la technicité extrême des disciplines clés telles que la gestion de projet, la pratique financière, l’ingénierie contractuelle ou la connaissance juridique : Non !
Nullement James Bond donc... quoique :
Il court beaucoup le Contract Manager, à vive allure, devant les risques en phase de création du cycle puis toujours un peu derrière eux en phase d’exécution, avec le doux espoir de les rattraper. Et, ne disposant pas de l’atout capillaire toujours impeccable de la célébrité du MI6, la course aux menaces décoiffe.
En débarquant sur un projet parmi les acteurs opérationnels tenus de livrer ce qui a été exagérément vendu, notre virtuose des cycles complexes est davantage affublé du titre d’œil de Moscou (les bons baisers de Russie en moins) que d’espion qui m’aimait.
Et si tous deux procèdent dangereusement vôtre, le Contract Manager réussit son cycle ou le rate, c’est aussi simple que cela. Tout le monde n’a pas la chance de « ne » vivre « que » deux fois.
En matière de processus et d’outils, ils font jeu égal ou presque. Si les gadgets de Q sont plus ergonomiques que nos fichiers Excel, les procédures internes strictement imposées par M ne valent pas nos bonnes pratiques au cadre clair et flexible.
Clairement, le monde ne suffit pas à ces deux égos et aucun martini (mélangé au shaker, pas à la cuillère) siroté au bar d’un casino royal à la fin d’une journée harassante focalisée sur une résolution de crise (les glissements de calendrier de la construction d’une centrale nucléaire pour l’un, la destruction de ladite centrale tombée entre les mains d’un oligarque malfaisant à l’accent slave pour l’autre) ne les réconciliera.
Match nul.
Prenons date et faisons le point plus loin dans le temps, lorsque le Contract Management aura fait la preuve, en France, de tout son potentiel d’optimisation de la performance d’entreprise et que le métier se sera structuré au point d’être reconnu comme une profession.
A ce stade, nul besoin de précipitation qui risquerait de galvauder le nom même de la fonction ou de faire surgir le spectre de modes dégradés (oui, on croit encore pouvoir s’improviser Contract Manager en se levant un matin ; comme si James avait appris à skier en regardant les jeux olympiques d’hiver sur sa montre connectée).
Le temps joue pour nous, d’autant que les diamants sont éternels et que demain ne meurt jamais.
En finir avec James Bond grâce au Contract Management.
Rédaction du village
1161 lectures 1re Parution: Modifié: 1 commentaire 3.06 /5
Il est commun, en sortie de table ronde ou de conférence organisée autour de la thématique du Contract Management, d’entendre du public (plus ou moins conquis) qu’à nous écouter nous tenterions de convaincre par pêché d’outrecuidance que le Contract Manager est un profil unique doté de super pouvoirs qui le place d’emblée au sommet de la chaîne alimentaire du petit monde carnassier des cadres de nos organisations mondialisées.
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Excellente analyse