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Label "Fait maison" : la cuisine du législateur manquerait-elle de finesse ? Par Martine Bloch-Weill, CPI.
Parution : samedi 13 septembre 2014
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Depuis le 15 juillet, un nouveau label a fait son apparition sur les cartes des restaurants.
C’est un logo représentant une casserole surmontée d’un toit ayant pour vocation d’indiquer au consommateur que le plat qu’il s’apprête à commander et à déguster a été cuisiné entièrement sur place à partir de produits bruts ou de produits traditionnels de cuisine.

Cette volonté d’information du consommateur s’inscrit dans une démarche actuelle de traçabilité d’une part et de valorisation du métier de cuisinier d’autre part et s’ajoute à d’autres labels récents tels que « restaurateurs de France » ou « maître restaurateur ».

Ce nouveau label concerne toutefois directement le plat et plus particulièrement le lieu de son élaboration et sa composition.

Et c’est là que la cuisine du législateur devient subtile lorsqu’il convient d’appliquer cette
nouvelle recette.

Nous citerons à titre d’exemple quelques ingrédients plus ou moins savoureux de ce décret n° 2014-797 du 11 juillet 2014 :

Or, par exemple, un produit est considéré comme brut même s’il est épluché. Toutefois la
pomme de terre ne peut être livrée épluchée pour être considérée comme un produit brut. Il
peut aussi être notamment haché, taillé, fumés, salé ou congelé….

La charcuterie peut entrer dans la composition des plats « faits maison » mais les pâtés en sont expressément exclus.

Les biscuits secs ou les pâtes feuilletées crues sont mentionnés comme pouvant aussi entrer dans la composition des plats bénéficiant de ce label mais les biscuits frais ou les pâtes sablées n’étant pas listés dans les produits autorisés, il convient d’en déduire qu’ils en sont exclus.

Il appartiendra donc au client de déduire que l’établissement choisi ne propose pas de produits faits maison en remarquant l’absence du label ou de la mention « faits maison ».

Rassurons-nous, il est prévu un délai jusqu’au 1er janvier 2015 pour se conformer à cette
nouvelle législation. Cela laissera un peu de temps aux inspecteurs de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes pour digérer ce décret et appliquer avec
gourmandise les dispositions du code de la Consommation concernant les pratiques commerciales déloyales.

Martine BLOCH-WEILL Associée/Partner REGIMBEAU www.regimbeau.eu [email->blochweill@regimbeau.eu]
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