Nicolas Guérin, Directeur juridique du groupe Orange, fut en 2013 candidat au prix de l’innovation en management juridique pour avoir mis en place un programme international de « Talent Sharing » au sein de la Direction Juridique. Il a obtenu le 3ème Prix du Jury.
Retour avec lui sur cette expérience, les évolutions de l’innovation et les nouveautés.

Que retirez vous de votre participation au prix ?

Une aventure enrichissante pour l’équipe qui a travaillé sur le projet et l’occasion de poser à plat ce que nous avions réalisé au cours des cinq dernières années. La préparation de la participation au prix nous a en effet permis de faire un bilan, d’interroger tous les acteurs du projet (participants, entités accueillantes, RH, Directeurs Juridiques) et de mettre en valeur le fait que le projet sur lequel nous avions mobilisé tant d’énergies était suffisamment novateur en terme de management pour être présélectionné au prix. Nous avons évidemment largement communiqué en interne sur notre participation, ce qui est toujours positif en terme d’image et de dynamique que nous cherchons à afficher dans le management de notre direction juridique.

Avec plus de recul, quels sont les principaux bénéfices de votre innovation ?

Le Talent Sharing permet de mettre en commun des énergies variées afin de faciliter la mise en cohérence de notre organisation : avec un groupe qui compte une Direction Juridique de près de 700 collaborateurs, il est essentiel de développer des outils qui permettent de dynamiser les échanges entre équipes mais aussi de faire comprendre aux juristes qu’ils font partie d’un groupe international et que ce groupe est une réalité. Dans le même temps, ce projet offre la possibilité à chaque juriste de partir dans un pays et de découvrir une autre culture, un mode d’organisation et une expérience juridique différents sur les dossiers, ceci est quelque chose d’extrêmement intéressant au plan du management car cela permet de récompenser, autrement que par le salaire, les efforts et la curiosité de certains tout en permettant à tous de se dire « si je veux partir pendant 3 mois à l’étranger et me challenger, je peux le faire », c’est essentiel d’avoir cette possibilité dans l’esprit de chacun de nos collaborateurs. Quand nous accueillons un juriste sénégalais ou russe dans nos équipes pour 3 mois, on peut vraiment se rendre compte de la richesse de notre entreprise en terme de variété de cultures et d’expériences, il eut été dommage de ne pas profiter de ces richesses en les laissant reposer dans chacun de nos pays.

Comment votre innovation a-t-elle évolué ?

En Février 2014 l’organisation de la Direction Juridique Internationale du groupe a évolué avec la mise en place d’une DJ résolument tournée vers le business et l’animation des filiales de nos pays. Ceci s’est traduit notamment par la décision de confier à cette direction juridique un rôle central dans l’organisation des Talent Sharing : d’un modèle où les juristes faisaient acte de candidature de manière isolée, il appartient désormais à cette Direction Juridique de détecter les besoins des pays, en identifiant les compétences recherchées, et de faire ensuite le lien avec les différentes directions juridiques du groupe qui sont susceptibles de fournir le bon profil : il ne reste plus ensuite qu’à vérifier la disponibilité des juristes concernés et de leur proposer la mission.

Avez vous mis en place une nouvelle innovation ?

La DJ Internationale Business a lancé une phase de test pour la mise en place de 6 « skill-centers » dédiés à l’étude de thèmes récurrents : l’idée ici était de prendre les thèmes business d’actualité pour Orange, ceux présentant un intérêt opérationnel important, et de réunir, via des conférences téléphoniques ou des visio conférences + une réunion annuelle, les juristes qui ont développé un savoir-faire dans le thème considéré avec ceux qui travaillent sur ces sujets de manière occasionnelle ou plus largement ceux qui sont simplement curieux d’en connaitre d’avantage. En faisant cela, la direction juridique Internationale cherche à récupérer des informations sur ce que font les pays sur les thèmes choisis, quel est le cadre réglementaire dans leur pays, leurs contraintes, comment ils ont traité les problèmes rencontrés, et de faire circuler ces informations via nos réseaux habituels. En conduisant ce test, la direction juridique a ainsi pu constater que certains pays avaient développé des positions simples et pragmatiques face à certaines problématiques, et que souvent le travail d’analyse d’une nouvelle offre ou le positionnement commercial d’un acteur avait déjà été analysé au plan juridique dans une filiale, ce qui permettait d’éviter aux autres pays de refaire le travail juridique sur ces mêmes sujets.
L’innovation ici vise à mutualiser l’intelligence créée par les directions juridiques tout en étant plus efficace : moins de travail sur ce qui a déjà été fait, moins besoin de faire appel à des conseils externes sur des thèmes déjà traités dans le groupe.

Rédaction du Village de la Justice