Village de la Justice www.village-justice.com

Ventes d’automobiles : stop à l’achat au comptant abusif. Par Yanis Mebtouche, Avocat.
Parution : mardi 6 octobre 2015
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/Ventes-automobiles-Stop-achat,20577.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Le secteur automobile est actuellement éclaboussé par le scandale Volkswagen qui a mis en lumière les pratiques illicites de ce célèbre constructeur pour tromper les contrôles anti-pollution dans différents pays dont la France. Dans ce contexte, il peut s’avérer utile de dénoncer une autre pratique de ce secteur d’activité, qui pénalise grandement le consommateur, la pratique de l’achat au comptant abusif.

Contrairement à une idée reçue, l’achat d’un véhicule neuf ne donne pas droit en principe à la possibilité d’une rétractation de la vente.

Ainsi, hors le cas du démarchage à domicile, seule la précision dans le bon de commande de la mention « achat à crédit » permet de bénéficier d’un droit de rétractation.

Or, acheter une voiture neuve chez un concessionnaire peut parfois entraîner de sérieuses déconvenues lorsqu’on est victime de la pratique abusive de l’achat au comptant forcé.

Cette pratique consiste pour le vendeur professionnel, lors de la rédaction du bon de commande, à faire apposer la mention « achat au comptant » sans indiquer la possibilité de mentionner l’achat à crédit affecté ou en faisant croire au consommateur que la mention « achat à crédit » signifie impérativement un achat à crédit constructeur alors qu’en réalité cette mention signifie uniquement l’achat du véhicule à crédit quelque soit l’organisme prêteur.

Par ce subterfuge moralement répréhensible et relevant juridiquement de la pratique dolosive, le consommateur désireux de solliciter un crédit à sa banque pour l’achat de son véhicule se retrouve à signer un bon de commande « achat au comptant » le privant ainsi du droit de rétractation dont il pouvait faire usage.

En effet, conformément à l’article L311-30 du Code de la consommation, l’article L311-41 du même code, prévoyant un délai de rétractation de 14 jours pour le consommateur, s’applique dans le cadre d’un achat à crédit affecté, le crédit affecté étant défini comme le crédit « servant exclusivement à financer un contrat relatif à la fourniture de biens particuliers ou la prestation de services particuliers  » [1].

L’intérêt pour les vendeurs professionnels peu scrupuleux de faire signer des bons de commande avec la mention d’achat au comptant est donc évident : empêcher toute faculté pour l’acheteur de rétracter son achat.

Pour éviter ce désagrément, il convient donc de se rappeler ces principes de base :

1) L’achat d’un véhicule (ou d’autres biens d’ailleurs) ne peut être rétracté en principe d’où l’intérêt de se ménager un délai de réflexion avant d’acheter et de ne pas céder au possible « forcing » à l’achat du vendeur.

2) Si vous compter prendre un crédit pour l’acquisition de votre véhicule, vérifier que le vendeur précise expressément sur le bon de commande la mention achat à crédit.

3) Le délai de rétractation de 14 jours commence à courir à compter de l’acceptation de l’offre de crédit.

En conséquence, il est utile de se rappeler ces trois principes pour éviter la pratique abusive de l’achat au comptant forcé, pratique qu’il serait convenable de voir disparaître dans un secteur qui, l’actualité le prouve, a bel et bien besoin de davantage de transparence !

Yanis Mebtouche Avocat au barreau de Paris

[1Article L311-1 9° du Code de la consommation.

Comentaires: