De plus en plus fréquentes chez les juristes, les doubles formations peuvent constituer un atout lors d’un recrutement. A condition qu’elles répondent aux exigences du poste et qu’elles soient correctement mises en avant sur le CV du candidat.
Le Village de la Justice vous apporte ses conseils pour en tirer le meilleur parti.

Une double formation complémentaire et crédible

Une double formation doit avant tout représenter un atout pour votre profil … et pour votre employeur. Elle doit s’inscrire dans une logique de carrière, et apporter un plus au poste auquel vous postulez. « L’essentiel est que chaque formation soit complémentaire l’une de l’autre et se crédibilise mutuellement » confirme Patrick Ayache, directeur du cabinet de recrutement Intuitu Personae.

Cette double formation ne doit en aucun cas traduire une hésitation dans votre parcours, ou mettre en doute l’emploi dans lequel vous souhaitez faire carrière. « Si une formation constitue la démonstration d’une errance dans la carrière, d’hésitations ou de reniements, il vaut mieux ne pas la mentionner, précise Patrick Ayache. Par exemple, des études de droit entrecoupées d’études en histoire de l’art, en médecine ou en paléontologie laissent planer un doute sur les motivations de carrière de l’intéressé(e). Un CV doit rassurer et non pas inquiéter. C’est ainsi que tout ce qui conforte une orientation professionnelle et les besoins du recruteur est à conserver ».

Un CV lisible et adapté au poste

Le candidat doit veiller à ce que son CV reste clair. La tentation de donner des détails sur les spécificités de ses formations est grande, mais cela nuirait à sa lecture et pourrait finalement rebuter le recruteur. Il faut donc faire le tri dans les informations. « Il est important que les formations moins significatives, moins importantes ou trop anciennes soient éliminées du CV, pour qu’il reste lisible et ne soit pas trop chargé » explique Patrick Ayache.

Le mieux est d’adapter la rédaction de votre CV au poste auquel vous souhaitez postuler. Sans supprimer vos autres formations, il s’agit de développer celle qui correspond le plus à ce qu’attendra le recruteur. « C’est la formation la plus en phase avec le poste sollicité qui doit être mise en avant, même si elle est plus ancienne ou éventuellement moins prestigieuse. Il ne s’agit pas de bouleverser la chronologie dans la présentation mais de développer cette formation en insistant sur les points qui apporteraient un atout pour le recrutement envisagé ».

Les doubles formations demandées par les recruteurs

« Le discours de beaucoup d’entreprises ou de cabinets consiste à demander avant tout aux candidats d’être adaptables et capables de se former en interne, une fois embauchés, aux spécificités de l’activité » affirme Patrick Ayache. L’exigence de double formation des candidats n’est donc pas encore systématique, à moins que le poste ou l’entreprise possède un domaine juridique qui constitue son cœur de métier, comme l’assurance, l’immobilier, le social ou encore le droit économique.

Lorsqu’une double formation est expressément demandée par le recruteur, les exigences les plus fréquentes sont « l’anglais, soit de manière académique, soit au travers des expériences et stages, soit grâce à des séjours dans des pays anglophones, ou un diplôme d’école supérieure de commerce, voire d’ingénieur (notamment pour la spécialisation marque et brevets). Commence également à apparaître des demandes de formations courtes spécifiques à l’encadrement, à la plaidoirie, à la négociation, à la prise de parole, à la rédaction, ou à la lecture d’un bilan comptable ».

L’erreur à ne pas commettre : présenter un CV sans expérience professionnelle

Patrick Ayache le confirme : l’erreur serait d’« accumuler les formations et arriver sur le marché du travail à 30 ans sans autres expériences que des animations de TD ou de brefs stages ». Multiplier les diplômes n’est donc pas utile, si vous ne les éprouvez pas dans le monde du travail : une double formation ne compensera pas un manque d’expérience professionnelle.

Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice

Comentaires:

• 
  Sans titre, Symonnet, 29 décembre 2015

  « aujourd’hui presque un étudiant en droit sur quatre a une double formation, non pas par plaisir, mais parce qu’il ne trouve même pas de stage après un M2...
  oui, vous avez raison sur le fond, à savoir la cohérence du cv
  mais vous rendez vous compte que la conclusion devient discriminante !
  qui plus est, vous venez de mettre en "pétard" les chargés de td, et, vous l’oubliez, les enseignants, qui ont commencés par être chargés de td !
  le rédacteur de cet article mérite un 0 pointé sur sa conclusion. »

  
  
  • Sans titre, Clarisse, 30 décembre 2015

    La notation est bien sévère !

    La conclusion n’est pas discriminante mais correspond à la réalité de tout recrutement : lors d’une candidature, il est nécessaire, dans la grande majorité des cas, de présenter un parcours qui corresponde au poste et aux attentes du recruteur. L’expérience professionnelle, par le biais de longs stages ou de premiers emplois, est un élément indispensable aujourd’hui.

    Il ne s’agit pas de nier l’expérience qu’apporte l’animation de charger de TD, qui s’inscrit parfaitement dans une logique de carrière lorsque le chargé de TD souhaite poursuivre dans l’enseignement. Mais cette seule expérience risque de ne pas correspondre à l’attente d’un recruteur qui attendrait une expérience plus « pratique » pour un poste, et la double formation ne palie pas le manque d’autres expériences professionnelles.

    Tous ces conseils viennent, comme vous avez pu le lire, d’un cabinet de recrutement, qui constate chaque jour les attentes et le mode de fonctionnement des recruteurs. Je pense que l’on peut accorder un certain crédit à ses propos et à sa propre expérience.