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En 2016, les "legaltech" pourraient régler les problèmes des avocats...
Parution : vendredi 29 janvier 2016
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Si un monde professionnel change, c’est parce qu’il y a un changement de société ou des pratiques des acteurs du marché, une évolution des habitudes des clients, et qu’il y a un potentiel important d’amélioration. C’est typiquement le cas du marché des avocats, en pleine mutation pour ces raisons et qui voit arriver de nouveaux acteurs se précipitant dans la brèche. Et les technologies au service du droit (que nous nommerons ici "legaltech"), au lieu d’être des menaces, sont au contraire disponibles pour accompagner la demande de changement, au service des professionnels du droit.
Après ce titre d’article un peu provocateur, passons à la pratique réaliste... Objectif, se mettre au niveau de la concurrence d’entreprises concurrentes et de l’intelligence artificielle... pour lutter à armes égales.

Le monde du droit n’a pas été jusqu’il y a peu amateur de technologie, jugée annexe au droit. Mais ces professions sont désormais prêtes à évoluer (que ce soient les avocats, les notaires ou les juristes, vous le constaterez avec nous cette année avec les Prix de l’innovation du Village). Nous voyons désormais des services juridiques entiers adopter les armes du numérique, et bien des avocats se transformer en "professionnels digitaux nomades" et collaboratifs.

Une révolution ? Peut-être pas, mais une transition déjà lancée et évoquée depuis quelques années et qui s’accélère franchement, sous la poussée conjointe des jeunes générations diplômées, de la nécessité de travailler en réseau avec d’autres partenaires déjà "numérisés" et des nouvelles demandes de droit.

Qu’est ce que la technologie fait mieux qu’un avocat ou un juriste ?


"Bah" diront les sceptiques, "mais que fait la technologie mieux qu’un avocat ?" Ce n’est peut-être pas la bonne question. Inversons-la et demandons-nous plutôt ce que fait un avocat (ou un juriste) mieux que la technologie ? Ce qu’il peut prendre plaisir à faire en montrant sa vraie valeur de professionnel ?

Exemples de relai ou de délégation dans quelques domaines.

Trouver de futurs clients.

Mieux que personne, le marketing associé aux technologies peut vous aider à gagner en visibilité auprès d’un marché identifié, et plus encore, ce "moteur hybride“ peut générer pour vous des contacts [1] très qualifiés à exploiter, voire parfois des ventes directes (dans le cas de consultations en ligne prépayées par exemple).

La technologie (appliquée ici à votre présence web notamment) ne remplacera pas votre plus-value finale et votre réseautage [2], mais elle vous assura la "prévente". Interrogez n’importe quel chef d’entreprise hors du marché du droit, il vous confirmera combien il est précieux d’alimenter son entreprise en contacts riches et récurrents !

Ici la vraie valeur ajoutée de l’avocat est dans la confirmation du contact et le choix de la réponse à apporter, pas dans la mise en relation initiale qui peut être un peu industrialisée sur un site internet. Intéressez vous pour cela au marketing (la mode est à "l’inbound marketing"), aux sites internet interactifs et orientés vers l’action du visiteur, etc).

Rassurer, ré-assurer vos clients actuels et futurs.

Il est aujourd’hui assez facile - mais très peu réalisé dans les faits - de confirmer le client dans la justesse de son choix d’avoir fait appel à vous : un site internet moderne et mobile, une présence régulière sur les réseaux sociaux et médias montrant votre expertise au plus grand nombre, des réponses automatiques (mais pas idiotes) de suivi de dossier et d’échanges... Etre un expert caché dans un coin d’une rue du 16ème arrondissement de Paris n’attire plus grand monde ! Les clients au contraire ont envie d’être confirmés dans leur avis sur vous, à tout moment et même si vous n’êtes pas en affaire à l’instant. Il faut rassurer en permanence, pour fidéliser, développer sa relation client.

Laissez la technologie vous soulager et vous aider à fidéliser les clients.

Pour cela, des techniques éprouvées permettent de bâtir et développer votre présence numérique et eréputation, mais aussi de travailler ensemble à distance en toute transparence : le client adore savoir qu’il peut-être informé à tout moment, même s’il n’en a pas toujours besoin. Il aime aussi pouvoir communiquer facilement avec son conseil (et vous avez tout intérêt à développer cette dépendance vis-à-vis de vous).
Rassurez-vous, il est envisageable d’être en relation permanente apparente avec ses clients sans pour autant leur donner un numéro de téléphone portable... Vive la technologie maîtrisée !

Laissez la technologie vous soulager, vous aider, gérer les détails, et concentrez-vous sur la réponse personnalisée aux clients. Publiez des informations courtes ou plus approfondies, et la technologie saura répandre durablement votre voix là où il le faut...

Gagner du temps.

Pourquoi gagner du temps ? Que ce soit pour réduire vos coûts, augmenter la facturation par avocat ou tout simplement... vivre mieux et moins au travail ! Tentez donc de mieux cohabiter avec l’infernal sablier du temps, avec un peu de technologie pour vous assister.

Facturation, recouvrement, rédaction d’actes, informations clients, travail collaboratif, recours à des partenaires... autant de domaines dans lesquels la technologie est éprouvée (on n’y utilise plus guère d’ailleurs le qualificatif de "nouvelle [technologie]" !).
Ajoutez-y une bonne dose de nouvelles façons de travailler (par la confiance et la formation de tous les opérationnels) et vous verrez qu’une bonne partie de votre quotidien peut être fait par d’autres, ou par des logiciels alimentés par des "non-avocats" ou "non-juristes". C’est même la force de l’assistante juridique 2016, devenir un(e) "presqu’avocat" [3] capable de faire tourner la machinerie logicielle vous permettant d’apporter votre expertise.
A vous de confirmer les clients puis de leur donner le conseil d’expert, tout le reste ne vous concerne presque pas ! [4]

Faire la différence.

La période des avocats et juristes pionniers s’achève, il ne reste plus que quelques mois avant qu’une grande part des professionnels investissent les technologies dans leur quotidien. Mais vous pouvez encore marquer des points sur la concurrence, des points d’image, en améliorant votre relation-clients.

La période des avocats et juristes pionniers s’achève...

Par exemple avec une facturation en ligne accessible aux clients, rapide et précise. C’est plutôt simple. Autre piste, un outil d’évaluation interne : laissez vos clients vous dire qu’ils sont contents et dans quels domaines ils aimeraient d’autres services ou amélioration, sous la forme d’un sondage permanent à travers un outil en ligne, simple à mettre en place également dès lors que votre outil technologique est en place autour d’un site internet orienté vers les clients.

Mais vous pouvez aussi innover plus avant en vous appuyant sur les outils numériques, investir de nouveaux marchés que l’on ne peut atteindre qu’à distance et avec des outils pointus, créer une application smartphone originale et utile pour vos clients et vos collaborateurs, créer un site s’interfaçant avec ceux de vos clients entreprises pour révolutionner les process de travail avec les directions juridiques, créer une plateforme web de mise en relation à vraie valeur ajoutée avec des consommateurs... 1000 idées vous attendent qui vous permettront de répondre à un besoin non satisfait. Ecoutez vos clients, la société, respirez cette odeur de changement...

Imaginer le cabinet d’avocat [5] de demain dont vous avez envie et le préparer, en explorant les technologies.

Avouez-le, tout n’est pas toujours amusant dans votre métier. Des doutes et angoisses vous effleurent parfois sur votre métier dans 5 ans. Et bien liez-vous aux développeurs et observez les techniques informatiques d’autres domaines que le droit, et inspirez-vous en pour imaginer l’évolution de votre pratique.
Ne laissez pas des entreprises nouvelles imaginer le futur de votre profession, créez le vous-même !

Parmi les technologies appliquables au droit : Big data (traitement et utilisation des immenses flux de données juridiques pour créer un service), traitements automatisés (tels l’utilisation avancée des réseaux sociaux par la gestion de flux d’informations), dématérialisation complète, gestion de la sécurité et confidentialité des informations [6], gestion du travail d’équipe (dans le cabinet ou service, avec les clients, avec les partenaires), simplification des traitements de flux d’informations entrants (emails, RPVA, courriers, alertes, veille...).

Les experts des technologies ne peuvent faire tout cela sans la connaissance des métiers du droit, et inversement vous avez besoin d’eux pour le réaliser. Rendre le droit accessible, compréhensible, plus rapide, moins coûteux... que d’enivrants défis technico-juridiques à venir ! [7]

Tout est à imaginer, le bouillonnement actuel est réel et vous permet d’avoir de nombreuses sources d’inspiration. Amusez-vous, inventez l’avenir ! Laissez le reste du quotidien aux logiciels. Regardez aussi ce que fond les autres professionnels, comme les candidats du Prix 2016 de l’innovation des avocats en Relation-clients et bien d’autres.

Conclusion...

A vous d’imaginer la suite ! Il ne s’agit pas ici de prédire que les robots ou les logiciels remplaceront les avocats, juristes et notaires, mais de vous confirmer une bonne nouvelle : vous avez mieux à faire que de trier des emails !

Il ne devrait plus y avoir de réunions d’avocats associés ou de directions juridiques, ni de réunion d’instances professionnelles, dans lesquelles on ne parle pas de technologies dès que l’on aborde les problèmes liés aux professions du droit (concurrences, budgets, difficultés diverses...). Pas assez rapide ? Trop cher ? Trop concurrencé ? Trop compliqué ? Manque de ressources ou de temps ? Ce ne sont que quelques constats récurrents en réunions, constats pour lesquels les legaltech sont vos amies.

Et si vous en apprivoisiez une ou plusieurs en 2016, pour commencer ?

Rédaction du village

[1Les commerciaux appelleront cela des "leads".

[2D’autant que savoir mettre en place les règles de fonctionnement de ce "cabinet en ligne" est déjà preuve d’expertise !

[3Ou presque juriste, etc.

[5...ou le service juridique / l’étude de notaires...

[6Un domaine qui prend une forte ampleur désormais.

[7Voir à ce sujet la démarche d’Open-law à laquelle participe le Village de la justice.