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Refus du concours de la force publique, indemnisation du propriétaire et subrogation de l’Etat. Par Jean de Valon, Avocat.
Parution : mercredi 5 octobre 2016
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L’État qui refuse le concours de la force publique engage sa responsabilité mais doit être subrogé, même d’office, dans les droits que le propriétaire détient sur les occupants.

Il ne suffit pas d’obtenir une décision du juge judiciaire ordonnant une expulsion, encore faut-il y parvenir, ce qui pose la question du concours de la force publique et, parfois, quand elle est refusée, de la responsabilité de l’État.

Dans le cadre de l’exécution de la décision, l’huissier délivrer un commandement de quitter les lieux. Ce commandement de quitter les lieux donne aux occupants un délai de deux mois pour restituer les lieux, lequel est notifié au préfet.
Lorsque le délai de deux mois est expiré, l’huissier peut tenter d’expulser les occupants et, en cas de besoin, requérir le concours de la force publique.

A compter de la réquisition du concours de la force publique, l’administration dispose d’un délai de deux mois pour répondre.
L’article L153-1 du Code des procédures civiles d’exécution rappelle que l’État est tenu de prêter son concours à l’exécution des jugements et des autres titres exécutoires. Le refus de l’État de prêter son concours ouvre droit à réparation.

Admettons que l’État soit condamné, quelle indemnisation ?

Le montant de loyers et des charges locatives pour la période couverte par la responsabilité, principalement. Mais, si le juge administratif doit veiller à l’indemnisation du propriétaire, il ne faut pas cependant que sa décision conduise celui-ci à obtenir en raison des mêmes faits une réparation supérieure à son préjudice.

Par suite, lorsqu’il condamne l’État à indemniser le propriétaire auquel le préfet a refusé le concours de la force publique pour exécuter un jugement ordonnant l’expulsion des occupants d’un local, le juge doit, au besoin d’office, subroger l’État, dans la limite de l’indemnité mise à sa charge, dans les droits que le propriétaire peut détenir sur les occupants au titre de l’occupation irrégulière de son bien pendant la période de responsabilité de l’État

Cette subrogation peut donc intervenir d’office.

À défaut on pourrait en effet imaginer que le propriétaire perçoive l’indemnité relevant la responsabilité de l’État et, par ailleurs le montant des loyers de la part du locataire évincé.
C’est ce que rappelle le Conseil d’État dans un arrêt du 27 juillet 2016 (389690).

Jean de VALON Avocat au Barreau de Marseille
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