Village de la Justice www.village-justice.com

Avocats : comment faire vivre son site internet ?
Parution : mercredi 25 janvier 2017
Adresse de l'article original :
https://www.village-justice.com/articles/Avocats-comment-faire-vivre-son-site-internet,24065.html
Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Un site internet est un outil de communication, qui s’inscrit dans une stratégie de développement. Mais une fois qu’il est créé, il faut le faire vivre. Contenu, outils, médias … tout est (presque) possible. Chaque avocat doit donc prendre en compte son profil, ses objectifs et sa réputation, pour optimiser son utilisation – du site vitrine jusqu’à une véritable plateforme de communication avec ses clients. Mais des principes généraux s’appliquent à tous les profils.
Deux professionnelles du marketing et de la communication ont répondu aux questions du Village de la Justice pour vous apporter les premiers conseils nécessaires à l’optimisation de cette nouvelle vitrine.

Un site vivant : du contenu et de la communication

Pour être attractif, un site internet doit être alimenté, avec du contenu et des formules qui intéresseront les prospects et les clients existants – car la fidélisation est aussi un point important. Il vous permettra de vous distinguer, de faire valoir votre valeur ajoutée, quand « le secteur devient de plus en plus concurrentiel, souligne Eve Thiel, rédactrice web/référencement SEO. Afin d’assurer un minimum de visibilité sur le web, il faut être à l’affût de la demande pour y répondre au mieux, opter pour un visuel clair et dynamique afin de ne pas lasser les internautes, poster régulièrement des articles, réagir sur des faits actuels permettent d’animer un site d’avocat et d’assurer un trafic régulier. »

Eve Thiel

« Il faut aussi savoir en faire la promotion partout, et surtout sur les réseaux sociaux, précise Léa Riposa, consultante marketing. Cela implique ensuite de pouvoir animer cette communauté en devenir, ou au minimum répondre aux demandes qui ne manqueront pas d’arriver sur la boîte mail du cabinet. »

Les réseaux sociaux sont en effet un relai essentiel, et le prolongement du site permettant une communication spontanée (mais toujours réfléchie). Sur quels réseaux faut-il miser ?
Pour Eve Thiel, « ce qui importe n’est pas le support utilisé, mais davantage la stratégie de communication mise en place. On peut opter pour une stratégie claire et sérieuse ou pour une stratégie plus décalée qui nécessite, cependant, un certain tact. Être vu, oui... mais être lu est davantage intéressant ! »
Mais Léa Riposa a ses préférences : « Je conseille d’abord Linkedin, qui est un réseau social professionnel de qualité : vous y trouvez des professionnels côté direction et un réseau social international. Puis Twitter, qui permet de réagir rapidement à une actualité, de remercier la communauté, tout en étant peu chronophage. Un avocat qui attend de plaider dans la salle des pas perdus peut très bien envoyer un message. Je suis beaucoup plus sceptique avec Facebook, plus adapté aux grandes marques de notoriété. On y va pour du gratuit, pour des bons plans, pour partager des photos. Cela pose aussi des contraintes techniques : il n’est pas intuitif en terme d’administration de page, et une page d’entreprise ne peut pas être créée sans un compte personnel. Je ne pense pas que cela soit pertinent pour une profession réglementée. »

Des outils pour vous aider à gérer votre site

Pour gérer tous les volets de communication, des outils pratiques sont disponibles, permettant en plus d’optimiser son temps. « Il existe des logiciels permettant de gérer ses réseaux sociaux, explique Eve Thiel. Une seule manipulation, et le contenu est publié sur plusieurs réseaux. Il me semble que quelques connaissances en référencement sont également essentielles afin d’optimiser son contenu. Enfin, Google est une excellente passerelle pour booster sa communication. Il propose aux professionnels plusieurs outils pour gérer son entreprise et la rendre davantage visible sur la toile. »
« Un site internet bien référencé est le premier élément essentiel, confirme Léa Riposa. Et cela signifie qu’il faut choisir au préalable une agence web de qualité, qui pourra créer un site modulable et évolutif en fonction des besoins à venir, afin par exemple de le transformer en blog, ou d’accueillir une revue de tweets ou une foire aux questions. Sinon, l’avocat risque de se retrouver avec un site internet peu opérationnel et peu visible. »

Léa Riposa

Gérer seul, ou déléguer ?

Avec tous ces éléments à prendre en compte, un site internet demande du savoir-faire et peut prendre du temps. « Gérer seul sa communication peut être compliqué dans un métier particulièrement accaparant, souligne Eve Thiel. Il faut, en premier lieu, avoir un contenu en béton afin que le flux généré soit optimal. Il faut insérer les bons mots-clés, créer du lien... C’est un métier ! Un bon contenu permet d’éviter une communication excessive et une perte de temps considérable. »
Déléguer sa gestion est donc a priori une bonne solution. « Mon conseil est de former une personne en interne, afin que le cabinet reste maître de ses propos et de ses informations, par exemple un associé qui a une certaine dextérité sur les réseaux sociaux, ou une assistante, explique Léa Riposa. Il faut cependant être prudent, car votre communauté de clients vous suit : si elle voit que vous tweetez toutes les heures, le client va se demander quand est-ce que vous vous occupez de son dossier. »

Et quand on est un individuel, qui se lance ? Bien organiser sa gestion en amont permettra de minimiser le temps passé. « Définir ses objectifs permettra de choisir les outils nécessaires, par rapport à la gestion des ressources, affirme Léa Riposa. Il peut ainsi définir un calendrier éditorial avec des messages en faible quantité mais extrêmement ciblés, qui répondent à la demande des plaignants. C’est adapté à ses moyens, tout en lui permettant de gérer des demandes. »

« Le but n’est pas d’avoir des followers, mais d’avoir des clients. »

Pour qu’un site internet soit un investissement rentable, il faut connaître les enjeux actuels et à venir. Pour Eve Thiel, « un ciblage plus affûté des besoins de la clientèle est essentiel. Internet se développe énormément. Les internautes veulent du pratique, et écourter au maximum les manipulations. Rendre son site pratique sera la clé, me semble-t-il, pour les années à venir. »
Ces enjeux sont bien évidemment liés au contexte actuel. Car le marché du droit (réel, même si le terme ne plait pas toujours) est en grande mutation. Pour Léa Riposa, « le site web n’est qu’un outil. L’enjeu principal est l’ubérisation du droit, c’est-à-dire l’émergence des plateformes de désintermédiation. Ces plateformes captent des clients, c’est donc un risque concret pour les métiers du droit. Une fois qu’on a établi les forces et les faiblesses du marché, on a toutes les clés en main pour se dire comment je m’approprie une technologie et comment je bâtis l’avenir. Le but n’est pas d’avoir des followers, mais d’avoir des clients. Le digital laisse croire que c’est simple, facile, intuitif, mais ce n’est pas vrai. Il faut avoir un retour sur investissement totalement maîtrisé. »

Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice
Comentaires: