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Transhumanisme : un procès moral inédit !
Parution : vendredi 16 juin 2017
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Le 22 juin 2017, s’est tenu au sein du Palais de Justice de Paris, un procès moral sans précédent, celui du transhumanisme.
Partenaire de cet événement, le Village de la Justice vous propose un entretien avec Gérard Haas, à l’initiative de ce procès peu ordinaire.

Mais qu’est-ce que le transhumanisme ?

Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international apparu dans les années 1980 aux Etats-Unis. Ce courant de pensée prône l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains [1]. Le transhumanisme juge le vieillissement, la maladie, le handicap, tout ce qui limite l’Homme, comme nuisible et inutile et surtout améliorable techniquement.

Parce que le transhumanisme, courant philosophique, est en passe de devenir une réalité, il apparaît fondamental aux professionnels du droit et à la société en général de s’y intéresser afin d’en maîtriser les enjeux et incidences juridiques et économiques [2].
D’où l’initiative de Gérard Haas, avocat à la Cour d’appel de Paris et Françoise Barbier-Chassaing, magistrate de mettre en place ce procès inédit. Ils sont tous deux co-fondateurs et présidents de l’association « Les jurisnautes ».

Gérard Haas.

Gérard Haas est avocat à la Cour d’appel de Paris, spécialiste en Droit des nouvelles technologies, co-fondateur et président de l’association les Jurisnautes et ancien président du réseau Gésica.

Village de la Justice : Pourquoi aborder le thème du transhumanisme sous la forme d’un procès ?

Gérard Haas : "Le transhumanisme touche à l’éthique, à la morale, aux libertés de tout citoyen. Le choix du procès pour aborder ce sujet sensible s’est imposé à nous car nous voulions que le débat soit organisé de façon contradictoire. Le transhumanisme ne doit pas être abordé simplement à charge ou à décharge.

"Un procès car nous voulions que le débat soit organisé de façon contradictoire."

Lors de ce procès, la question du transhumanisme est posée à l’ensemble de la société. Nous souhaitons que tous y prennent part, pas seulement des spécialistes.
Ce procès abordait certaines questions telles que : « Un Homme augmenté est-il encore un humain ? » ; « Quels sont les droits de l’humain augmenté ? » ou encore « Jusqu’où va la liberté en matière de transhumanisme ? »
L’assemblée (jury, avocats, magistrats...) participant au procès a répondu à ces questions et ce de façon co-responsable."

A qui s’adresse ce procès ?

"Le procès s’adressait à toute personne s’intéressant à l’évolution de l’Homme et plus généralement à l’ensemble des citoyens. En effet, ces derniers doivent être sensibilisés à cette évolution de l’ « Homme réparé » vers l’ « Homme augmenté » car c’est un avenir possible, voire certain.

"Les citoyens doivent investir la question."

Les citoyens doivent investir la question, ils doivent la prendre en main et ne pas la laisser aux seules entités politiques et économiques.
A titre personnel, je suis pour les avancées technologiques, à la conditions qu’elles se fassent dans une démarche éthique et responsable."

Quels ont été les éléments de sélection des acteurs du procès ?

"La réponse tient en un seul critère : la passion.
Les professionnels du droit participant au procès sont membres de l’association Jurisnaute, tous passionnés par la science-fiction.
Avec le transhumanisme la fiction devient réalité. Face à ce constat, nous agissons en lanceurs d’alerte et proposons à nos concitoyens de prendre part au débat sur ce sujet qui intrigue et inquiète tout à la fois."

Le transhumanisme est-il un domaine d’avenir pour les professionnels du Droit ?

"Forcément ! Nous passons de « l’Homme réparé » à « l’Homme augmenté », cette évolution ne peut se faire que sous couvert d’éthique et de droit. L’Homme doit resté maître de la technologie.
Dans les domaines des nouvelles technologies, tout va très vite, il en va de même pour l’évolution vers l’Homme augmenté. En ce domaine, les professionnels du Droit sont des vigies, des boussoles. En matière de transhumanisme, ils sont dans la prévention, l’anticipation. Ils ne sont pas que réactifs.

"En matière de transhumanisme, ils sont dans la prévention, l’anticipation."

Notons que le Droit est flexible, il est là pour permettre à une innovation de devenir une réalité.
Face au transhumanisme, le Droit français apporte déjà des réponses, dans la mesure où tout ce qui n’est pas interdit est, de facto, autorisé. Le tout bien entendu dans la limite de ce qui est possible dans une démocratie, dans le respect de l’éthique, de la morale et de la liberté de chacun."

Découvrez ci-dessous en vidéo le scénario du procès du transhumanisme :

Liens utiles :
- Lien vers le site : https://www.proces-du-transhumanisme.com

A noter que d’autres procès sur le transhumanisme se dérouleront dans les villes de Bordeaux, Montpellier, Marseille et Lyon. A chaque procès un scénario différent sera proposé. Dossier à suivre donc sur le Village de la Justice et le site du procès du transhumanisme.

Propos de Gérard Haas recueillis par Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.

[2Voir à ce sujet l’article de Gérard Haas et Laétitia Levasseur : « Le transhumanisme, le futur de l’Homme ? ». Y est exposé avec précision l’état d’avancement de cette philosophie en France et dans le monde, ainsi que ses incidences économiques et juridiques.

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