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Le droit des étrangers, le mouton noir des contentieux ! Par Yannis Lantheaume, Avocat.
Parution : vendredi 11 mai 2018
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Alors que certains contentieux ont la côte, d’autres ont mauvaise presse...

Les avocats en droit des étrangers savent que le contentieux qu’ils pratiquent est souvent mal perçu par les juridictions administratives.

Considéré comme un contentieux envahissant (« de masse »), peu intéressant, amenant à juger des affaires répétitives, il est le mal-aimé des tribunaux administratifs et cours administratives d’appel.

Il faut dire que la formation des magistrats administratifs est en complet décalage avec la réalité du quotidien des dossiers qu’ils auront à traiter lorsqu’ils seront en poste.

En effet, alors que le contentieux des étrangers représente, bon an mal an, environ un tiers des nouvelles requêtes chaque année, les juges administratifs ne bénéficient de quasiment aucune formation en droit des étrangers au Centre de formation de la justice administrative (l’équivalent de l’Ecole nationale de la magistrature pour les magistrats de l’ordre judiciaire).

Un peu comme si un futur chef en formation n’apprenait à cuisiner que des entrées et des desserts…

Pourtant, le moins que l’on puisse dire est que le droit des étrangers est un droit mouvant (une nouvelle loi chaque année ou tous les deux ans), en large partie dérogatoire au droit commun, donc complexe, faisant appel à de multiples normes qui s’enchevêtrent et parfois se contredisent.

D’ailleurs, les résultats obtenus devant les juridictions administratives vont du tout au tout selon que la requête de l’étranger (contre une obligation de quitter le territoire français, par exemple) a été déposée par un avocat spécialement formé au droit des étrangers ou par un avocat maîtrisant mal ce contentieux.

Indépendamment des différents moyens juridiques qui peuvent être soulevés, la part de stratégie revêt une importance capitale.

En effet, les positions des préfectures se durcissent, et le temps est révolu où un ressortissant étranger pouvait formuler une demande, puis une autre lorsque la précédente avait été rejetée.

La possibilité – voire l’obligation – pour l’administration d’édicter des interdictions de retour sur le territoire français pour plusieurs années, impose de ne déposer une demande de titre de séjour que lorsque l’on est certain qu’elle a le plus de chances possibles d’être acceptée, voire qu’un refus aurait quelque chance d’être annulé par le tribunal administratif.

Il n’y a donc aucun intérêt à multiplier les demandes de titres de séjour fragiles, qui donneront lieu à autant de rejets, ce qui alourdira significativement les chances d’une régularisation future.

Ainsi, outre la rédaction de la demande de titre de séjour en elle-même, qu’il sera souvent opportun de confier à un professionnel du droit (notamment pour les demandes de régularisation), il importe d’être conseillé en amont sur la stratégie à suivre et d’envisager notamment le moment le plus adéquat pour le dépôt de la demande, ainsi que le contenu de celle-ci.

C’est là qu’avoir recours à un avocat dont le droit des étrangers est le domaine d’intervention principal se révèlera déterminant !

Yannis Lantheaume http://lantheaume-avocat.fr