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Le "swatting" : un phénomène dangereux et pénalement répréhensible. Par Flavien Berthod, Étudiant.
Parution : mardi 20 février 2024
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« À ce jeu-là, vous ne gagnerez pas la partie » déclarait sur X (ex Twitter) la Police nationale en évoquant le swatting. Venue tout droit des États-Unis, cette pratique est un canular téléphonique qui consiste à se procurer l’adresse physique d’un créateur de contenu en direct et de provoquer une intervention inutile des forces de l’ordre à son domicile en prétextant un grand danger comme un meurtre ou une prise d’otage.

Qu’est-ce que le swatting ?

Le swatting est un canular téléphonique qui consiste à se procurer l’adresse physique d’un streamer (un joueur qui retransmet et commente en direct sur la toile sa propre partie de jeu vidéo, tout en interagissant avec sa communauté de spectateur) et de provoquer une intervention inutile des forces de l’ordre à son domicile en prétextant un grand danger comme un meurtre ou une prise d’otage.

Cette pratique vient des États unis, et son nom vient d’ailleurs du SWAT, l’unité d’intervention des forces spéciales américaine, l’équivalent du GIGN. Le côté spectaculaire réside dans le fait que le streamer soit en direct, et que l’auteur du canular assiste à l’interpellation, souvent musclée.

Si cela ressemble de prime abord comme une mauvaise blague, les conséquences peuvent être bien plus dures. C’est par exemple le cas avec Tyler Bariis un Américain qui a été condamné à 20 ans de prison pour avoir provoqué un swatting qui causa la mort d’Andrew Finch, un autre joueur de 28 ans [1].
Ce phénomène créé aux États-Unis en 2008 et arriva en France en 2014. Si le milieu du jeu vidéo est particulièrement touché, notamment avec des streamers comme Domingo ou Sardoche, cette pratique s’étend à d’autres sphères, notamment avec des personnalités comme Aymeric Carron ou Enora Malagré.

Quid juris ?

Le swatting est encadré par un texte du Code pénal, celui du délit de fausse alerte prévu à l’article 322-14 : « Le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
Est puni des mêmes peines le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information faisant croire à un sinistre et de nature à provoquer l’intervention inutile des secours
 ».

Il est également possible d’ajouter à ce texte celui de la dénonciation calomnieuse en son article 226-10 du Code pénal : "La dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d’un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l’on sait totalement ou partiellement inexact, lorsqu’elle est adressée soit à un officier de justice ou de police administrative ou judiciaire, […] est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende […]."

Ainsi prétexter « pour rire » un grand danger fictif nécessitant l’intervention des forces de police est pénalement répréhensible. Cette pratique à des conséquences réelles, et cause un important préjudice moral à ses victimes.

Les premières peines prononcées en France ont fait preuve d’une grande sévérité. Le 30 juin 2016, le tribunal judiciaire de Créteil a prononcé une peine de deux ans de prison ferme envers une personne, mineure au moment des faits, pour le swatting du streamer français « Bibix ».

Flavien Berthod, Étudiant en Droit
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