Deshayes a écrit :Je regrette que cette discussion devienne un lieu de bataille rangée entre les avocats et les juristes.
Néanmoins j'aimerais apporter des précisions à mon propos.
1°) tout le monde n'a pas les moyens de devenir avocat (moyens financiers j'entends). Sinon, cela fait longtemps que j'aurais tenté le CRFPA.
Perso, j'ai passé le CRFPA en étant salarié et donc auto financé...
Deshayes a écrit :Et il me semble un peu dangereux de dire que le juriste est forcément moins bon que l'avocat .
Personne n'a dit ça il me semble, juste qu'ils avaient un diplôme en plus : le CAPA
Deshayes a écrit :alors que certains avocats n'ont théoriquement QUE la maîtrise (même si cela devient très très rare) et ne connaissent pas souvent le monde de l'entreprise..
Certains juristes d'entreprise n'ont même pas la Maîtrise de droit... Et les avocats spécialistes du conseil connaissent souvent très bien le monde de l'entreprise...
Deshayes a écrit :2°) Encore une fois, la majorité des avocats ne connaissent pas toujours la matière qui fait l'objet de la législation qui est de leur ressort. .
Vous conviendrez que cette phrase est dure à comprendre... QUelle législation est "du ressort" d'un avocat ?
Deshayes a écrit :C''est matériellement impossible lorsque l'avocat est généraliste. Mais très problématique à mon avis..
Et quand c'est le juriste d'entreprise qui est généraliste, il se passe quoi ? Libre aux entreprises d'avoir recours a des avocats spécialisés... Je vous assure que le niveau des avocats titulaires d'un certificat de spécialité ordinal est excellent dans la matière concernée !
Deshayes a écrit :L'un d'entre vous me demandait si je sous-entendais que ces avocats ne connaissent pas l'édition et la production musicales? Entendons-nous bien: les avocats ont une connaissance économique de l'édition et de la production et des contrats qui régissent la profession musicale. ..
Pourquoi l'aurait-il moins que les juristes ?
Deshayes a écrit :Seulement si un artiste vient vous voir et vous demande: puis-je protéger le symbole du Bartok pizz? Puis-je protéger un accord de quinte diminuée sur lequel on aura ajouté deux quinte superposées et une quarte (...)et vous explique comment avec un filtre coupe haut, un filtre coupe bas réglé à telle L'avocat comprend-t-il ce langage? Non. Le musicien oui. Et le juriste musicien, qui a le temps de développer les deux connaissances, est le mieux placé pour proposer une solution à la fois compatible avec la loi et avec la pratique musicale. ..
Ah bon ? Parce que l'avocat, à la différence du juriste ne pourrait pas être musicien ? Je connais un avocat musicien connu : Paolo Conte... Pas un seul juriste musicien connu !
Deshayes a écrit :C'est pourquoi je me demande si le juriste ne gagnerait pas à étudier à fond la matière qui fait l'objet d'une législation. Le juriste en immobiler s'intéressait à la construction, le juriste en droit financier s'intéresserait aux mécanismes boursiers... Un de mes professeurs en droit civil à Poitiers avaient d'ailleurs annoncé devant tout un amphi qu'elle était incapable de comprendre la loi sur la signature électronique parce qu'elle faisait appel à des connaissances informatiques très poussées. Vous trouvez cela normal?
C'est parce que les avocats sont parfois trop généralistes que les consultants commencent à émerger, afin de simplifier des questions extrêmement complexes où la polyvalence est nécessaire...
"Consultant" est un terme générique, un avocat peut être un consultant. Il esiste des avocats dits de niche qui traitent de matières très pointues. Les problèmes que vous évoquez me semblent relever de la compétence d'une autre profession règlementée proche des avocats : les Conseils en propriété industrielle...
Quoiqu'il en soit, je pense que votre postulat de départ selon lequel seuls les juristes ou consultants, par opposition aux avocats, pourraient être des spécialistes est faux...
Deshayes a écrit :Autre chose avant de terminer: une anecdote. L'autre jour un musicien avait écrit sur un forum que son avocat lui avait demandé d'acheter un contrat-type (50 euros) et qu'il le validerait. Signe d'incompétence - c'est ce que j'ai dit au musicien, change d'avocat? Ou signe que certains avocats se sentent mal à l'aise lorsqu'il s'agit de contractualiser des situations qu'ils ne comprennent pas toujours?
Si vous saviez le nombre d'inepties que j'ai vu écrites par des juristes, des consultants, ou des experts... Le fait que cet avocat soit incompétent dans ce domaine n'apporte que peu au débat... Votre ami aurait dû consulter un avocat spécialisé.
Si je dois me faire opérer d'un genou, je ne vais pas voir un gynécologue !
Deshayes a écrit : le rôle du consultant ne serait-il pas de prémâcher le travail de l'avocat, de soulever les problèmes juridiques, avant que l'avocat valide le tout? Pourquoi ne pas penser "complémentarité" au lieu de penser "concurrence"?
Prémacher le travail oui. En droit de la concurrence, qui fait appel à des connaissances très pointues en économie, nous avons fréquemment recours à des consultants économistes. Parfois à des spécialistes de tel ou tel secteur d'activité. Mais ils se contentent de répondre aux questions que nous leurs posons. Nous gardons la main sur l'analyse juridique.
Cdt