Rédaction du village

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  • Modifié le :  18 octobre 2016

    1re Parution: 6 octobre 2015

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"Etre avocat demain, casser les codes", thème récent d’un Congrès de l’ACE.

William Feugère, Président national de l’association des Avocats Conseils d’Entreprise, annonçait en préambule au programme du Congrès 2015 de l’ACE qu’ "il appartient aux avocats de s’interroger sur les besoins et attentes des clients pour être parfaitement adaptés à ce marché. Il n’est pas évident que nos concepts et certitudes soient toujours appropriés." Tel était en effet l’objectif affiché du congrès de Bruxelles de l’ACE, interroger les avocats sur leur façon d’exercer pour s’adapter.
Nous avons choisi d’illustrer cette ambition par un des thèmes du congrès, enjeu majeur de la profession pourtant parmi les plus simples à mettre en action, car il ne dépend que des avocats eux-mêmes : le recours aux "softs skills".

Les « soft skills » sont les qualités humaines que l’avocat (ou le juriste) doit développer dans sa relation humaine et ses interactions personnelles, avec ses clients, collaborateurs, partenaires... notamment à travers des questions d’organisation. Rien de révolutionnaire en somme, mais un rappel fort utile en ces temps de concurrence et de mutation pour la profession. Si l’on parle d’innovation, de technologies, de ruptures, de marchés du droit... on rappellera haut et fort lors de ce congrès que l’avocat doit développer ses compétences relationnelles, sources de valeur ajoutée et de "mise en confiance" auprès de ses clients. L’écoute, la pédagogie, l’empathie, la créativité sont des qualifications à part entière !

Pour en savoir plus, nous avons interviewé un des intervenants, Antoine Henry de Frahan, ancien avocat, aujourd’hui consultant en stratégie et organisation au cabinet FrahanBlondé.

Village de la justice : L’utilisation de ce nouveau terme soft skills au Congrès de l’ACE indique-t-elle qu’il s’agit d’un nouveau paradigme pour le cabinet d’avocat ? Un point crucial à développer demain ?

Antoine Henry de Frahan

Antoine Henry de Frahan : Il n’est pas ici question de savoir si les compétences humaines et relationnelles dont on parle sont plus importantes que d’autres, mais plutôt de dire que si les compétences techniques de l’avocat sont considérées comme "allant de soi" (elles sont un préalable pour exercer), les soft skills permettent, elles, de différencier les avocats en plus de leurs compétences techniques, qu’ils soient avocats d’affaires ou qu’ils aient une clientèle grand public. En ce sens elles sont primordiales pour demain.

Aujourd’hui plus que jamais l’avocat doit améliorer sa communication, c’est-à-dire sa capacité à écouter et questionner le client, et l’accessibilité de son expression orale et écrite.
Il doit aussi améliorer ses aptitudes en "gestion de projet", de plus en plus importantes : il faut souvent faire les choses avec plusieurs personnes, en équipe, et non plus seul.
C’est une capacité à gérer la complexité autrement que linéairement, toujours "en relation avec" quelqu’un. Et là, la relation humaine est au coeur du dossier.

VJ : Est-ce un défaut de la profession ?

AHF : Il y a une grande marge de progression entre l’attente des clients et la performance des avocats ; un décalage entre attentes et ce qui se fait.
La profession est en retard, et pourtant il y a des choses simples à faire. Les avocats sont victimes des habitudes et pas assez à l’écoute.
Prenons l’exemple de la façon de rédiger des textes : les avis d’avocats ne sont pas adaptés en général aux demandes des clients, ils sont trop techniques ou complexes à appréhender. C’est un problème de communication souvent (NDLR ... qui du coup croise le chemin de la problématique de la Relation-Client, thème souvent abordé sur Le Village de la justice).

VJ : Quels bénéfices possibles à cette démarche de sensibilisation aux soft skills ?

AHF : On ne fait pas de soft skills pour en faire, mais cela doit s’inscrire dans une réflexion globale, une démarche collective qui a du sens pour l’ensemble du cabinet.
Cela peut déboucher sur un équilibre, un bien être au travail ; par le fait de gagner plus d’argent ou de gagner plus de clients, tout est possible. Mais il faut d’abord partir d’une réflexion sur ce que l’on veut vraiment, et ensuite on peut imaginer des moyens de mettre en pratique des techniques.
Rappelons que dans une vie, il y a 4 façons de se former aux relations personnelles :
- La façon générale de se comporter, fruit de l’éducation.
- Par imitation, "par infusion" dans un environnement.
- Par mentoring (un mentor qui vous guide).
- Et enfin évidemment pour compléter, par une formation formelle.

On n’a pas toujours les réflexes nécessaires dans toutes les situations, dans chaque environnement culturel auxquels nous sommes confrontés. Il faut donc parfois se former, évoluer, se remettre en question.

VJ : Peut-on prétendre que les soft skills sauveront les avocats face à la concurrence, l’automatisation, les start-ups ?

AHF : On aura toujours besoin d’un contact personnel avec l’avocat, les technologies, si elles vont remplacer certaines tâches, ne remplaceront pas l’avocat lui-même. La valeur ajoutée de l’avocat est justement dans les softs skills, pour interagir avec le client et régler les questions interpersonnelles.

A voir pour en savoir plus : le programme complet du Congrès de l’ACE, qui déclinait pour chaque thème un espace "soft skills" sur les questions d’organisation du cabinet.

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