Aujourd’hui, le témoignage de Arthur LABAT, Juriste chez Lafargeholcim.
Comment s’est passé la passage en mode "télétravail confiné" pour vous ?
"Étrangement et très rapidement. Ca faisait déjà une petite semaine que nous avions pour obligation de prendre nos PC à la maison le soir, au cas où.
On est équipé d’un cloud, mais également d’un disque réseau. Et on travaille beaucoup (trop) sur le disque réseau.
La première chose, ça a été de reconfigurer le bureau. J’ai un pc chez moi pour jouer et faire de la photo, et j’ai d’abord essayé de simplement brancher mon pc pro à mon écran. Et puis finalement, je fais tout sur mon pc perso (sauf les sites spécifiques comme les congés ou autre).
Un peu compliqués les premiers jours, notamment pour l’accès aux disques réseaux, au bout de trois jours j’avais tout mis en place.
Ma "morning routine" qui me fait dire que je suis au travail : mettre une paire de chaussures. Ce que je ne fait jamais d’habitude, mais là, c’est significatif. Et l’inverse est vrai aussi : quand je les enlève, j’estime que j’ai fini."
Quelles différences principales appréciez-vous ou pas dans cette façon de travailler ?
"Ce que j’apprécie : une encore plus grande liberté d’organisation. Le café, bien meilleur car fait maison, et pas celui de la machine. Les repas aussi.
En fait, ce sont tous les a-côtés. J’ai aussi l’impression que les collègues sont étrangement plus détendus, car ils n’ont pas les trajets notamment (j’habite très près de mon lieu de travail, donc ça ne me change pas trop de ce point de vue là). Ils sont concentrés et déterminés, mais détendus.
Je suis en charge de la prospection et des outils numériques dans mon service, c’est un épisode qui va m’apprendre beaucoup de choses et permettre de prendre des bons plis, et de refaire le point sur la valeur ajoutée la plus conséquente de notre service.
Je n’ai pas tellement changé ma façon de travailler, car je travaille de toute façon toujours à mon bureau, ou en réunion. Par contre, je n’imprime plus (pas d’imprimante à la maison), ce qui ne change rien, sauf peut-être une plus grande fatigue quand je lis de longs projets de contrats.
Ce que j’apprécie moins / pas : la spontanéité qui manque d’un collègue qui passe poser une question ou simplement dire bonjour. On a davantage de sujets de fonds, mais moins de petits sujets qui font que la journée est variée, parfois surprenante.
Il y a des habitudes que l’on souhaite garder, comme la réunion hebdomadaire de service. Nous avions aussi régulièrement des petits déjeuners d’équipe, temps à la fois de cohésion mais également de travail informel.
Concernant l’équipe (très majoritairement féminine, management exclusivement féminin, nous en sommes "fières" :) ), cet épisode va permettre de convaincre / promouvoir à l’extérieur l’importance de la dématérialisation de nos outils.
Les budgets sont parfois délicats à trouver pour nos plus gros projets, et on bricole avec ce qu’on a (les drive, un ou deux logiciels gratuits ou peu chers... etc).
Les cordonniers étant les plus mal chaussés, on prendra le temps, après, d’analyser ensemble tout ce qui a pu nous servir comme outil, ce dont on a manqué, savoir si nos KPI étaient pertinents ou non.
La sortie de confinement sera un moment de retrouvailles et éventuellement de remise en question de notre organisation, de notre façon de travailler et de ce que nous montrons aux autres, ce sur quoi nous rendons compte.
Ah oui, et je peux enfin écouter de la musique sans mes écouteurs, toute la journée !
Plus personnellement, quelles difficultés ou plaisirs constatez-vous après 15 jours ?
"Les difficultés, c’est parfois un manque de motivation. Ce télétravail est dû à la situation, et non pas par rapport à un plan général, ou un souhait de ma part.
Mais en fait, je me connecte pour travailler quand je veux. J’ai mon téléphone portable pro, j’ai ma boite courrielle ouverte, et au bout de deux semaines et demi, je ne me sens plus coupable de prendre 20mn pour regarder une série quand j’ai un trou. Ou simplement pour me détendre. Après tout, en vrai, je prendrais une pause.
Et sur les outils, il va falloir que je prenne un vrai casque audio, parce que les écouteurs intra-auriculaires, au bout de 30 jours au téléphone, ça va faire mal.
Il y a aussi clairement le manque de contacts physiques, le manque de spontanéité dans les blagues entre collègues, et le confinement en lui-même, qui rend un peu l’environnement de travail quotidien.
Le côté humain. Les groupes whatsapp et autres visio aident.
Un plaisir, c’est aussi de voir / vérifier à quel point l’équipe est humainement soudée, de notre Directeur Juridique à l’équipe des "simples juristes". On va en apprendre beaucoup sur nos relations, et ça va changer beaucoup de choses je pense. Et on sera réellement contents de se retrouver à la sortie. "