Vendredi 7 novembre 2008 : après avoir été mardi le théâtre d’une bagarre mémorable, le procès Ferrara est maintenant le lauréat d’un fait qui risque de devenir une jurisprudence historique : en effet, ce dernier s’est tenu aujourd’hui sans la présence de trois de ses principaux accusés.
Mr Antonio Ferrara, Mr Hamid Hakkar et Mr Dominique Battini à 14h30 ont quitté la salle d’audience et ont passé le reste de la journée dans les cellules de la souricière (cellules du Palais de Justice).
Mercredi dernier, dix des accusés menaçaient d’un tel acte après l’échaufourrée de la veille, mais seuls les trois cités au précédent paragraphe ont tenu leur promesse.
Même si la loi n’oblige pas les accusés à comparaître dans la salle d’audience à leur procès, ils doivent malgré tout être présents au tribunal et passer la journée dans la souricière (ce qui leur permet d’être informé en fin de journée des débats qui ont eu lieu sans leur présence).
De mémoire, et après avoir interrogé des experts, le fait de commencer un procès de cour d’assises avec l’ensemble des accusés pour ensuite le poursuivre sans la présence des principaux acteurs crée une jurisprudence que l’on peut qualifier d’historique.
Historique si on prend en compte le fait que non seulement les trois principaux accusés de ce procès ne sont plus présents mais, plus inédit encore, la présence de leurs défenseurs, récusés par les trois coaccusés est aussi à déplorer.
"Dites-nous clairement comment une audience criminelle, pour la première fois dans ce pays, peut se poursuivre sans défenseur", outre l’absence des accusés eux-mêmes, demandait l’avocat Patrick Maisonneuve à la présidente.
Cette dernière a tenté de les commettre d’office, mais les avocats ont refusé en estimant qu’il leur était devenu impossible de défendre des clients qui avaient décidé préalablement de les récuser.
De plus, cette désaffection commence à toucher certains jurés (en effet, depuis le début de la semaine, deux jurés ont déjà été remplacés) ; on ne peut les blâmer, le durée interminable de ce procès rend tout autre activité impossible pour ces honnêtes citoyens.
Décidément, ce procès tourne à la farce historique dont la présidente (Mme Drai) risque de devenir l’acteur d’un "one woman show".
Benjamin Brame