VJ : Quel est ton parcours antérieur au Droit ? Pourquoi l’orientation à la fac de Droit ?
Marion : J’ai choisi de me préparer à un Bac Sciences et Technologies Tertiaires option Action Administrative et Commerciale au lycée Louise Michel à Grenoble.
Attirée très vite par le droit, j’éprouvais un grand intérêt pour la matière économie/droit en terminale. Pour ma part, je n’ai pas eu de grandes difficultés ni d’hésitations à m’orienter vers l’apprentissage du droit pur. La faculté de droit est la seule structure à même d’apporter des bases solides en droit.
Celle-ci permet d’étudier beaucoup de matières généralistes au départ pour ensuite se spécialiser.
Le DUT carrières juridiques paraissait trop peu approfondi et la gestion ne m’intéressait pas du tout. La faculté de droit enseigne des matières essentielles en 1ère année telles que la culture générale, l’histoire du droit mais également une approche du processus politique et législatif très instructive.
VJ : Quelles sont les matières étudiées à la fac de droit ? Quelles étaient/sont tes préférées ?
En 1ère année de licence, les principales matières étudiées sont le droit civil et le droit constitutionnel. Au fil de la licence, on se spécialise et on commence à avoir nos préférences, notamment lorsqu’on débute le droit administratif en deuxième année.
Le clivage entre droit public/ privé est considérable.
En général, les étudiants savent rapidement si ils se tourneront vers l’un ou l’autre.
En 3ème année, on choisi les travaux dirigés en fonction de nos préférences : c’est à dire privatiste (droit civil et droit commercial), publiciste (droit administratif et droit européen), généraliste (droit civil et droit administratif). J’ai choisi la dernière filière pour avoir un équilibre entre les 2, n’ayant pas beaucoup d’attirance pour le droit international et européen.
VJ : La fac de Droit, « c’est un peu les vacances ? » c’est que disent les étudiants en commerce ou écoles diverses. Qu’en penses-tu ?
Ils se trompent ! Les emplois du temps sont très chargés entre les travaux dirigés (présence obligatoire) et les cours en amphithéâtre. Les journées sont assez lourdes et on écrit beaucoup.
En Master 1, nous n’avons qu’une après midi de libre et encore celle-ci peut être dédiée aux langues, notamment l’anglais juridique.
Par ailleurs, le travail personnel en dehors des cours est très important. Les séances de travaux dirigés à préparer nécessitent beaucoup de temps (dissertation juridique, commentaire d’arrêt, cas pratiques, fiches d’arrêts, textes doctrinaux à lire...).
Il n’est pas rare que je passe mes dimanches à terminer le travail non fini en semaine et pour les révisions.
Nous avons toujours en moyenne 7 matières par semestre.
L’investissement personnel est donc très important car on se laisse vite dépasser si on ne travaille pas régulièrement. Les étudiants passent beaucoup de temps à la bibliothèque universitaire.
VJ : Quel est le degré d’encadrement à la fac ?
S’agissant des cours en amphithéâtre, on est très peu encadrés. C’est pour cela que les travaux dirigés représentent un bon complément. On approfondit le cours au maximum.
Les professeurs ne sont pas derrière nous pour nous pousser à travailler. _ L’encadrement est relativement faible si on compare avec un BTS ou un DUT.
Par contre les professeurs sont très à l’écoute et toujours disponibles pour nous donner des conseils.
Les étudiants en fac sont nécessairement autonomes du point de vue de l’information. Quand on arrive à la fac c’est très difficile de s’adapter pour certains ; la rupture avec le lycée est évidente. Mais cela pousse à se débrouiller seul. Il faut s’informer par les panneaux d’affichage, l’intranet de la faculté. Certains se rendent vite compte qu’ils ne sont pas faits pour ce genre de structure...
VJ : Dans ta classe, c’est "compétition" ou "entraide" ?
Pour ma part, je dirais que cette année de master 1 est synonyme d’entraide.
C’est un grand changement par rapport aux années de licence où l’on se sent plus seul car plus nombreux à étudier.
En master 1 droit public, nous sommes moins nombreux que les master droit privé, cela favorise donc le dialogue. On s’entend relativement bien, et on n’hésite pas à s’aider en cas de difficulté.
L’ambiance générale est très bonne. Dans la promotion actuelle nous sommes 40.
VJ : Combien d’étudiants arrêtent ? Cela diminue-t-il au fur et à mesure des études ? Quels soutiens ?
Le nombre d’étudiants diminue au fil des années de licence. Cependant au bout de la 2ème année, la plupart persévère. Le « grand tri » se fait essentiellement en 1ère année car beaucoup ne savent pas que l’entrée en matière est si complexe.
D’autres s’inscrivent par dépit, sans conviction.
Un système de tutorat a été récemment mis en place pour les élèves de 1ère année en difficulté n’ayant pas validé leur 1er semestre. Ce tutorat s’effectue sur la base du volontariat. Ce sont des élèves de master essentiellement qui vont leur donner des conseils de méthode à raison de 2h par semaine. C’est un encadrement supplémentaire et une aide non négligeable !
Autre aide pour notre master 1 droit public : les conférences de méthodes (entrainements oraux, CV, lettre motivation, méthode dissertation et note de synthèse pour préparer aux concours).
VJ : A quoi ressemble ton quotidien ?
De longues journées à la fac, du travail personnel à la bibliothèque autant que possible, travail encore chez soi quelques soirs par semaine cependant il faut savoir décompresser. Le dimanche est souvent consacré au travail à faire en TD, révisions...
VJ : L’aspect financier ne t’as jamais fait douter ?
L’aspect financier m’a souvent fait douter car ce sont des années d’étude très longues sans rémunération. Je suis bénéficiaire d’une bourse qui contribue à mes dépenses alimentaires (étant indépendante). Il est très difficile d’avoir un job à coté des études de droit (journées déjà assez lourdes), il faudrait nécessairement louper certains cours et le travail personnel s’en trouverait diminué.
Cela peut conduire à l’échec mais il est compréhensible que des étudiants soient obligés de travailler à coté des cours. Personnellement, je n’ai aucun coup de pouce de mes parents et je me débrouille très bien.
VJ : Et après ?
J’envisage d’effectuer un Master 2 Administration et droit de l’action publique dans cette même faculté. Ce master 2 offre des débouchés dans la fonction publique territoriale et la fonction publique d’État. Les étudiants auront vocation à occuper des emplois dans les collectivités territoriales et les établissements publics.
VJ : Quels conseils donnes-tu aux étudiants en L3 qui doivent choisir entre privé/public ?
Le choix se fera je pense, naturellement, comme cela a été le cas pour moi. En fonction des matières que l’on affectionne particulièrement on sait souvent vers quelle branche se diriger. Une grande proportion d’étudiants préfère le droit privé. Nous sommes beaucoup moins nombreux en droit public et droit international et européen.
VJ : Quels sites internet, en plus du Village de la justice, utilises-tu ?
Pour mes recherches de droit :
Les collections numériques sur le site de la BU,
des revues numériques avec accès "abonnés" : (Dalloz, LexisNexis, Doctrinal, Cairn, Jurisclasseur, des revues spécialisées telles que l’AJDA (actualité juridique en droit administratif)
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Si le parcours de Marion vous intéresse et/ou que vous souhaitez échanger avec cette étudiante : marion38000 chez hotmail.fr ou réagissez sur le forum du village de la justice .