La nécessité d’une modification statutaire.
Il est, depuis le 1er juillet 1978 [1] et l’apport de l’article 1844-1 au Code civil [2], dans l’orthodoxie juridique de considérer la clé de répartition des dividendes, entendus en les parts des sommes distribuables de l’exercice que l’assemblée générale des associés ou des actionnaires décide de répartir entre eux conformément aux dispositions statutaires [3], comme une variable de décision soumise à tempérament par la loi contractuelle.
A cet effet, le sous-syntagme « le tout sauf clause contraire » du premier alinéa de l’article 1844-1 a pu bénéficier d’un éclairage jurisprudentiel sur la question de la compétence pour la détermination de la formule de répartition des dividendes, et la chambre commerciale jugera finalement, à l’occasion d’une décision du 18 décembre 2012 [4] que la « modification de la répartition de la part de chaque associé dans les bénéfices sociaux ne pouvait résulter que d’une décision collective des associés », en l’occurrence prise dans le cadre d’une assemblée générale extraordinaire approuvant une résolution modificative des dispositions statutaires.
La ratification par décision unanime extra-statutaire : une pratique dérogatoire à la portée limitée.
Après l’arrêt de la première chambre civile de la Cour de cassation en date du 2 mars 2004 [5], une double observation s’est trouvée sacralisée dans la nature des actes ratifiant une pratique modificative des prévisions statutaires : d’une part, l’exigence d’un respect de conditions de fond et de forme se trouve réaffirmée en la nécessité d’une matérialisation non équivoque de la volonté commune des associés de modifier la clé de répartition des bénéfices sociaux, usant comme véhicule le consentement unanime et l’indication précise de l’objet de la stipulation [6] ; d’autre part, la validité de l’acte est indifférente de sa nature, pourvu qu’il soit régulièrement ratifié et qu’il en résulte une indiscutable et régulière modification statutaire.
A ce niveau, il n’en résulte pas moins une interrogation concernant le formalisme encadrant une telle pratique, notamment en ce qui porte sur les éléments requis par l’article 46 du décret no 78-704 du 4 juillet 1978 [7].
Ainsi, si aucune mention n’est faite de la part de la Cour de cassation, on espèrerait la soumission à un certain cadre permettant le maintien des dispositions réglementaires en droit positif. Finalement, la question de la portée semble être fondamentale pour la résolution de la problématique, la conséquence étant qu’en la manifestation unique d’un acte unanime, et à défaut de respecter les formalités de publicité attachées aux modifications statutaires, la décision de bouleversement d’une formule de répartition des bénéfices sociaux ratifiée ne saurait être opposable aux tiers et se présenterait davantage comme un résidu imparfait de la pratique sociétaire : son opposabilité se trouve limitée par l’effet relatif du contrat, l’acte demeurant inopposable aux tiers.
En somme, bien qu’une répartition inégalitaire des bénéfices sociaux puisse trouver sa base au sein d’un acte constatant la décision unanime des associés, on préférera une modification statutaire dans le cadre d’une ratification pérenne, notamment en vue de l’objectif de protection des intérêts des tiers.