Comprendre l’exequatur : le point de départ vers l’exécution.
L’exequatur est une procédure juridique qui confère force exécutoire à une décision de justice ou une sentence arbitrale rendue à l’étranger, lui permettant ainsi d’être appliquée sur le territoire français. Il ne s’agit pas d’une révision du fond de la décision, mais d’une vérification par le juge français de certaines conditions formelles et matérielles, notamment sa conformité à l’ordre public international. En France, cette procédure est régie par le Code de procédure civile et diverses conventions internationales, dont la Convention de New York de 1958 sur la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères.
L’article 1514 du Code de procédure civile dispose que les sentences arbitrales sont reconnues ou exécutées en France si leur existence est établie par celui qui s’en prévaut et si cette reconnaissance ou cette exécution n’est pas manifestement contraire à l’ordre public international. L’article 1515 du même code dispose que si Les documents ne sont pas rédigés en langue française, la partie requérante en produit une traduction. Elle peut être invitée à produire une traduction établie par un traducteur inscrit sur une liste d’experts judiciaires ou par un traducteur habilité à intervenir auprès des autorités judiciaires […].
L’objectif principal de l’exequatur est de transformer une sentence arbitrale étrangère en un titre exécutoire en France. Sans cette reconnaissance, la partie bénéficiaire de la sentence ne peut pas recourir aux voies d’exécution forcée (saisies, etc.) pour contraindre la partie adverse à s’exécuter. Le tribunal compétent pour accorder l’exequatur est généralement le tribunal judiciaire, et en France, le tribunal judiciaire de Paris a une compétence particulière pour les sentences arbitrales internationales.
La nécessité d’une traduction assermentée.
Lorsque la sentence arbitrale ou les documents qui l’accompagnent ne sont pas rédigés en français, une traduction est impérative. Toutefois, une simple traduction libre ou non certifiée ne suffit pas. C’est ici que la traduction assermentée devient un élément clé du dossier.
Une traduction assermentée est réalisée par un traducteur expert agréé par une autorité judiciaire française (cour d’appel). Ce traducteur a prêté serment, attestant ainsi de la fidélité et de l’exactitude de sa traduction par rapport au document original. La traduction est ensuite revêtue du sceau et de la signature du traducteur, lui conférant une valeur légale et probante indispensable devant les tribunaux.
Accessibilité pour le juge français.
Pour que le juge français puisse examiner la sentence et s’assurer qu’elle ne contrevient pas à l’ordre public international, il doit pouvoir en comprendre parfaitement le contenu. Une traduction assermentée élimine toute ambiguïté linguistique et garantit que le juge dispose d’une version fiable et légalement recevable de la sentence dans sa langue officielle. Sans cette traduction, le juge pourrait refuser d’accorder l’exequatur ou exiger une nouvelle traduction, entraînant des retards significatifs.
Réduction des risques de rejet et des délais.
Une traduction de mauvaise qualité ou non certifiée est une cause fréquente de rejet ou de prolongation des procédures d’exequatur. En investissant dans une traduction assermentée dès le départ, les parties s’assurent que leur dossier est complet et conforme aux exigences légales, minimisant ainsi les risques de contestation ultérieure, d’erreurs d’interprétation ou de refus pour vice de forme. Cela permet d’accélérer l’obtention de l’exequatur et, par conséquent, l’exécution rapide de la sentence.
La valeur ajoutée d’une traduction de qualité.
Outre les aspects purement juridiques, une traduction assermentée de haute qualité apporte une valeur ajoutée stratégique. Elle renforce la crédibilité du dossier et démontre le sérieux de la partie demanderesse. Dans un environnement multiculturel où les nuances juridiques et linguistiques sont nombreuses, la précision terminologique d’un traducteur spécialisé en droit est primordiale.
Éléments clés à préparer pour la demande d’exequatur.
Pour maximiser les chances de succès de votre demande d’exequatur d’une sentence arbitrale étrangère, il est essentiel de préparer un dossier complet et conforme aux exigences.
Voici les documents et informations généralement requis :
- L’original de la sentence arbitrale ou une copie certifiée conforme.
- La traduction assermentée en français de la sentence arbitrale et de tout document annexe non rédigé en français. Souvent, les copies originales des sentences doivent être visées par le traducteur (cachet, signature et n° de Ne varietur).
- Les preuves de la notification de la sentence aux parties.
- Les documents attestant la régularité de la procédure arbitrale (par exemple, la convention d’arbitrage).
- Si nécessaire, des apostilles ou autres légalisations, selon les pays et les conventions applicables.
Points clés à retenir.
- Prérequis légal indispensable : une traduction assermentée est obligatoire pour toute sentence arbitrale étrangère non rédigée en français, garantissant sa recevabilité devant les tribunaux français.
- Gage d’exactitude et de fiabilité : effectuée par un traducteur agréé, elle certifie la conformité du texte traduit à l’original, permettant au juge un contrôle précis et évitant les retards.
- Facilite l’exécution et la conformité : elle assure le respect de l’ordre public international et des exigences procédurales françaises, optimisant les chances d’obtenir rapidement l’exequatur.


