Le film documentaire "Droit dans les yeux" (1h16) réalisé par Marie-Francine Le Jalu, tourné sur l’année universitaire 2016-2017 et terminé fin 2019, plonge le spectateur au coeur d’une clinique juridique, celle de l’Université Paris 8 à Saint-Denis (93) [1].
Il met en lumière de jeunes étudiant(e)s en Droit qui bénévoles au sein de cette clinique juridique, mettent en pratique ce qu’ils apprennent en cours et qui tout en donnant de leur temps, transmettent leur savoir à leurs concitoyens et les aident à faire valoir les droits et à mieux comprendre les obligations qui leur incombent.
Et ce n’est pas toujours facile, car ces jeunes étudiant(e)s doivent prendre de la distance, mettre de côté ce qu’ils ressentent ; mettre de côté ce qu’ils sont afin d’expliquer et faire comprendre le Droit français, afin d’en faire accepter son application. Il n’est pas toujours évident de faire la part entre le Droit, la morale et les différences culturelles et pourtant c’est ce qu’ils doivent apprendre à faire. Pour cela ils bénéficient des conseils de leurs enseignants et des professionnels du Droit intervenant auprès d’eux.
Au-delà de la volonté de la réalisatrice de montrer un autre visage des jeunes vivant en banlieue, ce film documentaire intéressera toute personne, étudiants en droit, justiciables, associations, municipalités... s’interrogeant sur le fonctionnement des cliniques juridiques, sur une meilleure accessibilité du Droit et sur l’engagement des jeunes générations au sein de la société.
En salle depuis le 1er février 2023 !
- Le film est disponible en DVD au prix de 22 euros [2].
- Il est également distribué en DVD, VOD et projections non commerciales par l’ADAV pour les réseaux institutionnels (médiathèques publiques, scolaires ou universitaires, associations, etc.) [3].
- Le film est disponible pour les établissements scolaires sur simple demande via le Pass Culture (dispositif national qui finance l’accès à la culture pour les élèves) : https://passculture.pro/offre/T-53825/collectif/recapitulatif
La Rédaction de la Justice s’est entretenue avec Marie-Francine Le Jalu pour en savoir plus sur la genèse de ce film documentaire.
Quelles ont été les motivations à la réalisation de ce film ?
Marie-Francine Le Jalu : « Le désir de ce film est né en réaction à la situation sociale et politique en France, et au discours sur les banlieues qui présente les jeunes qui y habitent comme une menace sociale. Il me semblait urgent de remettre un peu plus de complexité au cœur de ces représentations du réel. J’ai alors découvert l’existence de cette Clinique Juridique, la première en France, à l’Université Paris 8 à Saint-Denis (93). Outre le travail de réparation individuelle que mènent ces jeunes, ils jouent aussi un rôle collectif, en aidant les habitants à renouer des liens avec la République, avec leur pays. A travers ce soutien, il est question de Justice, de Démocratie réelle, des sujets qui sont importants pour moi. »
S’il ne fallait en garder qu’un quel est le point fort du film ?
« Sa pudeur.
Le parti pris de mise en scène est un pari. L’enjeu du film est de percevoir la subjectivité des étudiants. Pour cela, j’ai choisi de placer la caméra face à eux, pour capter la plus infime réaction lorsqu’elle traverse leurs visages, leurs regards, alors qu’ils essaient de rester impassibles. Les professeurs et les avocats leur conseillent la distance. Mais il est difficile de rester neutre. Il y a une identification ou une empathie. Très concrètement, à la Clinique, le bureau, le meuble qui sépare les étudiants des justiciables, est comme une digue. C’est aussi ce qui m’a guidée dans ce choix de mise en scène. Mais lors du tournage, la digue est emportée avec l’histoire d’Ilhame... »
A qui s’adresse t-il ?
« A toutes les personnes qui n’osent pas faire valoir leurs droits, quelles qu’en soient les raisons, intimidation, moyens financiers, perte de confiance, etc. »
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
« Il n’y a pas de message à proprement parler, mais beaucoup de thèmes qu’il s’agit d’aborder autrement, comme l’engagement, l’immigration, la banlieue, la tension entre justice et droit... Et tout de même un constat : quels que soient leurs origines et leurs parcours, ces jeunes gens s’emparent du Droit et des valeurs de la République, ils prennent une part active à la Démocratie qui n’est pas un état de fait mais une construction permanente. »
Si vous êtes intéressé(e)s pour accueillir la projection de ce film documentaire, contactez par mail : filmsnuitetjour chez gmail.com.
Discussion en cours :
L’article donne envie de découvrir ce document (aire) - car il se peut qu il s agisse bien d un document au sens inédit du choix du sujet, de l articulation justice/société et de son dispositif de production à la fois. S il est visible via une plateforme à distance, je me charge de le faire visionner et même commenter par des spécialistes du genre. Merci de faire passer le message auprès des ayant-droits (réalisatrice et production déléguée ou distributeur). En tout cas, tant l initiative du film que le choix de la rédaction de le citer largement, ici au Village, confirment la nécessité d exister de ce type d expérience. Merci.