Le concours « Projets innovants » s’adresse chaque année aux élèves-avocats et aux jeunes avocats de moins de deux ans d’exercice. Il a pour but d’inciter ces nouveaux entrants à construire un projet professionnel afin de les sensibiliser à la dimension entrepreneuriale de l’innovation dans le domaine des services juridiques… mais aussi de les aider à faire éclore leur projet par un accompagnement.
Il est permis de penser que lors d’une de ces éditions pourraient naître un ou des projets qui bouleverseraient la profession ! Aussi c’est avec grand plaisir que le Village de la Justice a accepté de faire partie du Jury avec la présence de Christophe Albert (cofondateur du site), pour vous en rendre compte et comme toujours, partager les bonnes pratiques et idées.
Ce jury était original et interprofessionnel puisqu’il comptait aussi Nicolas Guérin, secrétaire général chez Orange, Patrick Schmitt, de la direction recherche et innovation du Medef, Danièle Winandy, Head of Risk Innovation Office BNP Paribas et Raphaël Brochard, entrepreneur et cofondateur de la startup Picnic.
La mission était claire, à défaut d’être simple : évaluer les projets (présentés sous forme de pitchs de 5 minutes) qui apportent une réponse pertinente à un problème identifié, présentent une faisabilité et une réponse technique crédible, avec des apports innovants par rapport au monde juridique. De quoi envisager des projets porteurs à moyen terme, et nous n’avons pas été déçus.
Premier enseignement des projets venus de toute la France : beaucoup d’innovations sociales touchant au cœur de l’ambition de l’avocat d’être acteur de la société civile, l’ADN de la profession d’avocat ! Autre thème qui montre que les jeunes générations sont pragmatiques et souhaitent exercer autrement, la facilitation de l’exercice du métier d’avocat.
Second constat à l’issue de cette séance de pitchs, les projets fédèrent souvent des équipes interprofessionnelles (des avocats associés à des développeurs ou autres professionnels), ou bien s’il s’agit d’avocat uniquement ce sont des projets qui sont partis d’un constat d’amélioration possible constatée après quelques mois d’exercice. On est donc là dans une logique très actuelle et entrepreneuriale, qui vise à faire évoluer une pratique de façon pragmatique.
Voici donc cinq projets retenus - et cinq raisons de montrer que les jeunes avocats sont toujours dynamiques.
ALIM’SAFE, la gestion du risque alimentaire en réseau, qui met l’avocat au centre d’un marché.
Ici il est envisagé des services de formation et de veille juridique pour les professionnels de l’alimentation, un audit technique et pourquoi une offre d’assurance de protection juridique spécialisée, le tout accompagné par des avocats spécialisés.
CAE D’AVOCAT, une structure de l’économie sociale et solidaire par des avocats pour des avocats.
Réelle innovation si elle passe toutes les étapes, notamment règlementaires : il s’agit d’un projet de coopérative d’activité et d’emploi (CAE) d’avocats, une structure de l’économie sociale et solidaire (ESS) constituée par des avocats au service de leur exercice.
Il s’agit d’une structure hybride (d’exercice et/ ou de moyens), socialement innovante visant à mutualiser les moyens proposés aux avocats (formation, matériel, comptabilité…) mais aussi à les accompagner (formation, aide au développement…).
GARD’AVOCAT, une plateforme d’organisation des permanences au sein des barreaux.
Gard’Avocat est une plateforme web/smartphone réunissant l’ensemble des fonctionnalités utiles à l’organisation des permanences des avocats, aidant les avocats mais aussi les barreaux qui rencontrent de réels problèmes d’organisation des permanences pour les gardes à vue. La plateforme intégrerait également les autres professionnels concernés.
JAILEDROIT, accompagnement des mineurs migrants dans leur parcours de vie en France.
Dès leur arrivée en France, les mineurs migrants sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance mais aussi par de nombreux autres intervenants (avocats, associations, hébergeants solidaires etc.). Mais la multiplicité des acteurs complexifie la mise en œuvre d’actions (manque de communication, dispersion des informations utiles). Le site souhaite proposer un service novateur accessible à tous les aidants des jeunes migrants (petites annonces solidaires, mise en commun des informations utiles, espace d’échange dédié à l’avocat pour une défense plus efficace des mineurs non accompagnés…)
SOCIÉTÉ, une méthode ludique permettant d’apprendre le fonctionnement des institutions françaises.
Tout à fait dans l’air du temps en remettant le jeu dans l’apprentissage, l’idée consiste à créer un jeu relatif à l’État de droit et la citoyenneté qui pourra redynamiser les cours d’éducation civique, en fournissant un support ludique, à jour juridiquement, et conçu pour donner envie d’apprendre. Parmi les objectifs, faire face au désintérêt des jeunes pour le fonctionnement de l’État et revaloriser la citoyenneté.
Ajoutons pour finir que les projets non retenus l’ont été essentiellement pour des raisons de maturité sans que cela n’enlève à leur pertinence (des projets sur la lutte contre les violences, de justice quantitative ou de protection de la vie privée notamment).
Le 24 octobre à l’occasion de la remise des prix de la 4ème édition du Concours Projets Innovants, Alim’Safe a été désigné par un second jury lauréat du Prix du Jury « Alain Hollande » tandis que l’équipe JAILEDROIT a obtenu le Prix du Public.