Selon la Campagne de sensibilisation 2021 de l’Office de l’Union Européenne pour la Propriété Intellectuelle (EUIPO) lancée le 8 juin dernier, les consommateurs éprouvent de plus en plus de difficultés à faire la distinction entre des produits authentiques et des contrefaçon, en particulier lors d’achats en ligne. Ainsi, près de 10% des consommateurs en Europe auraient été induits acheter des contrefaçons sans le savoir.
Par ailleurs, une étude conjointe de l’EUIPO et de de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique la part des produits de contrefaçon représente 6,8% des importations dans l’Union européenne, pour un montant de 121 milliards d’euros et touchant de tous les secteurs (cosmétiques, mode, pièces automobiles, électronique, pesticides ou encore les produits pharmaceutiques) et tous les types d’entreprises (de la maison de luxe à la PME, en passant par les grands groupes industriels ou pharmaceutiques).
Outre des pertes financières pour les titulaires de droits et une atteinte à leur image et réputation, les contrefaçons peuvent présenter des problèmes graves pour la santé et la sécurité des consommateurs. L’EUIPO alerte sur le fait que cette prise de conscience s’est accrue depuis la crise sanitaire en raison de la prolifération des médicaments ou dispositifs médicaux (comme les masques chirurgicaux) contrefaits.
De faux vaccins ont même été récemment découverts.
Comment les entreprises peuvent-elles réagir pour combattre le fléau de la contrefaçon ?
En premier lieu, il est important pour une entreprise de protéger ses innovations et créations par le dépôt de droits de propriété intellectuelle tels des brevets, marques, dessins ou modèles octroyant à leur titulaire un monopole d’exploitation. En effet, sans droit de propriété intellectuelle à opposer, une entreprise ne pourra pas facilement contraindre un tiers à cesser de copier son produit ou son invention. Un droit de propriété intellectuelle ayant une portée territoriale limitée, il est important de s’assurer que les territoires protégés correspondent bien aux territoires sur lesquels l’entreprise exploite son innovation ou sa marque.
Outre les outils juridiques classiques (dépôts de droits de propriété intellectuelle), les entreprises peuvent également recourir aux nouvelles technologies pour identifier, tracer, garantir l’authenticité d’un produit. Ainsi, certaines marques de prêt à porter apposent déjà des hologrammes sur les étiquettes de leurs vêtements afin de « compliquer le travail des contrefacteurs ». Aujourd’hui, la technologie de la blockchain permet également - en particulier aux marques de luxe - de suivre en toute transparence les transactions d’un produit et ainsi de garantir l’authenticité d’un produit neuf ou d’occasion.
Egalement, les titulaires de droits de propriété intellectuelle peuvent coopérer avec les douanes, notamment en déclarant leurs droits et ainsi faciliter le travail des agents en leur permettant de retenir les marchandises suspectes. A réception d’une notification de retenue, si l’entreprise confirme qu’il s’agit de produits de contrefaçon, ils pourront - sous certaines conditions - faire l’objet d’une procédure de destruction simplifiée. Cette collaboration entre les entreprises et les autorités douanières se montre efficace mais également dissuasive.
De plus, de nombreuses entreprises ont mis en place une stratégie de surveillance des marchés. Dès qu’elles ont connaissance d’un produit litigieux, les entreprises peuvent agir en justice pour faire valoir leurs droits devant les tribunaux spécialisés.
En matière de contrefaçon, les titulaires de droits de propriété intellectuelle peuvent solliciter des mesures de saisie-contrefaçon sur autorisation d’un juge, lesquelles permettent de recueillir - directement chez le contrefacteur présumé - des preuves des actes de contrefaçon ainsi que des informations sur l’étendue des actes litigieux.
Enfin - et peut-être surtout ? - la prévention ne doit pas être négligée. Il est important de sensibiliser les consommateurs sur les dangers de la contrefaçon pour leur sécurité ou leur santé, les risques légaux encourus par le simple fait d’acheter des produits de contrefaçon mais aussi mettre l’accent sur les conditions de fabrication desdits produits (conditions de travail des employés, travail des enfants…). Ces mesures - de la responsabilité tant des entreprises que des pouvoirs publics - ont déjà démontré des effets positifs.
Une lutte efficace contre la contrefaçon nécessite des approches mixtes, par un usage de chacun des outils à la disposition des entreprises et un engagement à tous les niveaux, du management, au département R&D en passant par les circuits de distribution.