Lors de cette intervention portant sur le bouleversement que peut avoir l’IA sur l’enseignement et la formation des étudiants et des professionnels, et des enjeux de cet apprentissage ou mise à jour, quatre intervenants experts motivés, complémentaires, ont apporté leur regard sur les enjeux de la formation à l’IA pour la pratique du Droit :
Enke Kebede, ancienne Directrice de l’ERAGE, désormais « Learning Experience Designer » ;
Malo Depincé, Professeur de droit à Montpellier et Chargé de mission formation à l’IA,
Thibault Oudotte, fondateur de Side Quest (organisme de formation pour les professionnels du droit),
Christophe Albert, co-fondateur du Village de la justice.
Voici une synthèse audio, et plus bas des éléments clés que nous vous proposons [1].
Les intervenants s’accordent sur la nature révolutionnaire de l’IA pour les métiers du droit et sur l’impératif de formation. Cette formation doit être généralisée, continue et diverse dans ses modalités. Elle ne se limite pas à la simple utilisation des outils, mais englobe la compréhension des technologies sous-jacentes, l’analyse critique des résultats, la maîtrise des données et une réflexion sur les enjeux éthiques et juridiques.
Comprenons bien que l’IA va remodeler les compétences requises pour tous les professionnels du droit, créer de nouvelles opportunités, mais aussi soulever des défis liés à l’adaptation, à la justification de la valeur humaine et à l’évolution des relations avec les clients.
L’université et les acteurs de la formation comme les organismes de formation continue jouent un rôle essentiel dans cette transition, en formant les générations futures et en accompagnant les professionnels en exercice.
Sans retranscrire l’intégralité des riches débats, voici quelques idées clés abordées...
- La formation est une nécessité et elle commence dès première année de la fac de Droit, jusqu’au professionnel en formation continue.
- L’IA change les règles du jeu par rapport aux technologies précédentes. Il y a un savoir-faire, le prompting, et une compréhension profonde du "mécanisme" de l’IA ; c’est aujourd’hui une compétence à part entière, pas juste quelque-chose comme "une interface à apprendre".
- La transformation est très rapide et continue. En un an, l’évolution a été significative, nécessitant une mise à jour constante des compétences. Il va sans doute falloir se mettre à jour sur les techniques IA tout au long de notre vie !
- Absolument tous les métiers sont concernés par le besoin de formation à l’IA... Cela inclut les étudiants, les enseignants, les avocats, les notaires, les directions juridiques et les fonctions support... La connaissance de l’IA devient une compétence de base nécessaire pour tous.
- De nouvelles compétences techniques et d’analyse de données sont cruciales.
- L’IA permet de repenser les modalités de formation. Pédagogie, mode d’enseignement, types de travaux, documentation... Tout change et de nombreuses facultés de Droit s’y mettent dès 2025 ; les organismes de formation continue aussi, tout comme les chargés de formation en cabinet ou entreprises.
- L’IA change la relation-client, notamment en donnant accès à des réponses juridiques directes, qui peuvent parfois court-circuiter ou bousculer le juriste. Elle change aussi le recrutement. Bref, il n’y aura pas qu’une question de pratique du Droit, mais aussi de Management des cabinets et directions juridiques.
- La certification des compétences en IA est un enjeu fort pour ces prochaines années. Il va y avoir un enjeu de justification ou de certification, pour préciser son niveau d’utilisation de l’IA ; l’offre de formation va se structurer en catégories ; ça va venir rapidement, et ce sera très utile sur les CV par exemple.