Pollution environnementale : l'État responsable… sauf si ? Par Lara Soulié-Julien et Camille Wautier, Avocates.

Pollution environnementale : l’État responsable... sauf si ?

Par Lara Soulié-Julien et Camille Wautier, Avocates.

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Explorer : # responsabilité de l'État # droit de l'environnement # pollution # preuve

Ce que vous allez lire ici :

Le site Metaleurop a causé une pollution nocive, poussant des riverains à poursuivre l'État pour négligence. Bien que la cour ait initialement donné raison aux habitants, le Conseil d'État a annulé la décision, soulignant la nécessité d'une preuve solide de la faute de l'État. Les responsabilités environnementales demeurent complexes.
Description rédigée par l'IA du Village

Vous vivez à proximité d’un ancien site industriel ? Votre terrain est pollué ? Vous pensez, logiquement, que l’État devrait vous protéger - et vous indemniser s’il ne l’a pas fait ?

L’affaire Metaleurop [1], jugée récemment par le Conseil d’État, remet les pendules à l’heure : oui, l’État peut être tenu responsable… mais pas à n’importe quelles conditions.

Et surtout : pas sans preuve solide, ciblée, presque chirurgicale.

Ce que cette décision change, c’est la manière de démontrer la faute de l’administration.

-

Rappel des faits : un site industriel, des sols pollués, des riverains désemparés.

Le site Metaleurop, dans le Pas-de-Calais, a longtemps accueilli une activité de fonderie et de traitement de métaux lourds. Résultat : une pollution durable, diffuse, et très préjudiciable aux habitants alentours.

Face à cette situation, plusieurs riverains ont décidé d’attaquer l’État. Leur argument ?

L’État, à travers ses services préfectoraux, aurait dû mieux encadrer l’exploitant.

Il aurait dû anticiper, imposer plus de contraintes, aller au-delà des seules normes minimales.

La Cour administrative d’appel de Douai leur donne raison :

« L’Etat a commis une faute de nature à engager sa responsabilité en n’exigeant pas, par les arrêtés préfectoraux encadrant l’activité de cette installation classée, une diminution plus significative des polluants atmosphériques, concernant plus de points de rejet, dont la pollution diffuse, quitte à anticiper, le cas échéant, plus largement sur les normes nationales ».

Elle va même plus loin en considérant que les obligations de l’État s’étendent aux terrains avoisinants, pas seulement au site industriel :

«  De telles mesures peuvent concerner, le cas échéant, des terrains situés au-delà du strict périmètre de l’installation en cause, dans la mesure où ceux-ci présentent des risques de nuisance pour la santé publique ou la sécurité publique ou la protection de l’environnement, se rattachant directement à l’activité présente ou passée de cette installation ».

La décision est forte : l’État est condamné à indemniser la perte de valeur des propriétés et les troubles de jouissance des riverains.

Plot twist : le Conseil d’État annule la condamnation.

Mais voilà : le 24 juillet 2025, le Conseil d’État annule cette décision [2]. Pas parce qu’il nie la pollution. Pas même parce qu’il considère que l’État a agi parfaitement.

Non : parce qu’il estime que la preuve de la faute n’est pas assez précise.

Ce que dit le Conseil d’État, c’est que le simple fait que la pollution ait continué malgré les mesures préfectorales ne suffit pas.

Encore faut-il prouver, point par point, que les prescriptions étaient insuffisantes au regard des connaissances scientifiques de l’époque, et que l’administration avait les moyens d’agir autrement - mais ne l’a pas fait.

Le Conseil d’Etat commente d’ailleurs sa décision en ces termes :

« Pour juger que l’État avait commis une faute dans la mise en œuvre de la police des installations classées, la cour administrative d’appel s’est seulement fondée sur le constat que les mesures imposées par les préfets successifs n’avaient pas permis d’empêcher la pollution des sols liée à l’activité du site depuis le début du XXe siècle.

Le Conseil d’État a jugé qu’elle ne démontrait pas, ce faisant, en quoi l’administration, en dépit de l’ensemble des contrôles et prescriptions décrits ci-dessus et compte tenu des informations dont elle avait disposé au fil des années, avait manqué à ses obligations dans l’encadrement de l’installation ».

L’État n’est pas intouchable, mais la charge de la preuve est élevée.

La position du Conseil d’État est claire : la responsabilité de l’État en matière environnementale n’est pas automatique. Elle repose sur deux piliers :

  • L’État doit, en amont, adopter des prescriptions suffisantes pour encadrer l’activité industrielle.
  • Et en aval, assurer un contrôle réel et continu du respect de ces prescriptions.

C’est ce que rappelle le Conseil d’État en citant l’article L511-1 du Code de l’environnement :

« Il appartient à l’État, dans l’exercice de ses pouvoirs de police en matière d’installations classées, d’assurer la protection des intérêts mentionnés à l’article L511-1 […], en assortissant l’autorisation d’exploiter de prescriptions adaptées, et en veillant à leur respect ».

En d’autres termes : le devoir de surveillance existe, mais la preuve d’un manquement doit être rigoureuse, circonstanciée, contextualisée.

L’affaire Metaleurop montre une chose : le droit de l’environnement est un droit de combat.

Ce que l’État aurait dû faire,
ce qu’il n’a pas fait,
et que cela a directement conduit au dommage que vous subissez.

Lara Soulié-Julien, Avocat au barreau de Bourges
et Camille Wautier, Avocat au barreau de Toulouse
Drouot Avocats
https://www.drouot-avocats.fr

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Notes de l'article:

[1Cour administrative d’appel de Douai - arrêt n° 22DA00216 - 20 mars 2024.

[2Arrêt du Conseil d’état du 24 juillet 2025 / Ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires c/ M. et Mme C…, req. n° 496331.

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