La profession d’avocat au civil : un métier d’engagement et de responsabilités.

Benoit Henry
Avocat Spécialiste de la Procédure d’Appel
Barreau de Paris
bhenry chez recamier-avocats.com
Président du Réseau Récamier
Membre de Gemme-Médiation

Vous êtes attiré par le métier d’avocat ?
Vous envisagez de suivre des études de droit et de vous préparer aux concours d’accès à l’école d’avocats ? On connaît le niveau élevé de la sélection qui vous attend. Réfléchir sur les qualités requises et les compétences fondamentales qui sont attendues des candidats constitue, à n’en pas douter, un travail indispensable à une préparation efficace. Le futur avocat doit en effet réunir un certain nombre d’aptitudes qui font l’objet de toute l’attention du jury du concours.
L’objet de cet article est de proposer un guide d’orientation professionnelle sur la mission d’avocat au civil.

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La justice évolue avec la société. Une chose est sûre : on aura toujours besoin d’avocats pour faire appliquer la loi et défendre les justiciables. Une chance pour les jeunes qui veulent travailler dans le secteur.

Ce guide est particulièrement pertinent et nécessaire. Il leur propose de découvrir le métier d’avocat au civil. Pour être dans le vif du sujet, il est présenté les qualités requises, les compétences fondamentales et la vie de la profession, les débuts dans le métier, le parcours professionnel.

Il guide les jeunes et leur famille dans leurs choix de parcours de projet professionnel, et fournit des ressources aux équipes éducatives qui aident les jeunes dans leur démarche d’orientation.

Pascal a écrit : « la chose la plus importante à toute la vie, c’est le choix du métier ». Pour que le hasard n’en décide pas pour vous, je voudrais vous présenter les professions judiciaires.

J’essaierai d’esquisser leur portrait, leurs difficultés, leurs risques et leurs devoirs, leurs misères assurément, mais aussi leur grandeur. Tout ce que vous devez savoir pour choisir votre métier. Cette réflexion est essentielle pour choisir votre métier,

Je voudrais vous présenter de manière pertinente les principales qualités requises et les indispensables compétences fondamentales attendues de l’avocat par l’ensemble des acteurs du système judiciaire.

I- Les principales qualités requises pour un avocat au civil.

Un bon avocat doit avoir un sens aigu de la justice et de l’équité.
Il est nécessaire d’être rigoureux, doté d’un excellent esprit d’analyse et de synthèse, et capable de travailler sous pression.
L’avocat doit avoir un grand sens de l’écoute et savoir faire preuve de diplomatie tout en étant persuasif.

II- Les compétences fondamentales.

Le métier d’avocat judiciaire au civil est un métier qui nécessite à la fois la maîtrise des techniques juridiques et la capacité essentielle à appréhender les enjeux humains.

Des compétences fondamentales de l’avocat ont ainsi été définies au regard des différents domaines (affaires, civiles, pénal, social) qu’il peut être amené à exercer, des environnements auxquels il peut être confronté ou encore des situations humaines qu’il doit affronter.

Elles déterminent un profil de compétences qui permet de cibler le recrutement des futurs avocats et d’orienter la formation initiale et continue pour favoriser leur développement.

Les 8 compétences majeures de l’avocat sont :

  • Le sens de la situation ;
  • La maitrise de soi ;
  • L’appropriation des règles éthiques et déontologiques ;
  • Les connaissances juridiques appliquées ;
  • L’écoute ;
  • La gestion du temps ;
  • La compétence technique ;
  • L’intégrité morale.

Les fondements déontologiques sont des devoirs essentiels au service de la justice.

Les devoirs de compétence, de dévouement, de diligence et de prudence communs aux professions d’avocat les obligent à conseiller leurs clients sur l’opportunité d’engager ou non des actions en justice. Tout avocat est ainsi tenu par ses devoirs et obligations déontologiques de conseiller son client sur les chances de succès de toute demande en justice.

Les avocats, professionnels libéraux indépendants, exercent leurs activités conformément à leur serment fondé sur des valeurs éthiques encadrées par une déontologie stricte. Les bâtonniers et le parquet assurent l’action disciplinaire de cette profession règlementée. La profession d’avocat interdit les conflits d’intérêts.

La compétence technique ne peut donc être dissociée de l’intégrité morale. L’avocat ne saurait être un simple technicien du droit ; il doit incarner des valeurs éthiques pour être digne de persuader et de défendre. L’article 183 du décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat dispose que : "toute contravention aux lois et règlements, toute infraction aux règles professionnelles, tout manquement à la probité, à l’honneur ou à la délicatesse, même se rapportant à des faits extraprofessionnels, expose l’avocat qui en est l’auteur aux sanctions disciplinaires".

Cette disposition moderne fait directement écho au concept antique de "vir bonus" en exigeant de l’avocat :

  • La probité : honnêteté et intégrité dans l’exercice professionnel ;
  • L’honneur : dignité et respect des valeurs de la profession ;
  • La délicatesse : finesse et tact dans les rapports professionnels.

III- Vie de la profession et point de vue.

1.1 Les magistrats et les avocats collaborent à l’œuvre de justice.

Ils ont un rôle essentiel à jouer dans l’édification de l’œuvre de justice et d’une communauté de juristes plus forte, plus compétitive, et répondant aux besoins contemporains des usagers du droit. Les magistrats et les avocats forment une seule et même famille, la grande famille judiciaire. Le public discerne mal leurs rôles et les détails de leurs robes. Il les englobe dans un même jugement, élogieux ou critique. Qu’une défaillance se produise dans un de leurs corps, tous en sont atteints dans l’opinion publique et tous ensemble, solidaires, ils en souffrent. Par-delà les opinions internes, leur robe les recouvre d’une même solidarité. Ils ont le même culte du juste et du vrai et ils professent les uns envers les autres, une estime véritable et profonde. Ils collaborent à l’œuvre de justice. Tous sont les bons serviteurs de la justice.

1.2 L’importance de la plaidoirie orale.

La profession d’avocat séduit. L’avocat est un homme libre. Sa discipline, il se la donne librement et ce sont ses pairs qui l’administrent. Il défend la liberté.

Sa voix sonore, son verbe ou pathétique ou véhément et parfois insolent, et jusqu’à ses effets de manche attirent le public. C’est un artiste qui devant les tribunaux joue des drames sans répétitions et sans reprises.
Aussi, la profession brille-t-elle.

Mais, que l’on ne s’y trompe pas, c’est souvent en apparence seulement.
Pour un avocat qui atteint au renom et à la fortune, combien qui travaillent pauvrement et dans l’ombre, artisans obscurs de la justice.

Le bref éclat d’une plaidoirie retentissante ne s’acquiert qu’au prix de longues journées d’étude et de méditation.
La première qualité de l’orateur, c’est la probité

Au civil, la plaidoirie est utile, mais elle ne sonne pas comme devant les assises et même dans cette enceinte, l’art de la plaidoirie décline. L’avocat n’écoute que pour réfuter. Il contredit. Il devient habile à plaider le pour et le contre.
Et encore, obligé qu’il est de plaider avec feu, il risque de montrer quelque jactance, d’enfler pour compenser les exagérations de l’adversaire : la frontière du mensonge est proche.

Mais, est-ce bien le propre du « Vir bonus dicendi peritus » ?
Les Anciens ont défini l’orateur comme un homme de bien qui sait parler. Pour être digne de persuader, il doit être incorruptible.

Dans tout ce que dit un homme véritablement éloquent, on reconnaît la double autorité du talent et de la vertu. On ne peut s’empêcher d’aimer et d’estimer un tel caractère.

Si la liberté d’action, si les droits de l’avocat sont presque sans limites, il a des devoirs nombreux, importants à remplir ; sur sa tête et sur son cœur pèse une immense responsabilité !

Ainsi doivent agir ceux qui prennent au sérieux l’art de la parole, ainsi doit se préparer l’orateur honnête, consciencieux, vir bonus, dicendi peritus, qui veut consacrer son noble talent à la justice, à la vérité, au bien.

1.3 L’importance de la procédure écrite devant les cours d’appel.

Depuis le 1er janvier 2012, ce sont désormais les avocats qui exercent le monopole de représentation devant les cours d’appel. Les anciens avoués sont devenus des "avocats postulants" spécialisés dans la procédure d’appel. La mention de spécialisation attribuée aux seuls anciens avoués par la loi du 25 janvier 2011 attestent des compétences spécifiques devant la cour et constituent une réelle valeur ajoutée vis-à-vis de sa clientèle.

La profession de l’avocat postulant a moins d’éclats que celle de l’avocat plaidant appelé « dominus litis ». Il est l’homme de l’ombre.
La gloire qui se pose parfois sur le front d’un avocat se limite pratiquement pour un avocat postulant spécialiste de la procédure d’appel de renom dans les limites du ressort de la cour d’appel où il exerce.

Le protocole relègue les avocats postulants au second rang.
Dans ce temple de la parole qu’est le Palais, ils sont astreints au silence.
Ils ne plaident guère que pour défendre leur procédure.

Le travail de l’avocat postulant, spécialiste de la procédure d’appel, est obscur, mais il est indispensable.
Il est regrettable que l’avoué ne soit pas maintenu, mais heureux que l’avocat postulant spécialiste de la procédure d’appel le soit, car il draine la procédure d’appel, il la centralise, il en décharge l’avocat plaidant « dominus litis ».
Il débite la procédure à la chaîne, avec la précision de la série.
Ainsi, le travail de la justice reçoit-il sa division rationnelle.

La cour est heureuse d’avoir comme auxiliaire de justice, les anciens avoués devenus avocats postulants devant la cour pour régler et accélérer la marche des instances : elle joue mieux sur un clavier réduit. Un avocat localement implanté connaît les magistrats, les usages et les pratiques d’une juridiction, en particulier d’une cour d’appel parce qu’il est leur interlocuteur habituel, il veille à ne pas perdre sa crédibilité auprès d’eux, ce qui concourt au respect des règles déontologiques et ce, d’autant plus que l’avocat postulant engage sa responsabilité sur les conclusions remises.

La procédure civile d’appel, c’est la règle du jeu judiciaire, c’est le jeu de la carte. Il y entre beaucoup de conventions

Pourtant, la procédure repose sur le droit dont elle est la mise en œuvre et elle a sa logique. Pour jouer correctement aux cartes, il faut connaître leur valeur et c’est ainsi que la procédure civile suppose une connaissance approfondie du droit civil et l’avocat postulant devant la cour, ancien avoué, n’est un bon praticien que s’il est d’abord un excellent civiliste.

La besogne est assez fastidieuse à longueur de carrière, il signe, envoie et classe des actes de procédures identiques. Il déclenche les mêmes délais ou bien, il est esclave des délais Magendie instaurant des délais préfix sous peine de caducité ou d’irrecevabilité.

La procédure d’appel est particulièrement dangereuse : une mention omise, un délai dépassé et voici l’avocat postulant responsable. Le poids des intérêts dont ils sont chargés et celui de leur responsabilité, voilà ce qui fonde la profession.

1.4 Les difficultés inhérentes à la profession : solitude et complexité.

C’est un métier où l’on peut parfois se sentir seul, le métier d’avocat. Cette solitude professionnelle constitue l’une des difficultés majeures de la profession, notamment pour les jeunes avocats qui regrettent clairement de ne pas pouvoir discuter des dossiers au fur et à mesure de leur avancement. Il est donc conseillé de travailler dans un groupement d’avocats.

Un avocat est là pour défendre et il se doit d’appliquer la loi. Cette mission implique une vigilance constante et une maîtrise technique approfondie du droit.

1.5 Les risques professionnels : responsabilité civile et disciplinaire.

Les avocats sont soumis à une simple obligation de moyen. Ainsi, pas plus que le médecin n’a l’obligation de guérir, l’avocat n’a l’obligation d’éviter à son client la condamnation. En revanche, un avocat qui commet une erreur pourra voir sa responsabilité civile professionnelle engagée sur le fondement de la perte de chance.

1.6 La grandeur et la noblesse de la profession : servir la justice et défendre les droits.

L’avocat fait partie du système judiciaire.
Les avocats défendent les citoyens.

1.7 L’exercice quotidien : entre technique juridique et dimension humaine.

Le procès, pour les avocats qui font du judiciaire, c’est du quotidien. Cela fait donc partie du travail des avocats que d’expliquer à leurs clients que le droit et la procédure.

La médiation et les MARD reposent sur des principes de liberté, d’égalité entre des partenaires, d’autonomie, de responsabilité, d’écoute, de compréhension mutuelle au travers d’un processus souple et confidentiel, qui se révèlent désormais parfaitement conciliables avec le rituel judiciaire depuis le décret n° 2025-619 du 8 juillet 2025 portant diverses mesures de simplification de la procédure civile.

1.8 Le défi de l’évolution personnelle.

D’abord, l’avocat judiciaire passe de longue année d’une attente fastidieuse et vide.
Combien de diplômés de l’École de Formation du Barreau s’imaginent que les dossiers viendront, sitôt la robe achetée.

Qu’ils se détrompent : pendant des mois, il ne plaidera que d’office, au titre de l’aide juridictionnelle ou pour son patron. Ses propres dossiers seront rares et minces, insuffisants à le nourrir. Il devra patienter. En revanche, s’il suit les conférences du stage, elles paraissent garantir le succès à ceux qu’elles distinguent.

Lentement et sûrement, il développera son cabinet. Un jour viendra où l’avocat ne pourra plus y suffire seul, submergé sous les dossiers, se dispersant devant les juridictions éparpillées, il aura besoin de collaborateurs.

Alors son cabinet, passera par une crise de croissance, les frais généraux s’enfleront, le produit fléchira brusquement, un nouvel afflux de dossiers sera nécessaire.

Et voici l’avocat arrivé, il est entré au Conseil de l’Ordre, parvenu au Bâtonnat. C’est le succès, mais combien (peu) y parviennent, ou plutôt combien n’y parviennent pas !

Pour cela, l’avocat doit posséder une santé robuste, une voix claire, un larynx solide.

Conclusion : choisir avocat, c’est choisir un métier d’engagement au service du droit.

La profession d’avocat judiciaire au civil représente bien plus qu’un simple métier : c’est un engagement au service de la justice et des justiciables. Malgré les difficultés inhérentes (solitude professionnelle, complexité technique) et les risques assumés (responsabilité civile et disciplinaire), elle offre la possibilité de participer activement au fonctionnement de la justice et à la défense des droits.
Cette profession demande une formation rigoureuse, une éthique irréprochable et une capacité d’adaptation constante, mais elle permet de contribuer concrètement à l’État de droit et à la protection des citoyens.

Notes.

  • Onisep - Parcours Les métiers de la justice - ISBN 227 301 516 X du 27 mai 2020- éditeur public (office national d’information sur les enseignements et les professions) produit et diffuse toute l’information sur les formations et les métiers.
  • Studyrama guide pratique - Objectif métier avocat les premiers pas dans la profession - Le guide pour les jeunes avocats pour accompagner les premiers mois et premières années de pratique de Me Nicolas Charageat - Objectif orientation Éditeur Studyrama ISBN 978-2-7590-5849- imprimé le 5 Septembre 2025 référents en orientation, découverte des métiers pour aider les jeunes à appréhender le monde demain et s’armer pour le futur en les accompagnant vers les études de leur choix et pour les jeunes avocats pour accompagner les premiers mois et premières années de pratique.
  • Médiation et MARD - Décret n° 2025-619 du 8 juillet 2025 portant diverses mesures de simplification de la procédure civile.

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Benoit Henry
Avocat Spécialiste de la Procédure d’Appel
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