Cette évolution a été clairement mise en lumière lors du Law Firm COO & CFO Forum organisé par Thomson Reuters Institute, qui s’est tenu en octobre 2025. Les dirigeants financiers et opérationnels de grands cabinets d’avocats y ont reconnu que les clients attendent désormais des preuves tangibles de l’impact de l’IA sur les délais, la qualité des livrables et la tarification. Les directions juridiques ne se contentent plus de savoir si leurs prestataires utilisent l’IA : elles veulent savoir comment cette utilisation améliore concrètement la prestation.
Une évolution structurelle des directives aux cabinets externes.
Dans ce nouveau contexte, les directives générales (Outside Counsel Guidelines) prennent une dimension stratégique renforcée.
Traditionnellement conçues pour encadrer les aspects budgétaires, contractuels et opérationnels des missions confiées aux cabinets, ces directives évoluent désormais pour intégrer des exigences nouvelles :
- Identification, pour chaque dossier, des cas d’usage précis de l’IA.
- Évaluation des gains de temps attendus et de leur incidence sur le coût global.
- Traduction de ces gains dans les propositions tarifaires, notamment au travers de forfaits et d’accords tarifaires alternatifs.
Cette évolution marque une rupture : l’IA n’est plus un simple outil de support - elle devient un élément structurant de la relation contractuelle et économique entre l’entreprise et ses partenaires juridiques.
Une gouvernance plus robuste des prestations externes.
Pour les directions juridiques, la révision des directives aux cabinets externes ne se limite pas à une mise à jour formelle. Elle s’inscrit dans une démarche de gouvernance renforcée visant à :
- Mieux maîtriser la dépense juridique externe,
- Rendre les propositions des cabinets plus transparentes et comparables,
- Stimuler l’innovation ciblée,
- Renforcer la prévisibilité budgétaire.
L’intégration de l’IA dans les directives générales permet également d’aligner plus étroitement les objectifs des directions juridiques et ceux des cabinets, en favorisant une relation plus partenariale, orientée vers la performance et la création de valeur.
Une transformation à accompagner.
Ce mouvement de fond suppose une phase d’accompagnement structurée. Les cabinets doivent adapter leurs modèles économiques, repenser leurs méthodes de production et clarifier la valeur ajoutée de l’humain dans un contexte technologique renforcé.
De leur côté, les directions juridiques doivent définir des indicateurs clairs, piloter la transition avec méthode et construire des trajectoires d’intégration progressives afin d’assurer l’adhésion de l’ensemble des parties prenantes.
Vers un nouveau modèle de relation avec les cabinets.
Cette transformation n’est pas seulement technique ou économique : elle redéfinit en profondeur le cadre de collaboration entre entreprises et cabinets d’avocats.
En inscrivant les usages de l’IA au cœur des directives aux cabinets externes, les directions juridiques reprennent la main :
- Elles structurent les pratiques,
- Elles valorisent l’efficience,
- Elles consolident une politique de dépenses plus maîtrisée et prévisible.
Cette nouvelle génération d’OCG incarne une évolution majeure : celle d’une relation davantage pilotée, mesurable et tournée vers la performance collective.
En conclusion : l’intégration explicite de l’IA dans les directives aux cabinets externes constitue une étape décisive vers une fonction juridique plus moderne, plus stratégique et mieux armée pour répondre aux exigences d’un environnement économique en mutation rapide.



