En tant que référent déontologue, j’ai eu l’occasion de tester cette nouvelle IA pour évaluer sa pertinence et déterminer si elle est à la hauteur des attentes. L’initiative est louable : en tant qu’expert du domaine, je sais à quel point les questions déontologiques peuvent être délicates, variées, et souvent urgentes. Avoir un outil accessible en permanence pour répondre à ces questions pourrait représenter une avancée significative.
I) Un entraînement spécialisé et une base de connaissances solide.
Selon Louis Mathevet Bidini, le créateur de "Déontoloogle", cette IA se distingue des autres chatbots et de la version standard de ChatGPT par son entraînement spécifique. Elle a été instruite à partir de sources spécialisées, incluant les différents codes relatifs à la fonction publique, les délibérations et avis de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), les recommandations de l’Agence Française Anticorruption (AFA), ainsi que les jurisprudences pertinentes en matière de déontologie et d’atteintes à la probité. De plus, elle s’appuie sur une synthèse des débats entre référents déontologues, ce qui enrichit son approche des questions déontologiques.
L’une des difficultés majeures dans la conception de cette IA a été de créer une base de connaissances suffisamment vaste mais ordonnée pour couvrir l’ensemble des situations rencontrées dans la fonction publique territoriale et suffisamment ordonnée pour minimiser les risques d’erreurs et maximiser la pertinence de ses réponses. Dans cet objectif, la base de connaissances est entièrement maintenue en interne, garantissant ainsi un contrôle rigoureux sur les informations fournies.
II) Des réponses pertinentes et nuancées.
Lors de mes tests, "Déontoloogle" s’est montré capable de répondre de manière précise à une variété de questions déontologiques. Deux aspects particulièrement appréciables sont à souligner. Premièrement, la couverture de son champ de connaissances : l’IA est capable de traiter des sujets aussi divers que les conflits d’intérêts, les règles relatives au cumul d’activités, les sanctions applicables en cas de manquement, et ce pour différents acteurs de la fonction publique, qu’il s’agisse des agents, des élus locaux ou des collectivités.
Le deuxième point fort réside dans la capacité de l’IA à fournir les sources des informations sur lesquelles elle s’appuie. Cette transparence est essentielle dans un domaine où la précision juridique est primordiale, et elle permet aux utilisateurs de vérifier et d’approfondir les réponses fournies.
III) Un outil complémentaire, non remplaçant.
Il est important de noter que "Déontoloogle" ne se positionne pas comme un substitut aux référents déontologues, mais plutôt comme un outil complémentaire. Lorsqu’on lui demande quelle est sa fonction, l’IA répond de manière claire :
"Je peux répondre à des questions sur des sujets comme le cumul d’activités, les conflits d’intérêts, les obligations des fonctionnaires, et d’autres aspects liés à l’éthique et à la transparence dans la fonction publique. Mon objectif est de fournir des réponses claires, précises, et conformes aux règles en vigueur, sans interprétations personnelles. Si une question dépasse mes compétences ou si la situation est complexe, je suggère de consulter un référent déontologue pour obtenir un avis plus spécifique."
Ainsi, cette IA n’a pour vocation que de clarifier les situations qui peuvent lui être partagées, en toute autonomie et confidentialité, réservant l’intervention du référent déontologue à celle prévue par les textes, celle du doute.
IV) Les défis à venir : mise à jour et pertinence continue.
Un des défis majeurs pour "Déontoloogle" sera sa capacité à rester à jour, surtout dans un domaine où les législations et les recommandations évoluent régulièrement.
Pour l’heure, les réponses fournies par l’IA m’ont agréablement surpris par leur
pertinence et leur exactitude. Cependant, il sera crucial de maintenir cette qualité à long terme, en assurant des mises à jour régulières de la base de connaissances.
En conclusion, "Déontoloogle" se révèle être un outil prometteur pour les acteurs de la Fonction publique territoriale. Son approche spécialisée et sa capacité à fournir des réponses documentées en font un allié précieux dans la gestion des questions déontologiques. Reste à voir comment cette IA évoluera et s’adaptera aux futurs défis juridiques et éthiques.