Sélection Liberalis du week-end : Un doux vent de folie souffle sur le Mobilier National !

1re Parution: 23 septembre 2023 Modifié le : 25 septembre 2023 5  /5

Liberalis vous propose de découvrir en avant-première, quelques-unes des 53 œuvres inédites, métamorphosées par 39 créateurs contemporains, et qui seront exposés dans le cadre des « Aliénés » à partir du 11 octobre 2023.

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Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.

(Art & Culture/ Mobilier) : Un doux vent de folie souffle sur le Mobilier National !

Liberalis vous propose de découvrir en avant-première, quelques-unes des 53 œuvres inédites, métamorphosées par 39 créateurs contemporains, et qui seront exposés dans le cadre des « Aliénés » à partir du 11 octobre 2023.

Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Depuis le XVIIe siècle et sa création par Louis XIV et Colbert, le Mobilier national est un haut lieu de patrimoine et de création contemporaine et est en charge aujourd’hui de l’ameublement des palais officiels de la République : palais de l’Élysée, ministères, préfectures…

Pour répondre à ses missions, l’institution s’est souvent délestée, après avis d’un comité scientifique, de meubles stockés, inutilisés depuis longtemps et qui ont perdu leur caractère patrimonial. Ces pièces, jusqu’alors inaliénables, deviennent « aliénées » . Elles peuvent alors être détruites, vendues ou même réutilisées pour récupérer les matériaux dont ils sont composés.

Derrière le titre équivoque les « Aliénés » se dissimule un programme de valorisation des collections de l’ancien Garde meuble royal, en prise avec les réflexions sociétales et environnementales de notre époque.

L’idée de confier quelques meubles démodés à des artistes plasticiens trouve ses prémisses dans les années 70, lorsque le décorateur Serge Royaux (1924-2016) peignait en gris clair des meubles en acajou d’époque Empire pour l’aménagement des appartements de Trianon-sous-Bois à la demande de la Présidence de la République. Ainsi repensés, ces meubles se trouvaient transformés, réactualisés, rajeunis.

À l’ère de l’éco responsabilité, le programme des « Aliénés » acquiert une nouvelle dimension, vertueuse et écologique. Alors même qu’une grande partie de la production de mobilier design soulève des questions fondamentales et contradictoires avec le concept de développement durable, le Mobilier national a souhaité ouvrir la réflexion d’une possible métamorphose d’une frange du mobilier français menacée de disparition progressive. Dans l’inventaire à la Prévert des meubles présentés, force est de constater que leurs seuls points communs sont leurs caractères stylistiques basiques, quoique modernes en leur temps, mais aussi leur modestie historique et le degré zéro de leur impact carbone.

La véritable « matière première » que représentent ces objets souligne a contrario le manque de considération pour les matériaux de ces meubles durables, qui ne nécessitent ni abattage d’arbres ni découpe superfétatoires de marbres. Le travail mené sur eux, qui vise à décrypter et réactualiser la part de modernité de leurs lignes, doit conduire les plasticiens vers les champs de la pièce unique et de l’œuvre d’art usuelle, en réconciliant leur esthétique avec les temps modernes sans renoncer aux fondamentaux de la décoration, du style, du geste maîtrisé et du savoir-faire.

Le Mobilier national a donc choisi de confier certaines de ces pièces à des artistes.
Pour la deuxième promotion des « Aliénés », ce sont ainsi trente-neuf artistes plasticiens contemporains qui ont eu « carte blanche » pour réinterpréter, selon leur sensibilité, ce mobilier ancien et de peu de valeur patrimoniale afin qu’il puisse réintégrer les collections du Mobilier national.

Comme l’année dernière, les commodes sont particulièrement représentées, et on reste émerveillé par l’inventivité qui conduit à ces métamorphoses de meubles « de style » dupliqués à profusion au XIXe siècle.
Notre attention s’est porté sur le travail d’Olivier Morel et sa commode Lotus, en noyer verni, vers 1850, provenant du logement des écuries du palais de l’Alma. Et celui de Franck Evennou, commode, noyer ciré et marbre Sainte-Anne, livrée par l’ébéniste Louis Édouard Lemarchand sous l’Empire.

Commode Lotus par Olivier Morel © Isabelle Bideau
Commode Redevenir un arbre de Franck Evennou © Isabelle Bideau

C’est un véritable camouflage de récifs coralliens que Valentine Huygues Despointes nous dévoile avec ce bureau plat de style empire, qui a peut-être servi à un magistrat... L’artiste nous entraine dans un voyage sous-marin. Attention à la murène en prenant les dossiers dans le tiroir…

Bureau Wreck desk par Valentine Huygues Despointes © Isabelle Bideau

Autre bureau, celui du street artist Pimax, caractérisé par son art pop coloré, et son personnage fétiche, Nourf Nourf, le chien rouge urbain.

Bureau Nourf Desk par PIMAX © Isabelle Bideau

Le Nourf Nourf de Josepha de Vautibault, lui, semble beaucoup plus stoïque et moins rassurant, sur cette belle desserte du XXe siècle.

Table de décharge Res Nullus de Josépha de Vautibault © Isabelle Bideau

La table de toilette de l’Atelier Déambulons, spécialisé dans les créations sur-mesure de structures en lamelles de bambou. nous provient de Lyon. Improbable rencontre entre le bambou fendu et l’acajou verni, tous deux originaires de lointaines contrées.

Table de toilette Déambulons sous les étoiles par l’Atelier Déambulons © Isabelle Bideau.

Pierre Yermia, sculpteur, nous éclaire du haut de cette figure féminine longiligne gracieuse aux bras levés, tout comme Nathanaël Le Berre avec cette lanterne de style Louis XVI (vers 1900).

Figure aux bras levés par Pierre Yermia © Isabelle Bideau
Lanterne Qui Volupia Nathnael Le Berre © Isabelle Bideau

Provenant du Palais-Royal et du château de Rambouillet, ce secrétaire à abattant caractérise bien le type de mobilier secondaire des administrations, désormais promis à être vendu car sans usage possible. Écartelé à la manière d’un écorché qui révèlerait la structure de son réseau de veines et ses constructions profondes, telle une véritable anatomie rigoureuse et scientifique, le meuble est devenu un objet de cabinet de curiosité et de mémoire. Une œuvre de Cedric Matet et Jane Kleis.

Anatomie du Secrétaire par Cedric Matet et Jane Kleis 1 © Isabelle Bideau

Le Mobilier National démontre avec ses « Aliénés » qu’il sait conjuguer, depuis le début, patrimoine et création contemporaine, qu’il est « moderne depuis des lustres », et le restera encore ! A ne pas manquer !

Du 11 octobre 2023 au 7 janvier 2024
Mobilier National, 42 avenue des Gobelins, Paris 13, métro Gobelins.
Informations : https://www.mobiliernational.culture.gouv.fr

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