Soft skills : poser les fondations intérieures pour mieux diriger son cabinet d’avocat.

Joël Jégo
jj chez joeljego.com
https://joeljego.com/coaching-avocats//

La performance d’un cabinet repose sur des choix stratégiques… mais surtout sur l’état intérieur de celui qui les prend. Dans un métier aussi exigeant que celui d’avocat, développer ses soft skills (posture, équilibre, résilience, intelligence émotionnelle) n’est plus un luxe. C’est un fondement. Voici pourquoi.

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On ne dirige pas un cabinet d’avocats de manière durable sans apprendre d’abord à se diriger soi-même.

La maîtrise technique est bien sûr indispensable. Mais elle ne suffit plus, tant les défis de la profession se sont intensifiés : pression constante, attentes croissantes des clients, surcharge mentale, sollicitations numériques permanentes, sentiment d’isolement parfois.

Dans cet environnement, la solidité intérieure devient un levier stratégique. Les soft skills (compétences comportementales), souvent reléguées au second plan, sont en réalité le socle invisible de toute performance durable. C’est pourquoi ce premier article de la série consacrée aux leviers de développement d’un cabinet d’avocats commence ici : avec soi.

Dire non pour mieux dire oui : fixer des limites est un acte de direction.

Dire non n’est pas un refus, c’est un choix stratégique. Trop d’avocats disent oui à tout, par loyauté, par peur de déplaire, par culpabilité ou par automatisme. Le résultat : surcharge chronique, perte de discernement, débordement, voire burn-out.

Refuser un dossier, temporiser un nouveau client, repousser une réunion, c’est parfois exactement ce qu’il faut pour préserver la qualité de sa pratique, et rester pleinement engagé sur ce qui compte vraiment.

Je repense à Alexandre (nom modifié), un avocat que j’ai accompagné : épuisé, il n’osait plus refuser. En quelques mois, il a appris à dire non. Non pas par rejet, mais pour se réapproprier son rythme, retrouver le plaisir de traiter ses dossiers, et redonner un sens à sa pratique. Son cabinet ne s’est pas effondré, il a au contraire gagné en clarté et en qualité.

Reprendre le pouvoir sur son équilibre de vie.

L’équilibre vie professionnelle / vie personnelle ne se décrète pas. Il se construit par des limites claires et assumées.

Ce n’est pas être moins engagé. C’est être pleinement présent quand on travaille, et pleinement libre quand on ne travaille pas.

Cela commence par l’éducation des clients. Un médecin vous rappelle entre 16h et
17h ? Vous comprenez. Un avocat peut faire de même : annoncer ses horaires de réponse, filtrer les appels, différer certains e-mails.

La disponibilité totale crée une dépendance. La disponibilité maîtrisée crée du respect.

En posant un cadre, l’avocat ne se coupe pas de ses clients, il leur montre qu’il pilote.

Et un client a besoin de savoir que son avocat est capable de piloter.

Cultiver l’intelligence émotionnelle : mieux se comprendre pour mieux décider.

Gérer la charge mentale ne commence pas dans l’agenda, mais dans la conscience de soi.

Les avocats que j’accompagne sont souvent brillants intellectuellement, mais fatigués intérieurement. Leur lucidité est affectée non par manque de compétence, mais par surcharge émotionnelle.

Développer son intelligence émotionnelle, c’est passer par 4 étapes :

  • Reconnaître ce que l’on ressent (au lieu de réagir par automatisme),
  • Intégrer le message derrière l’émotion,
  • Contrôler la manière dont on veut répondre,
  • Exprimer sans exploser, ni réprimer.

Cette posture intérieure transforme la relation aux clients, aux collaborateurs… et à soi-même.

Devenir résilient : tenir debout même quand tout vacille.

La résilience n’est pas un trait de caractère réservé à quelques privilégiés. C’est une compétence. Un muscle.

Et dans le métier d’avocat, c’est un atout vital.

J’ai identifié sept piliers de la résilience qui, travaillés, permettent de traverser les tempêtes professionnelles :

  • Un optimisme réaliste, qui garde les pieds sur terre tout en regardant vers l’avenir.
  • L’acceptation de ce qu’on ne contrôle pas, pour libérer de l’énergie mentale.
  • Une orientation solution, qui redonne le pouvoir d’agir.
  • La maîtrise de soi, nourrie par des objectifs et une autodiscipline choisie.
  • La capacité à assumer ses responsabilités, sans tomber dans la culpabilité.
  • Le soutien d’un réseau solide, qui aide à ne pas rester seul.
  • Et une vision claire de l’avenir, structurée par des objectifs réalistes.

Renforcer sa résilience, c’est construire une posture intérieure stable, quelles que soient les turbulences extérieures.

Revenir à soi par la respiration consciente.

Quand le mental sature, la respiration est souvent notre meilleure alliée, et l’une des plus négligées.

Respirer pleinement, ce n’est pas simplement se calmer, c’est réactiver sa lucidité, nourrir sa capacité à décider, remettre du mouvement dans ce qui était figé.

Je propose souvent aux avocats que j’accompagne des pratiques simples, intégrables au quotidien :

  • 3 à 5 minutes de respiration consciente au bureau,
  • Une posture de recentrage avant une audience ou une réunion délicate,
  • Ou même, quelques respirations profondes et conscientes pendant une marche du week-end.

Le mental a ses limites. La respiration, lorsqu’elle est consciente, nous ramène au présent et à l’essentiel.

Conclusion : la performance commence par soi.

Les soft skills ne sont pas des “compétences accessoires”. Elles sont la condition de la maîtrise professionnelle.

Un avocat qui sait poser ses limites, écouter ses signaux intérieurs, réguler son stress, prendre soin de son équilibre… est un avocat plus lucide, plus stable, plus impactant.

Et donc, plus libre de développer son cabinet comme il l’entend.

Ce premier levier n’est pas le plus visible, mais il conditionne tous les autres.

Dans le prochain article, nous parlerons d’un autre actif précieux, et souvent mal maîtrisé : le temps.

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