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![]() VoD, Streaming : les offres légales doivent évoluer !
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Parution : mardi 3 juillet 2012
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Ces dix dernières années, les usages sur Internet ont profondément évolué. Avec l’émergence du haut débit, les internautes ont adopté de nouveaux modes de consommation comme le streaming et la VoD pour accéder aux contenus culturels. Et tandis que l’offre légale est toujours jugée chère et déplaisante (choix notamment) par les usagers, nombreux sont ceux qui continuent de se tourner vers les offres illégales, qu’elles soient sur les réseaux P2P ou les plates-formes d’hébergement au grand dam des éditeurs de services français qui ne parviennent pas à rivaliser.
Selon un rapport de la Haute Autorité, le constat est clair, la répression n’a pu, ne peut et ne pourra pas à elle seule remettre tous les internautes sur le chemin de la légalité ( lois Hadopi ). Il faut s’adapter à une réalité économique. C’est pourquoi les ayants droit et les autorités se doivent aujourd’hui d’oeuvrer à un développement massif et attractif de l’offre légale aussi bien au niveau du choix mis à disposition qu’au niveau du prix, considéré comme le principal obstacle.
Dans son étude publiée à l’occasion des Rencontres de Dijon et dédiée à l’offre et la consommation de cinéma sur les réseaux, l’Hadopi avait justement identifié le prix comme un facteur potentiellement bloquant. "Les participants au débat soulignent le caractère particulièrement onéreux de l’offre VOD pour les achats à l’acte“ selon le document.
"Le prix est souvent jugé peu attractif par rapport à l’offre physique (DVD, Blu-Ray), notamment pour les offres groupées (saison complète d’une série), proposées parfois à des prix inférieurs sur support physique". Le prix moyen de vente des œuvres de cinéma en VOD est de 4,25 euros. 22 % de cette somme sont des taxes et reversements aux sociétés de gestion collective, 24,2 % pour le distributeur, 49,1 % pour les ayants droit et 4 % pour l’éditeur, selon le Centre National du Cinéma.
Quand on voit qu’aujourd’hui, des sites comme Virgin ou la Fnac proposent des films en téléchargement définitif à 16 € l’unité soit à peu près le même prix qu’en support Blu-Ray, ou encore des musiques à 1€ dispensées également à l’unité, “on n’a pas vraiment envie de se tourner vers eux, c’est vraiment dommage, pourtant ça ne me dérangerait pas de payer pour accéder à un contenu culturel mais à ce prix là, autant aller acheter directement en magasin… Je ne comprends pas pourquoi sur Internet, les prix sont comparables à ceux des magasins, je pense que ce serait dans leur intérêt de baisser leurs prix“, juge Kévin, un internaute.
“Après elles (ndrl : maisons de productions) se plaignent que les gens piratent leurs œuvres, elles ne se sont pas encore adaptées à la réalité d’aujourd’hui, à la réalité économique d’Internet …“ ajoute Maxime, adepte du téléchargement illégal.
Et la fermeture du géant MégaUpload et des restrictions imposées aux sites similaires comme Rapidshare n’y ont rien changé, un peu plus d’un internaute sur trois (37%) continue de télécharger illégalement sur d’autres sites, selon une étude Ifop.
D’après la même étude, près d’un tiers des personnes qui téléchargeaient illégalement privilégient les solutions légales mais gratuites comme Deezer (même s’il a réduit le temps d’écoute de musique à 5 heures par mois) ou la télévision de rattrapage. Les achats de contenus en ligne sont donc toujours délaissés par les pirates. Les solutions alternatives au téléchargement légal comme le téléchargement en Peer To Peer, l’échange de fichiers entre amis ou le streaming sur des sites comme Rapidshare ou Uploading leurs sont préférées.
Au delà du prix, les délais de disponibilité sont également jugés trop longs par les internautes, en effet les films sont disponibles beaucoup trop tard sur les plateformes légales. “De nombreux internautes soulignent que 18 mois s’écoulent entre la date de sortie en salles d’un film à grand succès et le moment de sa disponibilité sur une plateforme de VOD sur abonnement, et regrettent cette spécificité française par rapport, par exemple, au marché américain“, selon la Hadopi. La Haute Autorité pense "qu’une évolution de la chronologie des médias“ pourrait renforcer l’attractivité de l’offre légale et que les internautes se tourneraient moins vers le téléchargement illégal.
Dans le même ordre d’idées, les consommateurs jugent souvent que la taille des catalogues est encore trop limitée. Un constat qui pourrait s’expliquer par l’absence d’une plateforme de VOD phare qui se démarque des autres.
Parmi les autres entraves au développement de l’offre en ligne, citées par les internautes, la Hadopi note également “ la faible disponibilité des versions originales et sous-titrées des œuvres“ ou encore “ la visibilité de l’offre illicite via des sites de direct download, qui bénéficient parfois d’un meilleur référencement sur les moteurs de recherche “.
Quoi qu’il en soit, l’offre légale doit évoluer dans les années qui viennent, entre coût, chronologie des médias et référencement des sites, tout doit être revu pour qu’il y ait enfin un marché compétitif capable d’endiguer les sites illégaux et protéger par la même occasion l’accès à la culture.
Dossier à suivre sur le Village de la justice... Prochain sujet de cette série de chroniques : "Le crowdfunding".
Mehdi Kasby _ Rédaction du Village de la JusticeCet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).