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Arnaque au photovoltaïque et fausse signature : comment éviter de rembourser un crédit débloqué à tort ? Par Grégory Rouland, Avocat.
Parution : jeudi 20 juin 2013
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Que faire lorsqu’un kit photovoltaïque a été livré et que la banque a débloqué le crédit à l’appui d’une attestation de travaux non signée par les emprunteurs ? La Cour d’appel d’Aix en Provence apporte une réponse dans un arrêt du 21 février 2013 (11/21420).

Les escroqueries au photovoltaïque prolifèrent, tout autant que les plaintes en la matière.

Un litige en la matière, actuellement pendant devant la Cour d’appel d’Aix en Provence, attire l’attention, car il pourrait répondre aux interrogations de personnes placées dans une situation similaire.

La situation est classique :

En outre, les acquéreurs découvrent que la Banque a procédé au déblocage des fonds sans a priori avoir obtenu leur accord.

Aussi, ils se portent en justice pour faire annuler la vente faute de délivrance conforme, ainsi que le contrat de crédit.

Mais la Banque leur oppose une attestation de fin de travaux qu’ils auraient signé et aux termes de laquelle « les travaux, objet du financement visé ci-dessus, sont terminés et sont conformes au devis », de sorte que le client consent au déblocage du crédit au profit de la venderesse.

Les acquéreurs nient avoir signé cette attestation, mais sont déboutés par le Tribunal de Grande Instance, qui les condamne à rembourser le crédit avec les intérêts contractuels.

Que faire dans une telle circonstance, sachant que cette attestation de fins travaux est la clé pour éviter de devoir rembourser un crédit dans le vide ?

Les acquéreurs ont choisi de solliciter la désignation d’un expert graphologique à leurs frais, ce que la Cour d’appel leur a accordé.

SI la Cour d’appel avait estimé que cette expertise était inutile, elle aurait rejeté la demande des acquéreurs et aurait confirmé le jugement du Tribunal de Grande Instance.

Si les juges d’appel ont consenti à la demande des acquéreurs, c’est tout simplement parce que l’attestation de fin de travaux est l’élément déclencheur pour débloquer ou non un crédit.

De fait, si l’expertise démontre la fausseté de la signature sur l’attestation de fin de travaux, il est possible que la Cour d’appel infirme le jugement et juge que le couple d’acquéreurs n’aura pas à rembourser le crédit de 21.400€ avec ses intérêts, et éventuellement condamnera la banque à rembourser les frais d’expertise.

S’il ne s’agit là que d’une simple supposition, cet arrêt a le mérite d’illustrer l’un des moyens de défense dont les victimes d’arnaque au photovoltaïque disposent.

En effet, il existe tout un arsenal de défense moins onéreux qu’une expertise graphologique, mais c’est un autre débat.

Grégory Rouland Docteur en Droit et Avocat [->gregory.rouland@outlook.fr]

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