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Avocat et médiateur : les paramètres d’une collaboration réussie. Par Maud Neukirch de Maistre, Médiateur.
Parution : mercredi 20 novembre 2013
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En proclamant 2013 Année de la Médiation, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris a lancé le mouvement.
Nous ne pouvons que nous en réjouir car il ouvre de nouvelles perspectives pour la résolution des conflits de nos clients, dans la restauration du dialogue et un climat d’apaisement.

Inhérent à toute nouvelle pratique, le développement de la médiation appelle à préciser le rôle de l’avocat dans ce processus et notamment sa complémentarité avec le médiateur.

En effet, il ne s’agit pas d’une quelconque compétition en vue de conserver une part de marché, bien au contraire : une bonne collaboration entre le médiateur et l’avocat se répartissant les rôles est un facteur de gain substantiel d’affaires pour l’avocat, selon l’adage, « mieux vaut gagner un client qu’un procès ».

Rappelons avant tout que l’avocat, au même titre que le magistrat, est un expert du droit et du judiciaire. Il peut être à la fois dans un rôle de conseil (il maîtrise le juridique et évalue pour son client les risques et les opportunités du cas à traiter) mais également de plaideur dans le cas ou le dossier est porté au contentieux (il défend alors la meilleure vision du dossier en droit pour son client face à la justice).

Dans un processus de médiation, l’avocat est à la fois prescripteur, conseil et coach de son client :
- prescripteur, car il est le mieux à même d’évaluer les risques (coût, temps, image etc…) d’une procédure contentieuse et donc de proposer un mode alternatif de résolution du cas de son client ;
- conseil, car il accompagne son client tout au long de la médiation dans un climat de confiance, en recherchant l’intérêt par rapport à la position figée ;
- coach, car négociant sur les intérêts, il doit préparer et développer cette attitude auprès de son client.

Le médiateur, quant à lui, est le garant du processus confidentiel de médiation. Enfin, le client est le seul maître du contenu. A noter qu’en médiation, le principe du contradictoire n’existe pas.

Quelles sont les missions clés de l’avocat qui permettent d’optimiser l’efficacité du processus de médiation pour son client ?
1/ La préparation : celle-ci couvre la répartition des rôles entre l’avocat et le client, la définition des stratégies commerciales, financières…, l’analyse de la BATNA : best alternative to a negociated agreement ou recherche de la meilleure solution financière pour le client, l’opening statement qui sont autant d’éléments clés pour réussir une médiation.
2/ L’accompagnement du client à la fois en plénière et en aparté/caucus.
3/ La rédaction du protocole d’accord, à faire homologuer si besoin par le juge.

Il apparaît que le règlement du différend est le plus efficace quand la coopération entre le médiateur et l’avocat est la plus étroite : en effet, l’avocat, dans sa fonction de conseil, apporte sa connaissance et sa relation avec son client ainsi que sa maîtrise juridique du dossier.
Le médiateur apporte sa neutralité, son impartialité et sa compréhension des personnes, des enjeux et des intérêts soulevés par chacune des parties. Ainsi à l’issue de la médiation, l’avocat est seul garant de la "légalité" de l’accord.

Il reste le conseil et l’expert en droit pour l’accompagnement de son client. En fait, tout le succès de la médiation réside dans la qualité du dialogue à "l’ombre de la loi "(shadow of the law comme le disent les anglo-saxons) et dans la confiance que les avocats peuvent avoir dans le médiateur et sa capacité à faire « accoucher » de la meilleure solution possible pour leur client. Et c’est dans cette relation de confiance que peut s’instaurer indirectement une relation privilégiée et durable avec son client, elle même génératrice de business.

L’Ecole de la Médiation du barreau de Paris en a bien compris les enjeux. Les médiateurs ne peuvent que s’en féliciter : faire des médiations avec des avocats bien formés est un atout.

Maud Neukirch de Maistre Médiateur www.avenirmediation.com
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