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Un CV sans avenir...
Parution : mardi 28 janvier 2014
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Le débat sur le CV anonyme aura bientôt vécu. Et le CV aussi !
Comment se pourrait-il que le CV disparaisse ?

A cette question, je serai tenté de retourner la question : pourquoi, dans un monde en mutation profonde et accélérée, le CV serait-il nécessairement épargné de toute évolution ?

Et par quoi serait-il remplacé ?

Tout simplement par le profil de chacun sur Linked In ou Viadeo.

Une candidature sous forme de lien vers un profil LinkedIn ou Viadeo présenterait, en effet, de nombreux avantages :

-  il n’y aura plus qu’une seule version de son parcours, et non une version « ciblée » en fonction du poste recherché, comme c’est le cas aujourd’hui. Finies les multiples versions du CV. Le parcours du candidat sera le même pour tout le monde ;
-  cette version unique pour tous les interlocuteurs permettra aussi de pousser chacun à réfléchir sur ce qu’il voudra faire apparaître sur son profil, sachant qu’il devra séduire le maximum d’interlocuteurs, issus d’environnements et de niveaux différents. Ceci nécessitera un effort de synthèse et de pertinence dans son marketing personnel. Nul doute que surgiront rapidement des « CV profilers », spécialisés dans la mise en valeur de votre profil ;
-  plus possible de tricher sur son parcours. L’information étant visible par tous, il sera difficile de donner de fausses dates, faux intitulés de postes, postes jamais occupés, diplômes fantoches, etc…
-  le recruteur aura alors la possibilité de regarder les recommandations de chaque candidat, et de demander à ce dernier d’en solliciter de nouvelles de la part d’anciens collègues, avec toujours la possibilité de recouper les informations ;
-  la lutte contre la discrimination sera plus facile à mettre en œuvre puisqu’il sera possible de tracer facilement les candidatures reçues, et de prévoir, si nécessaire, des outils d’audit des comportements du recruteur face à un profil. Nul doute, là aussi, que des petits génies de l’algorithme trouveront un produit en ce sens ;
-  le profil d’un membre sur LinkedIn ou Viadeo est riche d’enseignements sur les groupes qu’il choisit, auxquels il adhère, les personnes qu’il recommande, etc. On peut se prendre à rêver en imaginant que, pour se donner une belle vitrine, un candidat voudra adhérer à un groupe sur le handicap, par exemple, mais que l’adhésion au groupe sera payante, ce qui aura donc comme conséquence directe de générer des revenus à l’association en question, moyen de soutien effectif par le candidat ;
-  Chacun sera gestionnaire de son profil en ligne, qui constituera, en quelque sorte, un « capital » pour la recherche d’emploi ;
-  Enfin, les « bad leavers » seront nécessairement pénalisés, puisque ne recueillant pas de recommandations de la société qu’ils auront quittée, ils seront immédiatement suspects aux yeux d’un recruteur.

Nul doute que ce scénario a de fortes chances de se produire, ne serait-ce que parce qu’il permettra à chacun de répondre aux offres d’emploi de plus en plus nombreuses sur Twitter, en respectant le format des 140 caractères…

Alors que chacun se jette sur son profil et l’embellisse, tant que la présence sur ces réseaux est encore gratuite…

Rédaction du village
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