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Loi pinel : les principales modifications du regime des baux commerciaux. Par Philippe Maurice.
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Parution : mercredi 12 novembre 2014
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La loi Pinel, du 18 juin 2014 réforme la réglementation relative aux baux commerciaux en privilégiant une plus grande protection du locataire au dépend du bailleur qui craint une diminution de la rentabilité de son investissement locatif.
La volonté du législateur par cette loi est de :
Maîtriser les hausses de loyer
Equilibrer les relations bailleur/locataire
Faciliter l’implantation de nouveaux commerces
En quelques lignes, nous développerons les principales modifications du régime des baux commerciaux.
1. Le déplafonnement
Sous le régime antérieur à la loi PINEL, les loyers commerciaux pouvaient subir de fortes augmentations lors des renouvellements. En effet, dans le cas précis de modifications notables mentionnés à l’article L.145-33, 1°à 4°, du Code du commerce, à savoir les caractéristiques du local considéré, la destination des lieux, les obligations respectives des parties et les facteurs locaux de commercialité, le montant du loyer pouvait être déplafonné et fixé à la valeur actuelle du loyer.
La loi Pinel prévoit désormais que le déplafonnement à la valeur locative du loyer, si celle-ci est à la hausse, ne peut pas entraîner d’augmentation supérieure pour une année à 10 % du loyer acquitté au cours de l’année précédente.
Cette règle s’applique également aux baux qui ont une durée supérieure à neuf ans.
Enfin la loi prévoit, en cas de déplafonnement du loyer, un étalement dans le temps de sa réévaluation lorsqu’elle conduit à une augmentation supérieure à 10 % du montant payé l’année précédente. Cette disposition entre en vigueur le 1er septembre pour les contrats conclus ou renouvelés à compter de cette date.
2. Remplacement de l’ICC par l’ILC
Le loyer d’un bail révisé ou renouvelé est fixé en fonction de l’évolution de l’indice du coût de la construction (ICC) publié par l’Insee.
Cet indice est déterminé en fonction de la variation des prix de la construction des bâtiments neufs à usage principal d’habitation.
Partant du constat que le montant des loyers des locaux commerciaux évoluaient sans commune mesure avec le chiffre d’affaires des commerçants, un nouvel indice a été institué en 2008 : l’indice des loyers commerciaux (ILC), calculé selon l’indice des prix à la consommation et l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail, mais son application n’était pas obligatoire.
A partir du 1er septembre 2014, l’ILC se substituera à l’ICC. Cette disposition est applicable aux contrats conclus ou renouvelés à compter de cette date.
3. L’état des lieux devient obligatoire
Le nouvel article L.145-39 prévoit l’obligation pour les parties d’établir un état des lieux contradictoire et amiable. À défaut, il est établi par huissier à la demande de la partie la plus diligente et les frais sont partagés en deux de manière égale. Cet état des lieux doit être joint au contrat de location ou, à défaut, conservé par chacune des parties.
L’article 1731 du Code civil prévoit qu’en l’absence d’état des lieux, le locataire est présumé avoir reçu du bailleur des locaux en bon état de réparations locatives et doit les restituer dans le même état. Si cet état des lieux n’est pas réalisé, le bailleur ne peut plus se prévaloir de cette présomption.
Ces dispositions s’appliquent pour toutes les prises de possession d’un local à partir du 1er septembre 2014.
4. L’inventaire des charges, impôts et taxes
Sous le régime antérieur, la répartition écrite des charges entre bailleur et locataire n’était pas obligatoire et librement fixée par les parties. En l’absence de précision dans le contrat, les règles du code civil et les usages s’appliquaient pour fixer cette répartition.
A l’instar de la loi ALUR, la loi PINEL entend tout régir. Ainsi le législateur a introduit l’article L.145-40-2 qui prévoit que tout contrat doit dorénavant comporter un inventaire précis et limitatif des catégories de charges, d’impôts, de taxes et de redevances liés au bail, ainsi que leur répartition entre le propriétaire et le locataire.
En outre, le propriétaire doit adresser à son locataire un état récapitulatif annuel de ces charges, impôts et taxes.
Un décret en Conseil d’État précisera la liste des charges, impôts, taxes et redevances qui, en raison de leur nature, ne seront pas à la charge du locataire.
5. L’état des travaux.
A l’identique des charges, sous l’ancien régime, la répartition des charges afférentes aux travaux n’était pas obligatoirement indiquée par écrit. En l’absence de précision dans le contrat, les règles du Code civil et les usages s’appliquaient pour fixer cette répartition.
Désormais, à la signature du bail, puis tous les 3 ans, le bailleur doit adresser à son locataire :
un état prévisionnel sur 3 ans des travaux à réaliser ainsi que le budget prévisionnel correspondant, et la répartition de ces charges entre les différents locataires d’un même immeuble, en pourcentage des surfaces occupées
un état récapitulatif des travaux réalisés dans les 3 années précédentes, et le coût assumé.
Un décret ultérieur fixera les dépenses ne pouvant être mises à la charge du locataire et fixera également les modalités d’information de celui-ci.
6. La forme de la délivrance du congé
Le locataire doit respecter un délai de préavis de 6 mois pour résilier son bail alors que seul le congé donné par exploit d’huissier était reconnu.
La loi Pinel autorise désormais de donner congé à son bailleur par lettre recommandée avec accusé de réception.
7. La garantie du vendeur limitée à trois ans
Lors des cessions de baux ou de fonds de commerce, l’acte de vente mentionnait la garantie solidaire du paiement des loyers entre le cédant et le bénéficiaire, jusqu’à la date d’expiration du bail.
Ainsi, en cas de défaillance, le bailleur pouvait se retourner contre le cédant du bail ou du fonds de commerce.
Cette garantie était toujours très commentée lors de la signature de ces actes de cession.
La loi PINEL est venue dégager la responsabilité de cédant ; ainsi le bailleur ne peut se prévaloir de cette clause de garantie solidaire que pour une durée de 3 ans maximum.
8. Les baux dérogatoires : dits de courte durée.
Antérieurement à la promulgation de la loi PINEL les baux de courte durée étaient ceux dont la durée totale n’excédait pas deux ans.
La loi Pinel allonge la durée des baux de courte durée à 3 ans.
Comme c’était le cas précédemment :
Les parties ne pourront plus ensuite conclure un nouveau bail dérogatoire pour exploiter le même fonds dans les mêmes locaux ;
A l’issue du bail dérogatoire, le locataire devra quitter les lieux sauf accord du bailleur ; dans cette hypothèse, il s’opérera un nouveau bail, obligatoirement commercial et de neuf ans.
9. Une nouveauté : Un droit de préemption du locataire en cas de vente du local commercial
A l’instar des baux d’habitation, la loi PINEL accorde sauf exception, au locataire un droit de priorité en cas de vente du local dans lequel il exploite son fonds de commerce.
En pratique, si le propriétaire bailleur vend les murs, le locataire commerçant en est informé par lettre recommandée AR et sera prioritaire pour en faire l’acquisition pendant un mois. Un second droit de préférence est prévu si le propriétaire décide de vendre à des conditions ou à un prix plus avantageux que ce qu’il avait initialement proposé à son locataire.
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Bonjour Mr Philippe, je me permettrais de rajouter que la loi Pinel a réformé les baux commerciaux notamment en vue de mieux protéger les locataires. Ainsi, elle limite le déplafonnement des hausses de loyer à 10 % par an, elle impose la prise en compte de l’indice des loyers commerciaux pour la révision des loyers ainsi que l’établissement d’un état des lieux lors la signature du contrat de bail. D’autre part, la loi Pinel exige que le contrat de bail contienne une répartition précise des impôts et des charges entre le bailleur et le locataire. Des obligations sont également prévues pour l’état des travaux et pour la délivrance du congé par le locataire
Ces nouveautés sont complétées par les dispositions suivantes :
un droit de préemption au profit du locataire si le bailleur souhaite vendre le local
une augmentation à trois ans de la durée autorisée pour les baux dérogatoires
la prise en compte de l’indice des loyers des activités tertiaires dans les cas où les locaux sont loués par une entreprise de services
Simon Lévy
Bonjour,
Le décret visé et attendu est publié dépuis le 3 novembre 2014, fixant ainsi les dépenses qui ne peuvent être imputées au locataire. Cette disposition d’ordre public visée au nouvel article L.145-40-2 du Code de commerce trouve ses modalités d’application dans le nouvel article R.145-35 du Code de commerce.
Sana GUENDOUZ
bonjour
j’ai acheter en 2014 une chambre dans une EPADH (LMNP)
le bail arrive terme au moin de JUIN de cette année
j’ai un loyer de 6139€ /an et le gestionaire veux le passer à 5395€/an
il pretent que c’est la loi pinel , que dois je faire sachant que pour acheter cettechambre , j ai un credit de 1100€ mois
cordialement
PL
Attention, le nouvel article relatif à l’obligation d’établir un état des lieux est le L 145-40-1 et non le L 145-39 comme on pourrait le penser à la lecture de l’article.
informations trés utiles, notre bailleur nous fait une proposition de vente,cela va nous permettre de négocier en connaissance de cause.
bonjour je suis propriétaire d’un immeuble commercial, ( bar tabac presse) et la location est de 572 euros ,Et la partie habitation 286 euros soit un loyer total de 858 euros..cette année il à baissé de 7 euros !!!!!
pour info au sous sol grande réserve 50°m. au rez de chaussée : salle de bar 60 m° ,wc et cour dans la dite cour 2 allées de boules couvertes 300 m°, et 2 autres allées de boules, remise/débarras de 25 m°. au rez de chaussée également toilette ,cuisine et salle de séjour . A l’étage 5 chambres de 15 à 17 m° et cabinet de toilette, au dessus grenier . en façade à l’est grande terrasse et au sud terrasse également. en plein centre cote de granit rose très coté. la plage à 50m et le port à 100m. dans la loi pinel on ne parle pas des petits loyers...ET UNE TAXES foncière de 1755 EUROS+ASSURANCE ET TOUS LES FRAIS D’ ENTRETIEN puisque depuis 1989 les locataires font rien et tous les 3 ans sa change de locataire.. HONTE... de voir que depuis 1953 nous ne pouvons pas avoir un loyer correcte. pour info le voisin à 1 km de chez moi règle un loyer de 1600 euros sans habitation, ????
la loi pinel pour tuer les petits commerçants pas SERIEUX ET RIEN DE CONCRET avis : des avocats ,notaires et moi meme . vous n’aurez JAMAIS de bonnes relations avec les locataires pour la simple raison ils demandent jamais l’autorisations pour éffectuer une demande de travaux ils sont comme chez eux !!!!!!
( je suis au 5eme locataire et la mort dans tous petits commerces( à démarré depuis bien longtemps) (ils sont aveugles) pour etre poli je suis né dans une famille de commerçant installés depuis 1800 et je sais de quoi je parle la fin est proche salutations.
texte accessible à un petit commerçant ce qui n est pas toujours le cas...
merci de cet article explicatif de la loi pinel en matiére de baux commerciaux
"Le nouvel article L.145-39 prévoit l’obligation pour les parties d’établir un état des lieux contradictoire et amiable"
L’article L.145-39 concerne la révision du loyer. L’article L145-40-1 concerne l’état des lieux.
quelle est la liste des charges ,impots ,taxes et redevances qui ne seront pas à la charges des locataires dans un renouvellement de bail commercial ?
doit on faire un état des lieux pour un renouvellement de bail ?
quels diagnostics doivent etre établis ?
Dans un bail commercial établi en 2009, était précisé que la Taxe d’Enlèvement d’Ordures Ménagères (TEOM) restait à la charge du bailleur.
Mais depuis 2011, La commune a décidé de supprimer cette taxe, pour la remplacer par la Redevance Ordures Ménagères (REOM). Cette taxe qui a pour but d’être plus équitable, avec également pour objectif d’inciter les administrés à réduire leurs déchets, doit-elle faire l’objet d’une modification de bail ?
En effet, la REOM doit être supportée par l’usager, elle est calculée en fonction du service rendu, contrairement à la TEOM qui est un impôt, et qui est calculée à partir d’un taux défini par la collectivité locale, et assise sur la valeur locative du bien.
La délibération du Conseil Municipal pour l’institution de la REOM rend t-elle caduque la clause du bail concernant la TEOM ?
Pour le bailleur, la REOM peut-elle être transferée à la charge du locataire ? Est-il légitime pour le bailleur d’apporter un amendement modificatif au bail ?
JE VIENS DE VENDRE MON FONS DE COMMERCE ET DANS CE BAIL JE SUIS GARANT POUR 9 ANS SOIT LA DUREE DU BAIL . SIGNE EN SEPTEMBRE 2013.
POUR LE REPRENEUR IL N Y A EU QU UN AVENANT ET LE PROPRIO N A PAS VOULU ENTENDRE
PARLER DE LA LOI PINEL.
QUESQU IL ADVIENT POUR LES BAUX SIGNES AVANT LA LOI PINEL ?
BONJOUR
le mieux pour moi et que vous preniez contact avec une agence ou un notaire qui pourrait vous conseiller , car cette loi est asssez complexe
J’ai un bail commercial 3 6 9 à compter du 01/07/11 prévoyant que toutes les réparations sont à la charge du locataire y compris celles de l’article 606 du CC
Au jourd’hui le locataire veut m’imposer le remplacement de la toiture (qui fuit ) et de la chaudière à mes frais
En a-t-il le droit selon la loi Pinel ?
La prochaine révision de loyer au O1/O7/17 se fera t-elle selon l’ICC ou l’ILC ?
Merci
j’ai beaucoup appris, en lisant ce document rédigé par
Mr Philippe Maurice
sur tout ce qui concerne les beaux commerciaux.
et si je peux avoir une réponse, pour le renouvellent d’un bail commercial ?
a votre avis devant un notaire, un avocat ou bien tout simplement par un expert comptable ?
merci d’avance
Richard
richardsalhioui chez yahoo.fr
tel : 0618381203
Bonjour j’ai une petite question au niveau norme électrique une installation de moins de 15 ans pour un local commercial si l’installation n’est pas conforme aux normes actuel est-ce qu’il y a une obligation de la remise en état de celle-ci et à qui revient cette charge au propriétaire ou au preneur
Tel que rédigé ainsi, "L’article 1731 du Code civil prévoit qu’en l’absence d’état des lieux, le locataire est présumé avoir reçu du bailleur des locaux en bon état de réparations locatives et doit les restituer dans le même état. Si cet état des lieux n’est pas réalisé, le bailleur ne peut plus se prévaloir de cette présomption." l’article est en parfaite contradiction.
Or, sa rédaction originelle est :"S’il n’a pas été fait d’état des lieux, le preneur est présumé les avoir reçus en bon état de réparations locatives, et doit les rendre tels, sauf la preuve contraire."
Ceci mérite peut-être une correction.
Cordialement.