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Du nouveau sur le TEG erroné dans les crédits immobiliers : l’erreur de taux doit être supérieure à une décimale pour être sanctionnée ! Par Alexandra Six et Arnaud Boix, Avocats.
Parution : mercredi 17 décembre 2014
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Il est rappelé que le taux effectif global d’un prêt immobilier doit être calculé selon les dispositions impératives du Code de la consommation et doit notamment prendre en compte l’ensemble des frais accessoires, à défaut il est considéré comme erroné.

Dans cette hypothèse, l’emprunteur peut alors solliciter en justice la substitution de l’intérêt légal au taux d’intérêt conventionnel du prêt, ce qui permet un gain qui peut être considérable.

La jurisprudence se précise depuis deux ans et le contour de ces dispositions complexes se clarifie. Restent malgré tout quelques points techniques en suspens, pour lesquels la position de la Cour suprême est attendue.

Elle vient de répondre à l’un d’entre eux par une décision du 26.112014.

L’erreur du le taux effectif global mentionné doit être elle sanctionnée quelle que soit la différence entre le cout estimé et le coût réel ?

Cette question a fait couler beaucoup d’encre notamment depuis la décision de la Cour d’appel de Paris du 20 juin 2013 qui avait sanctionné une banque qui n’avait pris en compte qu’une estimation du montant des frais notariés et d’hypothèques pour 12.300 euros alors que ces frais s’élevaient à la somme de 11.126,81 euros, engendrant une différence de 0.0017, avec la motivation suivante :

« il est démontré que cette facture n’a pas été prise en compte dans le calcul du taux effectif global qui a été calculé sur l’estimation faite dans la proposition de prêt au mépris des dispositions légales et contractuelles qui font mention du coût réel qui n’est pas identique ; que le calcul du taux effectif global de 4,40 % mentionné dans l’acte de prêt est nécessairement inexact ; qu’il est indifférent que la différence entre le coût estimé et le coût réel soit modeste dès lors qu’il est démontré que le taux effectif global est erroné  »

Dans une décision de cassation partielle du 26 novembre 2014, la Cour de cassation se fonde sur le code de la consommation et considère que « l’écart entre le taux effectif global mentionné dans le contrat de crédit et le taux réel était inférieur à la décimale, de sorte que la Cour d’appel a violé les textes susvisés ».

Elle impose donc que très clairement l’erreur du taux soit au moins d’une décimale pour qu’une irrégularité puisse être constatée.

Par contre, elle ne remet pas en cause le sens de l’erreur, c’est-à-dire le fait que le taux annoncé soit supérieur ou inférieur au taux réel dès lors qu’elle porte sur une décimale. Cette question ne lui a semble-t-il pas été posée clairement. Est-ce une validation implicite de la Cour ? On peut en douter…

A suivre donc avec attention

Arnaud Boix, Avocat Cabinet Eloquence Avocats Associés www.eloquence-avocats.com

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