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Ouverture d’un compte à l’étranger : quelles sanctions en cas de non respect des obligations déclaratives ? Par Frédéric Naïm, Avocat.
Parution : jeudi 19 février 2015
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Vous pouvez sans restriction ouvrir un compte à l’étranger, dans n’importe quel pays d’Europe ou du monde. Vous avez le droit de transférer tout ou partie de vos avoirs sur un compte courant, un compte d’épargne ou n’importe quel type de compte. Mais vous devez respecter certaines obligations vis-à-vis de l’administration française.

En effet, vous avez des déclarations fiscales à faire et elles sont d’une importance capitale. Vous devez souscrire l’imprimé 3916 lors de l’ouverture de votre compte, et chaque année ensuite ce document rempli et mis à jour doit être joint à votre déclaration de revenus ; il décrit l’état de vos avoirs à l’étranger et recense tous les comptes ouverts.

Si vous ne le faites pas, vous vous exposez à de fortes pénalités. En effet l’administration fiscale française a accès à un fichier, appelé le fichier FICOBA (Fichier National des Comptes Bancaires et assimilés), qui lui permet de connaître tous les comptes que vous ouvrez. Si vous avez omis de respecter votre obligation déclarative, vous risquez de subir des effets très violents.

En premier lieu, vous pouvez avoir une amende pour chaque année de défaut de souscription de cet imprimé. Ensuite, l’article L23C du livre des procédures fiscales permet à l’administration fiscale de considérer les montants figurant sur votre compte à l’étranger comme des revenus imposables. A vous de démontrer que ce n’est pas un revenu, ce qui dans les faits n’est pas un exercice facile. Si vous n’arrivez pas à démontrer l’origine et la nature des sommes, elles seront taxées comme des revenus. Les redressements que vous subirez seront assortis d’une majoration de 80%.

Enfin, ce même article L23C du livre des procédures fiscales est actuellement très utilisé par l’administration fiscale sous un autre aspect. Selon cet article, les sommes dont vous ne pouvez pas démontrer l’origine peuvent être considérées par l’administration comme une libéralité et en tant que telles être soumises à des droits de mutation au taux de 60% pour défaut de déclaration.

On voit ici que les effets peuvent être très coûteux. Nous vous conseillons donc de bien respecter cette obligation déclarative si vous ouvrez un compte à l’étranger. N’hésitez pas à adresser le formulaire en recommandé pour garder trace de votre déclaration. Si vous possédez un compte à l’étranger sur lequel vous avez déposé de faibles montants ou qui est quasi vide, et que vous décidiez de régulariser la situation, voyez si vous n’auriez pas intérêt à fermer ce compte et à en ouvrir un autre, que vous déclarerez dès son ouverture.

Maître Frédéric Naïm, avocat fiscaliste Cabinet Naïm & Leroux avocats Spécialiste du contrôle fiscal, fiscalité, droit des affaires [email->frederic@naimavocats.fr] www.naimavocatfiscaliste.com

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