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Durcissement de la réduction ISF-PME. Par Fabrice Delouis et Aurélie Camus, Avocats.
Parution : mercredi 2 mars 2016
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Le dispositif ISF-PME a été récemment modifié de manière substantielle par la loi de finances rectificative pour 2015, en limitant significativement le champ des investissements éligibles.

Le dispositif ISF-PME est un mécanisme d’incitation à la souscription au capital des PME permettant, sous conditions, de bénéficier d’une réduction d’ISF égale à 50% de la souscription [1]. Cet avantage fiscal est toutefois plafonné à 45.000 €.

Cette réforme [2] s’inscrit dans la mise en conformité aux règles européennes d’encadrement des aides d’Etat.

Sont donc visées par la réforme du dispositif tant les souscriptions directes (I) qu’indirectes au travers d’une holding ISF (II). Les obligations déclaratives et d’information mises à la charge des sociétés n’ont pas été modifiées par la loi de finances rectificative.

I. Restriction des souscriptions directes au capital de PME

Depuis le 1er janvier 2016, sont visées par le dispositif ISF-PME les PME de moins de sept ans, sauf investissement important.

Lors de l’investissement initial, la société doit remplir l’une des conditions suivantes :

La troisième hypothèse permet aux PME de plus de sept ans de continuer à être éligibles au dispositif.

A ce jour, ni le décret d’application de la loi modifiant le dispositif n’a été publié, ni le BOFIP sur la réduction d’ISF-PME n’a été mis à jour.

Néanmoins, si on se réfère au règlement général d’exemption par catégorie (ci-après « RGEC »), « le plan d’entreprise » visé à la troisième hypothèse ci-dessus doit contenir « des informations sur l’évolution des produits, des ventes et de la rentabilité » et établir « la viabilité financière ex ante » du financement.

En outre, la réforme du dispositif introduit une nouvelle condition tenant à la PME, qui ne doit pas être qualifiable d’entreprise en difficulté au sens du RGEC du 17 juin 2014.

Les anciennes conditions d’éligibilité des PME sont dans l’ensemble maintenues :

Doivent être satisfaites de manière continue jusqu’au 31 décembre de la cinquième année suivant la souscription les conditions relatives à :

Désormais les souscriptions en numéraires effectuées à l’occasion d’une augmentation de capital sont réservées aux investisseurs qui ne sont ni associés ni actionnaires, sauf lorsqu’elles constituent un investissement de suivi (même après le délai de sept ans).

Constitue un investissement de suivi, l’investissement qui remplit les conditions cumulatives suivantes :

S’agissant des investissements de suivi, la nouvelle règle s’applique aux souscriptions initiales effectuées à compter du 1er janvier 2016.

En pratique, les dirigeants associés ou actionnaires ne peuvent plus, sauf dans l’hypothèse d’investissement de suivi, réduire leur ISF en investissant dans leur propre société.

Les souscriptions remplissant les conditions suivantes au moment du versement sont éligibles à la réduction ISF :

Les versements pris en compte pour la réduction ISF sont ceux effectués entre la date limite de dépôt de la déclaration ISF de l’année précédant celle de l’imposition et la date limite de dépôt de déclaration de l’année d’imposition.

II. Limitation des souscriptions via une holding ISF

Depuis le 1er janvier 2016, la holding ne doit pas être associée ou actionnaire de la société dans laquelle elle réinvestit, excepté en cas d’investissement de suivi (voir supra).

Par ailleurs, la holding doit toujours satisfaire aux conditions applicables aux PME éligibles (sauf les conditions d’activité, de nombre minimum de salariés, d’âge de la société et du montant total des versements).

Pour rappel, la holding doit également avoir pour objet exclusif de détenir des participations dans des sociétés opérationnelles exerçant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale.

La condition de l’exclusivité de l’objet social est considérée comme satisfaite lorsque la société holding détient au moins 90% de son actif brut comptable en titres de sociétés opérationnelles.

Cette condition s’apprécie à la date limite de déclaration de l’année au titre de laquelle le redevable entend bénéficier de la réduction d’ISF au titre de son versement. En pratique, la condition de l’exclusivité de l’objet social doit être satisfaite au 15 juin 2015 pour pouvoir bénéficier de la réduction ISF au titre de 2015.

Par la suite, cette condition doit être satisfaite au 1er janvier de chaque année jusqu’à la 5ème année suivant la souscription.

Pour le calcul du pourcentage de 90%, il est admis qu’il n’est pas tenu compte :

Il en résulte que ces sommes sont déduites de l’actif brut comptable de la société holding pour le calcul du pourcentage de 90%.

La proportion de versements ayant donné lieu à une souscription au capital de PME avant la date limite de dépôt de la déclaration ISF ouvre droit à une réduction d’impôt au titre de l’année d’imposition.

Conclusion :

La réforme du dispositif ISF-PME telle qu’entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2016, entend clairement favoriser l’investissement au sein des jeunes entreprises. En outre, la restriction tenant à l’absence de liens capitalistiques de l’investisseur dans la société cible demande d’élargir ses horizons pour continuer à bénéficier de cette réduction ISF.

Fabrice DELOUIS, Avocat Associé chez DELCADE Aurélie CAMUS, Avocat chez DELCADE

[1Article 885-0 V bis du CGI.

[2Loi 2015-1786 du 29 décembre 2015, art. 24.

[3A défaut de précision ce montant s’apprécie sur la durée de vie de la société.

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