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Le changement de nom patronymique, une réforme importante : la loi du 3 mars 2022. Par Juliette Daudé, Avocat.
Parution : mercredi 13 avril 2022
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La naissance d’un enfant peut-être une source de vives discussions quant au choix du nom à lui donner.
Ce choix a des conséquences importantes : l’identité sociologique d’une personne se forge, notamment, à partir de son nom patronymique.

Ainsi, il n’est pas rare qu’un individu se tourne vers la Justice pour demander à modifier son nom car il ne correspond pas à sa réalité personnelle. Commence alors un parcours semé d’embûches…

Le 3 mars 2022, une loi relative au choix du nom issu de la filiation (n°2022 – 301) a été publiée, permettant aux Français de changer une fois, au cours de leur vie, de nom de famille, par une démarche administrative simple, mettant ainsi fin à des procédures judiciaires kafkaïennes.

Jusqu’alors, les règles relatives au changement de noms étaient énoncées par l’article 61 du Code civil qui prévoit que « Toute personne qui justifie d’un intérêt légitime peut demander à changer de nom. La demande de changement de nom peut avoir pour objet d’éviter l’extinction du nom porté par un ascendant ou un collatéral du demandeur jusqu’au quatrième degré ».

Les formalités administratives pour changer de nom étaient très lourdes et complexes :
- Le requérant devait publier la modification du nom au journal officiel ainsi que dans un journal d’annonces légales de la commune où il résidait,
- Le requérant devait adresser au Garde des Sceaux une requête afin de changement de nom,
- Le service du Sceau instruisait le dossier et étudiait les éléments communiqués à l’appui de la demande de changement de nom.

Si la demande était acceptée, un décret relatif au changement de nom était publié au Journal officiel. Un exemplaire du décret était adressé au requérant et les actes d’état civil étaient rectifiés, dans les deux mois suivant la publication du décret, avec le nouveau nom. La mention du changement de nom était portée en marge des actes d’état civil : acte de naissance ou livret de famille.

En revanche, si la demande était refusée, il fallait saisir le Tribunal Administratif de Paris dans les deux mois de la notification de la décision. Il était également possible de faire un recours gracieux auprès du Ministre dans les deux mois.
Le Tribunal Administratif de Paris étant seul compétent en la matière, les délais pour avoir un jugement étaient particulièrement longs.

Toutefois, la principale difficulté rencontrée par les demandeurs était de rapporter l’existence d’un motif légitime : patronyme discrédité ou à consonance péjorative, désir de franciser son nom ou empêcher l’extinction d’un patronyme rare...

Désormais, chaque Français pourra, une fois au cours de sa vie, à modifier son nom de famille.

Attention toutefois, il ne sera possible de choisir que celui de sa mère ou celui de son père, ou les deux, dans le sens que l’on souhaite.

A partir du 1er juillet 2022, ce changement se fera par simple déclaration CERFA auprès de l’état civil de la mairie où le demandeur réside.

S’agissant des mineurs, il faudra l’accord des deux parents.

Par ailleurs, si le mineur a plus de treize ans, il faudra également lui demander son accord.

Juliette Daudé Avocate à la Cour Site : http://cabinet-avocat-daude.fr/
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