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Airbnb : Paris limite drastiquement le développement de nouveaux meublés touristiques. Par Alice Le Néel, Avocate.
Parution : lundi 12 juin 2023
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Le conseil de Paris a arrêté le projet de son futur plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique ce 5 juin 2023. Parmi les mesures phares figure le durcissement significatif des conditions entourant la création de nouveaux meublés touristiques dans la capitale.

Si les meublés touristiques existants et régulièrement exploités ne sont pas menacés, les possibilités de développer de nouvelles surfaces, par construction ou par transformation de locaux existants, devraient devenir très limitées.

Le projet de règlement prévoit :

Ces interdictions ne s’adressent qu’aux loueurs professionnels, et non aux particuliers qui louent leur résidence principale dans la limite des 120 jours par an.

En revanche, elles pourraient s’appliquer aux projets de coliving lorsque leurs caractéristiques ne permettent pas de les regarder comme des projets à destination d’habitation.

Si le futur PLU ne sera définitivement approuvé qu’en 2024 et que sa rédaction est encore susceptible d’évoluer, la ville de Paris a déjà commencé à surseoir à statuer sur des demandes d’autorisations d’urbanisme tendant à la création de nouveaux meublés de tourisme.

Le Code de l’urbanisme permet, en effet, à l’autorité compétente pour se prononcer sur une demande d’autorisation d’urbanisme de différer sa décision lorsque le projet est « de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse  » l’exécution d’un PLU en cours d’élaboration [1].

Le délai du sursis à statuer ne peut pas excéder deux ans. A l’expiration de ce délai, une décision définitive doit être prise par l’administration si l’intéressé confirme sa demande.

Reste à savoir si la transformation isolée d’un local est susceptible d’être regardée comme étant « de nature à compromettre ou à rendre plus onéreuse » l’exécution du futur PLU.

Le juge administratif a tendance à écarter cette condition lorsque le projet ne présente qu’un caractère limité mais c’est sans compter sur l’ampleur du phénomène Airbnb à Paris [2]. Il appartiendra vraisemblablement aux juridictions administratives de répondre à cette question.

Enfin, on rappellera que l’arrêt de ce projet de PLU bioclimatique s’inscrit dans un contexte déjà particulièrement défavorable au développement des hébergements touristiques à Paris :

Reste que si la disparition de logements et de commerces de proximité au profit de locations meublées de type Airbnb est réelle, le succès de ces plateformes dit bien quelque chose des besoins des touristes auxquels l’hôtellerie traditionnelle n’a pas (encore) été en mesure de répondre. L’urbanisme de demain devra accompagner ces mutations du secteur tout en préservant les autres usages.

Alice Le Néel, Avocate Barreau de Paris

[1Article L153-11 du Code de l’urbanisme.

[2CE 12 novembre 2007, n° 281345 ; CAA Marseille, 12 mars 2015, n° 13MA01619 ; CAA Lyon 2 août 2016, n° 15LY00981.

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