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![]() Sélection week-end : Une « folie » architecturale de la fin du XIXe siècle renaît de ses cendre, le Château Laurens.
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Parution : samedi 24 juin 2023
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Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Fleuron du patrimoine agathois (Agde), située au bord de la Méditerranée, à la rencontre du fleuve Hérault et du canal du Midi, la demeure d’Emmanuel Laurens est le reflet de la personnalité inclassable de son créateur. Entre romantisme et modernisme, il partageait avec Pierre Loti, la tentation du voyage et des escales exotiques, dont leurs demeures aux décors colorés et abondants sont l’illustration.
Ce goût pour l’Orient, se double d’un engouement pour l’Art nouveau qui illustre l’extraordinaire lien qu’Emmanuel Laurens entretenait avec les artistes de son temps. Architecture éclectique dans un cadre enchanteur, le château Laurens construit à l’aube du XXe siècle est l’illustration d’un mode de vie exceptionnel, où se conjuguent luxe éclatant et savoir-vivre. Tel un palais des mille et une nuits, cette maison-monde est une invitation aux voyages hors du temps et de l’espace.
Emmanuel Laurens n’a rien laissé au hasard dans la réalisation de sa somptueuse demeure et a poussé le souci du détail et du raffinement à son apogée, en s’entourant d’artistes de renom de l’époque. Il s’est ainsi assuré la collaboration d’un des architectes les plus en vue de Montpellier, Jacques Février et d’un décorateur et ensemblier du crû, Paul Arnaveilhe, qui réalisa de nombreuses pièces de mobilier en collaboration avec l’artiste Léon Cauvy. C’est à eux qu’Emmanuel Laurens commande en 1898 l’exceptionnel mobilier Art nouveau du château Laurens.
La demeure d’Emmanuel Laurens est un exemple remarquable de l’architecture éclectique de la fin du XIXe siècle, à la fois château des temps modernes et villa antiquisante. Le monument prend place dans le cadre idyllique du domaine de Belle- Isle, jardin paysagé composé d’allées serpentines bordées d’essences méditerranéennes.
La silhouette du château se reflète dans le miroir d’une grande pièce d’eau entourée de grands arbres au port retombant. Au gré des saisons, ce cadre enchanteur s’anime des corbeilles de capucines, de roses et de pavots agencées sur la grande pelouse s’étendant devant la bâtisse.
Contrairement à de nombreux monuments, le château n’a subi au XXe siècle aucune transformation significative : il a conservé ses dispositions d’origine, ainsi que sa parure décorative, qui constitue l’intérêt majeur de l’édifice.
Deux types de décors se distinguent : celui du château proprement dit et celui de l’appartement privé d’Emmanuel Laurens. Le premier évoque une villa antique « théâtralisée » traitée en polychromie.
Les pièces de l’appartement elles, sont éclairées par une lumière naturelle filtrée par de grandes baies ornées des vitraux multicolores commandés au décorateur parisien Eugène Martial Simas, auteur de décors pour des brasseries comme Mollard à Paris.
À ce décor répondait un mobilier oriental, souvenir des voyages d’Emmanuel Laurens. Dans une scénographie complexe, porcelaines japonaises, brûle-parfum chinois, amphores arabo- andalouses, tabourets néo-syriens, tapis persans, textiles d’Ouzbékistan, tentures ottomanes et céramiques indochinoises composaient un décor fastueux dont témoignent des photographies anciennes.
Parfois, ce goût oriental fusionne avec le modernisme catalan, comme dans deux pièces d’exception, le salon de musique et le laboratoire. Frises égyptiennes à motifs de cobras ou d’Anubis et vitraux à disques solaires se marient avec de grandes baies en arc parabolique dérivées de l’architecture Art nouveau de la Catalogne. Dans le laboratoire, cette référence s’exprime également dans le plafond et le monumental plan de travail, traités en surprenantes écailles en stuc couleur ocre.
La richesse et le jeu des matières et des formes de l’appartement privé se retrouvent dans l’exceptionnelle salle de bains, l’un des rares ensembles réalisés à l’extrême fin du 19e siècle à être conservé toujours in situ.
Après 6 ans de rénovation, sous l’égide de la ville d’Agde et de la Région Occitanie, l’enjeu résidait donc dans la restitution de l’ambiance de l’époque des Laurens, dans un style atypique avec des jardins de la Belle Époque, pari gagné ! A découvrir sans modération !
Château Laurens, avenue Raymond Pitet, 34300 Agde
www.chateau-laurens.fr
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