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Responsabilité du fait d’une chose : anormalité d’un sol couvert de verglas. Par Gérard Daumas, Avocat.
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Parution : mardi 17 octobre 2023
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La responsabilité du fait d’une chose prévue à l’article 1242 est un principe général qui permet d’engager la responsabilité de son gardien.
Le rôle actif de la chose dans la réalisation du dommage doit être démontré :
Le 15 juin 2023 la Cour de cassation confirme que le verglas constitue une anormalité suffisante pour considérer le sol comme instrument du dommage permettant ainsi d’engager la responsabilité de son propriétaire en sa qualité de gardien.
Une réception a lieu dans l’enceinte d’une société et l’une des convives glisse sur un sol enneigé et verglacé.
La cour d’appel avait retenue la responsabilité de la société propriétaire du sol de la réception.
Elle estime que la présence de verglas caractérise un état dangereux suffisant pour retenir l’anormalité du sol.
Ce raisonnement sera confirmé en Cassation qui estime qu’il est établi que « le sol dont la société était gardienne recourt de neige verglacée, présentait un état de dangerosité anormal au regard de sa destination ».
Les moyens du pourvoi rejetés :
Mais la jurisprudence est constante sur ce point depuis 1989 : le gardien d’un sol devient gardien du verglas « par accession ».
Si le gardien d’une chose a pu être exonéré de sa responsabilité en prouvant un transfert de la garde, dans les cas où « l’usage, la direction et le contrôle de la chose » appartenaient à la victime au moment du dommage.
Tel ne fut pas le cas en l’espèce puisque la victime qui a utilisé le passage n’en a jamais eu la direction ni le contrôle.
Les juges de cassation qui avaient pu être réceptifs à une telle argumentation, refusaient l’engagement de la responsabilité du gardien d’un sol d’une cour recouverte de verglas si la victime de démontrait pas l’anormalité de la chose inerte.
Mais en l’espèce les juges retiennent que le fait anormal du sol du passage piéton est démontré puisque « non déneigé, glissant et impropre à sa finalité ».
En conclusion :
La neige verglacée peut caractériser l’anormalité d’un sol et peut donc permettre d’engager la responsabilité de son gardien.
Les conditions de la responsabilité du fait des choses sont d’une particulière complexité.
Gérard Daumas Avocat au Barreau de Marseille Cabinet Daumas WilsonCet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).