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![]() "L’aide à autrui est au cœur même du serment d’avocat". Interview de Noanne Tenneson pour l’AADH.
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Parution : vendredi 1er mars 2024
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Officiellement créée en 2009 mais née en 2008 de la rencontre entre François Zimeray, Ambassadeur pour les Droits de l’Homme auprès du Ministère des Affaires Étrangères et de Noanne Tenneson, ancienne avocate, c’est bien d’une association d’avocats avec déjà 15 ans d’expérience dont nous parlons ici.
Son spectre d’action en est le reflet : de la simple réponse à une question juridique à la formation, de la coopération européenne à la collaboration avec plusieurs ONG...
Le Village de la Justice s’est entretenu avec sa fondatrice et désormais Directrice générale Noanne Tenneson sur l’action de "l’Alliance".
Village de la Justice : Comment agissez-vous concrètement ?
Noanne Tenneson : « L’AADH (ci-après l’Alliance) met en relation ses 150 ONG "Partenaires" [1], qui nous transmettent leurs besoins juridiques, avec nos 41 cabinets d’avocats membres [2] afin qu’ils puissent répondre à ces besoins. Nous envoyons les demandes des associations aux avocats, qui se portent volontaires par retour de courriels.
Nous attribuons le dossier en fonction des situations et compétences requises. Les dossiers dits "sensibles" pour lesquels nombre des cabinets membres sont en conflit d’intérêts répondent à une procédure distincte permettant de préserver les intérêts de nos ONG Partenaires. L’Alliance reçoit en moyenne 300 demandes d’aides par an, couvrant tous les domaines de compétences (droit fiscal, droit social, droit international pénal, etc.) ainsi que tous les sujets (environnement, femmes, populations autochtones, enfants, etc.). »
V.J : Quels sont vos “chevaux de bataille” principaux ?
N.T : « Nous sommes particulièrement engagés pour la protection de l’enfance, à travers la gestion des requêtes de nos ONG de protection de l’enfance ou via l’intervention des avocats dans nos programmes.
Concrètement, les avocats, toujours sur la base d’un volontariat, peuvent :
A titre d’illustration, dans le cadre du programme "Enfance Précarité Zéro" (aide aux Mineurs Non Accompagnés, ci-après MNA), nous formons en interne nos avocats sur l’asile et les titres de séjour et accompagnons 200 mineurs par an dans leurs procédures de régularisation (demande d’asile, de titres de séjours, accompagnement en préfecture, devant l’OFPRA, devant la CNDA...).
Les avocats peuvent également s’investir aux côtés de leurs clients : ils peuvent travailler avec des juristes et salariés d’entreprises sur des ateliers de droit social, pendant lesquels ils sensibilisent les MNA sur leurs droits et obligations vis-à-vis de leurs employeurs. L’AADH organise également des simulations d’entretiens d’embauche à destination des jeunes, afin qu’ils se préparent à leur entrée sur le marché du travail. Des ateliers de sensibilisation au droit pénal existent également.
V.J : Quelle collaboration à l’internationale (ONG, autres associations) avez-vous mise en place ?
N.T : « L’Alliance a établi de nombreux partenariats à l’international, avec :
V.J : Avocats et pro bono, est-ce une évidence, une valeur intrinsèque à la profession ?
N.T : « Le "pro bono publico" (expression originelle signifiant "pour le bien public") qui désigne le travail réalisé à titre gracieux par des avocats au profit des ONG et des plus démunis a de tout temps existé au sein de la profession d’avocat mais s’est métamorphosé au fil du temps. Rappelons d’ailleurs que l’aide à autrui est au cœur même du serment d’avocat qui rappelle que parmi les devoirs de ces derniers, figure celui "d’exercer... ses fonctions avec humanité".
Si les avocats français l’ont de tout temps et depuis toujours intégré dans leur exercice, et pour certains "quasi quotidiennement", le pro bono a changé de visage avec les cabinets anglo-saxons qui l’ont élevé au rang de "devoir", valorisé et intégré dans leur politique interne. C’est ainsi, qu’aujourd’hui, les collaborateurs.rices de certains cabinets se doivent d’assurer un minimum de 150 heures de pro bono par an.
Le barreau de New York exige l’accomplissement de 50h de pro bono pour valider le diplôme. Depuis peu, le pro bono élargit encore son spectre en trouvant écho au sein des entreprises et se confond parfois avec le mécénat de compétences dans l’enceinte de la RSE et/ou de l’ESG. Il dépasse ainsi le cadre de la profession et s’inscrit dans un mouvement plus global de responsabilisation et d’implication individuelle face aux nouveaux défis sociétaux et environnementaux. Nous ne pouvons que nous en féliciter. »
Interview de Noanne Tenneson par Nathalie Hantz, Rédaction du Village de la Justice[1] Les ONG qui souhaitent bénéficier des conseils juridiques gracieux de notre réseau d’avocats doivent soumettre préalablement leur candidature en nous communiquant un certain nombre de pièces justificatives (statuts, publication au JO, dernier rapport d’activité et financier...) qui seront transmises à notre Conseil d’administration composé de 15 administrateurs* incluant le.la Bâtonnière en exercice qui est de plein droit Président.e d’honneur ( *+2 administrateurs suppléants : les cabinets Reed Smith et White & Case ont opté pour l’option statutaire de deux administrateurs). Un entretien téléphonique ou en visio avec les représentants de l’ONG candidate est assuré par le personnel de l’AADH.
[2] 41 cabinets d’avocats membres : se côtoient des cabinets d’affaires internationaux (Gide, Allen & Overy, Skadden, Dentons, Reed Smith, White & Case, Hogan Lovells, Orrick, Morgan Lewis, Paul Hastings...), des cabinets français de taille plus modeste et des avocats (majoritairement pénalistes) en exercice individuel. La coopération d’avocats d’affaires et de pénalistes nécessitée sur certains des dossiers et la transversalité des connaissances consécutive est une des forces de l’Alliance.
[3] Constitution de partie civile
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