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Registre National des Entreprises (RNE), les précisions apportées par le décret du 17 octobre 2023. Par Nicolas Milinkiewicz, Avocat.
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Parution : lundi 8 janvier 2024
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Les difficultés liées au Registre national des entreprises (dit « RNE ») et au Guichet unique occupent le quotidien des praticiens depuis de nombreux mois. Un nouvel épisode de cette véritable « saga » est intervenu par la publication du décret n° 2023-955 du 17 octobre 2023 relatif au Registre national des entreprises et à certaines formalités qui leur sont applicables.
D’entrée en vigueur immédiate, ce décret a pour objet « la complétude et la rectification du Registre national des entreprises ».
Le décret concerne successivement plusieurs formalités principalement accomplies auprès du RNE et apporte certaines précisions pour la réalisation de celles-ci.
Tour d’horizon de ces ajouts.
La loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE, avait notamment pour objectif la simplification des formalités d’entreprises [1] ainsi que la création d’un registre unique pour les sociétés françaises.
Dans ce cadre, depuis le 1er janvier 2023 a été créé « un registre national des entreprises, auquel s’immatriculent les entreprises exerçant sur le territoire français une activité de nature commerciale, artisanale, agricole ou indépendante » [2].
Ce registre, totalement dématérialisé, qui est tenu par l’INPI, avait vocation à se substituer à l’ensemble des registres existants [3]. Il est ici à noter que dans les faits, il cohabite toujours avec d’autres registres « accessoires » (notamment le registre du commerce et des sociétés ou le registre spécial des agents commerciaux).
Le RNE concerne et répertorie les informations relatives à toutes les entreprises exerçant sur le territoire français (sauf Polynésie française, Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna), que leur activité soit de nature commerciale, artisanale, agricole ou indépendante.
Les données renseignées par les déclarants lors des formalités via le Guichet unique [4] alimentent automatiquement ce registre national [5].
Le décret n° 2023-955 du 17 octobre 2023 crée deux nouvelles obligations à la charge des déclarants :
Certaines informations sont manquantes au RNE, entre autres parce qu’elles n’existaient pas dans les autres registres, et devront être renseignées par les déclarants.
Ces informations contradictoires entre le RNE et les autres registres peuvent notamment s’expliquer par le fait que certaines données n’ont pas été mises à jour dans le RNE par rapport à celles figurant sur d’autres registres.
Dès lors, la charge de la mise à jour du RNE pèse désormais sur les déclarants, les obligeant à la réalisation de formalités supplémentaires.
Le décret ne prévoit pas de délai ni de sanction pour cette mise à jour du RNE par le déclarant, mais elle sera un préalable à toutes formalités. Enfin, il convient de préciser que les formalités issues de ces nouvelles obligations seront gratuites.
Dans la pratique, les praticiens rencontrent des difficultés avec ces formalités de correction.
Le décret vise des situations applicables aux entreprises qui exercent une activité artisanale réglementée [6] ou une activité de transport fluvial de marchandises [7].
Plus particulièrement est concernée la situation où une entreprise exerce une double activité, commerciale et artisanale, et a donc une obligation d’immatriculation dans les deux registres que sont le RCS (au titre de son activité commerciale) et le RNE (pour son activité artisanale réglementée ou son activité de transport fluvial - en lieu et place de l’ancien répertoire des métiers qui lui a bien été absorbé par le RNE).
Désormais, à l’occasion d’une immatriculation ou d’une modification, le greffier inscrit au sein du registre du commerce et des sociétés l’activité (activité artisanale réglementée ou activité de transport fluvial) que l’entreprise concernée déclare exercer.
A l’issue d’un délai d’un mois suivant cette inscription, il procède à la consultation des informations relatives à cette entreprise au sein du RNE, afin de vérifier que l’activité en question ait été validée par le président de la chambre de métiers et de l’artisanat compétent.
Lorsque le greffier constate que l’activité artisanale réglementée ou l’activité de transport fluvial n’a pas été validée dans le RNE, par le président de la chambre de métiers et de l’artisanat compétent, il procède d’office à la suppression de la mention de cette activité dans le registre du commerce et des sociétés et en avise la personne immatriculée. Dans le cas où cette activité supprimée est la seule à être exercée par une personne morale, celle-ci demeure inscrite au registre du commerce et des sociétés sans activité.
Rappelons également que pour l’exercice d’une activité artisanale réglementée, lorsque la personne immatriculée s’est engagée à recruter un salarié qualifié professionnellement, une copie du contrat de travail et des pièces justifiant de la qualification du salarié doit être remise au plus tard dans le délai de trois mois à compter de l’immatriculation de l’entreprise [8]. Désormais, le décret prévoit que, jusqu’à cette transmission, l’activité est inscrite au RNE avec la mention « sous condition d’embauche d’un salarié qualifié ».
Enfin, classiquement, lorsqu’un artisan immatriculé au RNE ne remplissait plus les conditions pour bénéficier de la mention « entreprise du secteur des métiers et de l’artisanat » [9], il pouvait en demander la suppression via le Guichet unique. Si la demande de suppression était justifiée par la perte de la qualification professionnelle et qu’aucune autre activité n’était exercée dans l’entreprise, cette demande valait demande de radiation. Désormais, et en application du décret du 17 octobre 2023, cette demande vaut cessation totale d’activité.
Traditionnellement, les groupements non dotés de la personnalité juridique ne faisaient l’objet d’aucune inscription sur un registre.
Depuis le décret n° 2023-955 du 17 octobre 2023, lorsqu’elles exercent une activité de nature commerciale, artisanale, agricole ou indépendante sous la forme d’un groupement non doté de la personnalité juridique, les personnes physiques ou morales le composant peuvent solliciter son inscription au Registre national des entreprises via le Guichet unique.
Cette nouvelle possibilité, qui est facultative, concerne uniquement la société créée de fait, la société en participation ou l’indivision.
Le décret énumère les éléments qui devront figurer dans la déclaration d’inscription :
Le décret du 17 octobre 2023 prévoit d’autres particularités :
Cette formalité revêt un caractère obligatoire.
Désormais, depuis le décret du 17 octobre, les inscriptions d’informations et les dépôts de pièces qui ne sont pas validés sont identifiés par une mention indiquant leur caractère déclaratif ou issu de la reprise d’un registre d’entreprises existant ou supprimé.
[1] Il y avait alors différents moyens de réaliser des formalités et une diversité de Cerfa.
[2] Article L123-36 du Code de commerce.
[3] Le RNE s’est notamment substitué au répertoire des métiers et le registre des actifs agricoles.
[4] Le Guichet unique également géré par l’INPI, est une plateforme sur laquelle toutes les entreprises seront tenues, à partir du 1er janvier 2023, de déclarer les événements les concernant (création, modifications ou cessation).
[5] Consultable gratuitement sur le site https://data.inpi.fr
[6] C’est-à-dire une activité mentionnée à l’article L121-1 du Code de l’artisanat.
[7] Visée à l’article R421-3 du Code des transports.
[8] Article R123-279, 3° du Code de commerce.
[9] Article L123-46 du Code de l’artisanat.
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