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Hébergement : l’information d’OVH sur la localisation du serveur de sauvegarde a-t-elle valeur contractuelle ? Par Claudia Weber, Avocat et Jean-Baptiste Olivo, Juriste Stagiaire.
Parution : lundi 4 mars 2024
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OVH une nouvelle fois condamné à indemniser un client pour la perte des données dans l’incendie !

Un jugement du Tribunal de commerce de Lille, le 9 mars 2023, vient de condamner une seconde fois OVH pour la perte des données consécutive à l’incendie intervenue sur son site de Strasbourg.

Le prestataire Cloud a commis plusieurs fautes, notamment celle d’avoir communiqué une information erronée sur la localisation des serveurs à son client.

Que s’est-il passé ?

La société Bluepad (ci-après le « client ») est un éditeur de logiciel SaaS qui a conclu avec OVH :

L’espace client de OVH mentionnait bien que les deux serveurs étaient situés dans deux bâtiments distincts. En outre, lors de la souscription du client, un document de tests de conformité lui avait été communiqué et confirmait la localisation desdits serveurs.

Dans la nuit du 9 au 10 mars 2021, un incendie se déclare dans les datacenters d’OVH situés à Strasbourg. Par la suite, OVH informe le client que les serveurs étaient en réalité localisés dans le même bâtiment « SBG2 », intégralement détruit dans l’incendie, et qu’il lui sera impossible de récupérer ses données.

Le client considère que OVH a commis une faute en communiquant des informations erronées. Ce dernier assigne alors OVH devant le Tribunal de commerce de Lille afin d’obtenir la réparation de son préjudice.

La solution du Tribunal de commerce de Lille.

1/ Sur la localisation des serveurs et la faute commise par OVH.

Le tribunal relève que OVH a commis une faute dans la localisation du serveur communiquée à son client. Dès lors, le client peut engager la responsabilité d’OVH.

2/ Sur la restitution des données du serveur par OVH.

Les juges retiennent que OVH a commis une seconde faute en « remettant en service le second serveur un mois après avoir annoncé à son client qu’il avait brûlé dans l’incendie, sans l’accord et sans avertir ce dernier ».

3/ Sur la clause d’exclusion pour cas de force majeure.

4/ Sur les préjudices et la clause de limitation de responsabilité du contrat OVH.

Ainsi, le tribunal considère que OVH ne peut pas limiter sa responsabilité car cette clause doit être réputée non écrite. Le client est donc fondé à demander à être indemnisé de manière intégrale.

En conséquence, après avoir écarté l’application de la clause de limitation de responsabilité, le tribunal de commerce condamne OVH à indemniser Bluepad à hauteur de 144 836,69 euros.

Que faut-il retenir ?

Claudia Weber, avocat associé au barreau de Paris et Jean-Baptiste Olivo, juriste stagiaire Itlaw Avocats www.itlaw.fr

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