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Entrée en vigueur du DMA : TikTok peut-il y échapper ? Par Claudia Weber, Avocat et Tasha Bhojwani, Juriste-Stagiaire.
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Parution : lundi 25 mars 2024
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Le 9 février 2024 à Luxembourg, le Tribunal de l’UE, a rejeté la demande de la société ByteDance d’échapper à la qualification de « contrôleur d’accès ». Le tribunal considère que TikTok ne subit pas de préjudice grave permettant d’y échapper. Ainsi, la société devra se conformer à la nouvelle règlementation européenne.
Le 5 septembre 2023, la Commission européenne a désigné ByteDance comme contrôleur d’accès (dit « gatekeeper ») au sens du règlement sur les marchés numériques (Digital Markets Act).
Cela signifie que ByteDance, à travers son service de plateforme TikTok, est considéré comme un passage obligé pour accéder aux avantages que confère Internet.
Aujourd’hui, ces contrôleurs d’accès sont au nombre de six : Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta et Microsoft. Ils seront soumis à des règlementations particulières plus restrictives que les autres plus petits services d’Internet.
Dès novembre 2023, la société conteste la nomination de la Commission européenne par l’introduction d’un recours en annulation contre cette décision. Le Tribunal de Luxembourg saisi le 9 février 2024, rejette la demande de la société.
Cette décision intervient après une procédure de référé, qui consiste en une procédure accélérée impliquant que ByteDance doit apporter la preuve de l’urgence : pour que la demande aboutisse, la société doit prouver que l’attente d’une procédure de fond classique entraînerait un « préjudice grave et irréparable ». C’est justement ce que le tribunal lui reproche de ne pas avoir su démontrer.
ByteDance soutenait qu’il existe un risque de divulgation d’informations confidentielles sur les pratiques de profilage de TikTok. Selon son argumentation, l’application des dispositions d’audit du DMA (Article 15) entraînerait la communication des informations sur les stratégies commerciales de l’entreprise, ce qui confèrerait aux concurrents un avantage concurrentiel déloyal et pourrait faire l’objet d’abus de tiers.
Le tribunal relève que :
Ainsi, ces considérations d’ordre financières ne suffisent pas selon le tribunal pour caractériser un préjudice grave et irréparable car la viabilité financière de l’entreprise n’est aucunement mise en péril.
Finalement, selon le président du tribunal, ByteDance n’a pas réussi à démontrer ni l’existence d’un risque réel de divulgation d’information, ni que celui-ci engendrerait un préjudice grave et irréparable, ni le caractère urgent de la demande.
A noter, ce jugement en référé n’est pas définitif : le tribunal devra se prononcer dans le cadre d’une procédure au fond.
Claudia Weber, Avocat associé et Tasha Bhojwani, Juriste stagiaire Itlaw Avocats www.itlaw.frCet article est protégé par les droits d'auteur pour toute réutilisation ou diffusion, plus d'infos dans nos mentions légales ( https://www.village-justice.com/articles/Mentions-legales,16300.html#droits ).